Nassim Ben Khalifa, 18 ans et des rêves plein la tête

J'ai vraiment
confiance en moi et je compte bien réussir là-bas

Nassim Ben Khalifa

Certains
diront qu'il brûle les étapes, d'autres que la valeur n'attend pas
le nombre des années. Qu'importe, Nassim Ben Khalifa a choisi,
seul. A 18 ans (il est né le 13 janvier 1992), l'attaquant de
Grasshopper va quitter la Super League en juin pour Wolfsburg. En
Allemagne, ce champion du monde M17 se réjouit de goûter à la
ferveur que suscite la Bundesliga, loin des travées vides du
Letzigrund...



D'origine tunisienne, Ben Khalifa a grandi à Prangins/VD et a
connu une fulgurante ascension. Junior du Stade Nyonnais puis de
Gland, il passera par le centre sport-études du Lausanne-Sport
avant de signer son premier contrat pro en 2008 avec GC.
Binational, il a porté les différents maillots de l'équipe de
Suisse juniors jusqu'à faire partie des premiers champions du monde
à croix blanche de l'histoire. C'était le 15 novembre 2009 au
Nigeria. Un exploit qui lui a ouvert en grand les portes de
l'Europe.



Pour "tsrsport.ch", Ben Khalifa parle de son choix, de ses
espoirs. Tout juste majeur, le chasseur de buts a la tête bien
posée sur les épaules. Et sait où il veut aller. Interview.

La confiance de Ciriaco Sforza

tsrsport.ch:

- Depuis votre titre de champion
du monde M17, vous jouez régulièrement avec Grasshopper. Quels sont
vos rapports avec Ciriaco Sforza?

NASSIM BEN KHALIFA:

C'est un excellent
entraîneur. Pour lui, l'âge du joueur n'a aucune importance. C'est
extraordinaire de pouvoir travailler avec quelqu'un qui pense comme
ça. Tant que sur le terrain tu montres quelque chose, tu joues. Il
me fait confiance et me fait rentrer en jeu à chaque match
(ndlr: titularisé jeudi face à Xamax, il a inscrit son 4e but
de la saison).

tsrsport.ch:

- Joueur, Sforza était une star
en Allemagne. Depuis l'annonce de votre départ à Wolfsburg, vous
a-t-il donné des conseils?

NASSIM BEN KHALIFA:

Pas spécialement, non. Mais
même s'il ne me parle pas vraiment de mon avenir, il a accepté ma
décision et respecté mon choix.

tsrsport.ch:

- Pourquoi avoir choisi
l'Allemagne?

NASSIM BEN KHALIFA:

Parmi toutes les propositions
que j'ai eues, c'est à Wolfsburg qu'on m'offrait les meilleures
perspectives pour me développer et m'imposer.

tsrsport.ch:

- Vous allez rejoindre les deux
portiers suisses Benaglio et Hitz à Wolfsburg. Vous leur avez déjà
parlé?

NASSIM BEN KHALIFA:

Non. Je n'ai pas encore eu
l'occasion de faire leur connaissance. Je n'ai d'ailleurs pas de
relations avec les joueurs ou l'entraîneur de l'équipe de Suisse
A.

"Seferovic côtoie des grands joueurs à la Fiorentina"

tsrsport.ch:

- Que
répondez-vous aux nombreuses personnes qui estiment que vous partez
trop tôt à l'étranger?

NASSIM BEN KHALIFA:

On me parle souvent de ceux
qui sont partis au même âge que moi et qui ont échoué. Mais ils
n'avaient peut-être tout simplement pas le niveau. On est tous
différents, ce n'est pas une question d'âge. J'ai vraiment
confiance en moi et je compte bien réussir là-bas.

tsrsport.ch:

- A ce propos, avez-vous des
nouvelles de votre compère d'attaque en équipe de Suisse, Haris
Seferovic, parti cet hiver à la Fiorentina?

