A bientôt 35 ans (il est né le 31.10.75), Fabio Celestini est
sur le point de boucler la boucle, de revenir dans son club de
coeur, le Lausanne-Sport, pour vivre le dernier chapitre d'une
carrière remarquable. Parti à l'étranger en 2000, l'ancien junior
de Renens a porté les maillots de Troyes et de Marseille avant de
goûter à la Liga espagnole à Levante puis à Getafe, qu'il s'apprête
à quitter.
Futur dirigeant du LS, Celestini se réjouit de porter à nouveau ce
maillot sous lequel il a débuté sa carrière et remporté deux Coupes
en 1998 et 1999. «Je ne serais revenu pour aucun autre club en
Suisse», glisse le futur milieu de terrain du club vaudois,
qui, cerise sur le gâteau, pourra jouer en Europe League grâce aux
exploits du LS en Coupe.
Pour tsrsport.ch, Celestini jette un coup d'oeil dans le
rétroviseur pour évoquer sa carrière. Il parle aussi de son avenir
dans les bureaux du LS, de la finale du 9 mai et de l'équipe de
Suisse. Interview.
La Coupe d'Europe comme cadeau de bienvenue
tsrsport.ch:
Vous allez terminer votre
carrière sportive au LS. Vous aviez toujours prévu cet
épilogue?
FABIO CELESTINI:
Je l'avais dans la tête mais on
ne sait jamais ce qui peut se passer. J'ai toujours voulu finir ma
carrière dans le club où je l'avais commencée. Mais il fallait
trouver le bon moment.
tsrsport.ch:
Vous êtes régulièrement
titulaire à Getafe cette saison. Vous ne regrettez pas de quitter
la Liga en pleine possession de vos moyens?
FABIO CELESTINI:
C'est vrai que j'ai la chance de
jouer tous les week-end et d'avoir la confiance de l'entraîneur.
Mais, à 34 ans, outre la peur de faire la saison de trop, je
réalise aussi que c'est de plus en plus dur physiquement d'obtenir
sa place en Liga.
tsrsport.ch:
Votre famille est déjà rentrée
en Suisse. La séparation n'est-elle pas trop dure à
vivre?
FABIO CELESTINI:
C'est justement une des raisons
qui me pousse à revenir. Ma décision est davantage familiale que
sportive. Cela fait bientôt 15 ans que je donne la priorité à ma
carrière alors je crois que le moment est venu de donner la
priorité à ma famille.
tsrsport.ch:
Finaliste de la Coupe de Suisse,
le LS jouera l'Europa League cet été. Un joli cadeau de
bienvenue!
FABIO CELESTINI:
C'est clair que c'est une
agréable surprise. C'est génial. Mais il faut rester réaliste sur
le potentiel de l'équipe et le niveau de la Challenge League à
l'échelle européenne. Mais cela reste un magnifique cadeau pour le
club, pour les joueurs et surtout pour les supporters. On jouera 2,
4 voire 6 matches. Il faudra les jouer à fond mais ne pas se
focaliser dessus.
Les conseils aux joueurs avant la finale de Coupe
Si on n'arrive pas à
avoir 15'000 Vaudois à Bâle, il y a un problème!
Fabio Celestini
tsrsport.ch:
Depuis l'Espagne, comment
avez-vous suivi les exploits du LS à YB en quart de finale et à
Saint-Gall en demi-finale?
FABIO CELESTINI:
J'ai suivi ça grâce à internet
et j'ai des contacts réguliers avec le président Jean-François
Collet. Disons que je suis le LS de loin mais de près. Même si cela
reste superficiel.
tsrsport.ch:
Vous pensez que le LS peut aller
au bout du rêve et soulever la Coupe de Suisse?
FABIO CELESTINI:
Quand on bat YB et Saint-Gall à
l'extérieur, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas aller
battre Bâle sur son terrain. Aujourd'hui, il faut rêver. Après tout
le chemin qui a été fait, ce serait dommage de ne pas y croire et
de ne pas jouer le coup à fond.
tsrsport.ch:
Vous avez disputé trois finales
avec Lausanne (ndlr : 98, 99 et 2000) et soulevé deux fois la
Coupe. Qu'avez-vous envie de dire aux joueurs?
FABIO CELESTINI:
Qu'ils essaient de profiter du
moment. Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont cette chance. De
croire en eux et de faire pareil qu'à YB et St-Gall. Je ne pense
pas qu'il y ait une énorme différence entre ces matches et celui de
Bâle, mis à part le fait qu'il peut y avoir quelque chose de
fantastique au bout. Du matin du match jusqu'au soir, ils vont
vivre des moments magiques. Ils doivent jouer de manière libérée et
profiter. Il serait dommage de céder à la pression et de perdre
cette finale sans la jouer. Quoi qu'il arrive, l'équipe restera
dans l'histoire du club comme celle qui a joué la finale alors
qu'elle évoluait en Challenge League.
tsrsport.ch:
Lausanne a reçu environ 15'000
billets pour la finale. A ce jour (ndlr: vendredi 30 avril) à peine
5000 billets ont trouvé preneur...
FABIO CELESTINI:
Si on n'arrive pas à avoir
15'000 Vaudois là-bas, il y a un problème! Si LS jouait chaque
année en Ligue des champions face au Real ou Manchester United, je
pourrais encore comprendre qu'une finale contre Bâle... bof. Je
veux bien que la Pontaise ne soit pas très accueillante et que
l'équipe ne présente pas le jeu que les gens attendent en
championnat. Mais là, quand on évolue en Challenge League et que
l'on peut aller jouer dans un stade aussi magnifique que celui de
Bâle pour aller soulever un trophée, ce serait incompréhensible et
dommage que les Vaudois ne se mobilisent pas davantage.