NASSIM BEN KHALIFA:

Oui. Il fait partie du
contingent de la 1ère équipe et s'entraîne tous les jours avec de
grands joueurs. Il est vraiment très content et tout se passe bien
pour lui.

tsrsport.ch:

- La Bundesliga jouit d'une cote
de popularité incroyable et les stades sont pleins. Vous devez vous
réjouir d'aller découvrir cet univers...

NASSIM BEN KHALIFA:

Je suis très content d'aller
jouer dans un pays où les gens sont des passionnés de foot. Quand
on voit le Letzigrund et nos 3000 supporters, ça fait parfois mal,
c'est clair.

Des soucis avec le "schwitzerdütsch"

Je suis très content
d'aller jouer dans un pays où les gens sont des passionnés de foot

Nassim Ben Khalifa

tsrsport.ch:

- Chapuisat, Frei, Streller et
maintenant Bunjaku et Derdiyok. Autant d'attaquants suisses qui
marquent ou qui ont marqué beaucoup de goals en Allemagne. La
Bundesliga est-elle calibrée pour les buteurs suisses?

NASSIM BEN KHALIFA:

A mon avis, c'est d'abord une
question géographique et d'absence de barrière de langue pour les
joueurs alémaniques. De plus, c'est un championnat très attractif
où il y a beaucoup d'espaces pour les attaquants. Contrairement à
la France, par exemple, où il se marque beaucoup moins de
buts.

tsrsport.ch:

- Vous vous débrouillez bien en
allemand?

NASSIM BEN KHALIFA:

Je progresse. L'avantage, à
Zurich, c'est que je suis obligé d'apprendre. Ils n'aiment pas trop
pratiquer le français par ici. Le problème c'est qu'ils ne me
comprennent pas quand je parle en allemand et je ne les comprends
pas quand ils parlent en suisse allemand... Quand je vais à
Wolfsburg, j'ai l'impression que mes oreilles se nettoient!

tsrsport.ch:

- Comment avez-vous préparé
votre départ pour l'Allemagne. Tout est prêt?

NASSIM BEN KHALIFA:

Je n'ai aucun souci à avoir.
Je vais être accueilli de la meilleure manière possible. Mes
parents m'accompagneront certainement et resteront peut-être les
premiers jours avec moi. On verra, on a le temps. Pour l'heure, je
me concentre sur la fin du championnat avec GC. On veut conserver
notre 3e place et ça va vraiment être dur.

Il parie sur un titre de Young Boys

tsrsport.ch: - Vous avez été sèchement battus
4-0 le week-end dernier par YB. Pensez-vous que les Bernois
décrocheront le titre?



NASSIM BEN KHALIFA: Oui. Pour moi il n'y a pas de
doute. Offensivement, ils ont de très bons arguments, à l'instar de
Doumbia, qui nous a fait très mal. Ils sont redoutables en
contre-attaque et nous étaient aussi supérieurs physiquement. Ils
seront champions.



tsrsport.ch: - Vous avez signé pour quatre
ans à Wolfsburg et aurez donc 22 ans au terme de votre contrat.
Idéalement, comment vous imaginez-vous à ce moment là?



NASSIM BEN KHALIFA: Ce qui compte c'est de jouer.
J'espère avoir disputé un maximum de matches en tant que titulaire
et réalisé un maximum de progrès pour atteindre le haut niveau. Que
ce soit à Wolfsburg ou ailleurs.



tsrsport.ch: - En 2014, la Coupe du monde
aura lieu dans le pays du football, le Brésil. Avec Ben Khalifa à
la pointe de l'attaque de l'équipe de Suisse?



NASSIM BEN KHALIFA: Si ma marge de progression
est suffisante, tout arrivera en même temps: l'équipe nationale,
les grands clubs... Mais je ne peux pas encore avoir ce genre de
projets. Tout dépendra de moi, de mon développement.



Propos recueillis par Gérald Golay