Objectif Super League!
tsrsport.ch:
Vous avez joué mais hélas perdu deux finales de Coupe d'Espagne
avec Getafe. L'intérêt pour la Coupe est-il le même qu'en
Suisse?
FABIO CELESTINI:
Pas vraiment avant les quarts ou
les demi-finales. A ce moment, on se met à rêver de jouer la finale
à Madrid devant la famille royale. J'ai eu la malchance de la
perdre deux fois. Mais ça reste des moments magiques.
tsrsport.ch:
Vous avez déclaré vouloir encore
jouer un ou deux ans avec le LS. C'est toujours
d'actualité?
FABIO CELESTINI:
Oui. Mais peut être aussi
seulement six mois. Cela a toujours été clair avec le président. Je
fais un cadeau au LS, mais si je vois que je manque de motivation
ou que mon état physique ne me permet pas d'apporter un plus à
l'équipe, j'arrêterai.
tsrsport.ch:
Vous rêvez d'une promotion en
Super League avant de raccrocher?
FABIO CELESTINI:
Dans l'idéal, j'aimerais monter,
jouer encore une saison en Super League et peut-être gagner la
Coupe de Suisse avant d'arrêter. Ce serait génial. Mais il est
aussi possible, suivant les résultats de l'équipe, que l'on décide
avec le président que je rentre déjà dans les bureaux en
décembre...
tsrsport.ch:
Le but des dirigeants du LS est
de rejoindre la Super League avant la construction du nouveau
stade...
FABIO CELESTINI:
On a quatre ans pour monter. Il
faut prendre notre temps, tout planifier, pour pouvoir être prêt à
arriver en Super League au niveau des structures et des finances.
C'est une chose de monter, mais ce serait horrible de redescendre
l'année d'après. Ce serait la pire chose qui pourrait arriver. Les
gens ne comprendraient pas.
tsrsport.ch:
Et quel sera votre rôle exact en
tant que dirigeant?
FABIO CELESTINI:
Je ferais partie de la
direction, surtout au niveau sportif. Le président m'a contacté
pour professionnaliser le club. Amener Lausanne à une autre
dimension, celle d'un club d'élite. Je m'impliquerai aussi dans le
projet du nouveau stade et je suivrai de près nos jeunes. Il y a
beaucoup de choses à faire et je suis prêt à amener mon expérience
dans tous les domaines.
Sevré de titre à l'étranger
Désormais les gens
savent situer Getafe sur la carte de l'Espagne
Fabio Celestini
tsrsport.ch:
Vous avez également échoué en
finale de la Coupe UEFA en 2004 avec Marseille. Finalement, vous
n'avez rien gagné à l'étranger...
FABIO CELESTINI:
J'étais parti dans l'idée de
gagner quelque chose mais à part la Coupe Intertoto avec Troyes,
qui n'est pas vraiment un titre, je n'ai rien remporté, c'est vrai.
Il faut dire que je n'ai jamais joué avec le Real Madrid ou
Manchester... Mais d'avoir réussi à atteindre la finale avec
Marseille après avoir battu l'Inter et Liverpool, c'était quelque
chose d'énorme. Comme de jouer deux finales de Coupe d'Espagne avec
Getafe, qui ne joue en Liga que depuis 6 ans.
tsrsport.ch:
Surtout qu'à Madrid, votre club
vit plutôt dans l'ombre des deux grandes équipes de la
capitale...
FABIO CELESTINI:
C'est clair que l'on côtoie des
institutions comme le Real et l'Atletico. Alors lorsque l'on va
deux fois en finale de Coupe de suite et que l'on dispute un quart
de finale de la Coupe UEFA, c'est exceptionnel. On est entré dans
l'histoire du club et désormais le gens savent situer Getafe sur la
carte de l'Espagne.
De Santiago Bernabeu à... Wohlen!
tsrsport.ch:
Vous allez quitter des stades comme le Camp Nou ou Santiago
Bernabeu pour jouer devant 500 spectateurs à Wohlen ou Kriens, ça
ne vous déprime pas?
FABIO CELESTINI:
C'est justement une des grandes
inconnues. A 34 ans, il y a une grande part de motivation qui fait
que votre corps réponde ou pas. Aujourd'hui, je suis tellement
excité de jouer contre le Real ou Valence, que j'arrive à oublier
les petits bobos. Il faudra voir comment je réagirai lorsqu'il
faudra affronter Wohlen. Mais le projet d'amener mon club de
toujours en Super League représente un challenge super-excitant. Et
le fait de porter à nouveau le maillot du LS et de rejouer à la
Pontaise, où j'ai vécu des moments exceptionnels pendant cinq ans,
sont de belles sources de motivation.
tsrsport.ch:
D'autres clubs suisses ont-ils
tenté de vous recruter ces dernières années?
FABIO CELESTINI:
Je ne serais pas revenu en
Suisse pour jouer ailleurs qu'au LS. J'ai eu à un moment donné des
contacts avec Neuchâtel et Sion. Mais dans ma situation actuelle,
en fin de contrat avec Getafe, il a toujours été clair que soit je
rentrais à Lausanne soit je continuais de jouer à l'étranger.
Propos recueillis par Gérald Golay
"J'ai toujours eu une relation compliquée avec la Nati"
tsrsport.ch: Avez-vous digéré votre non-sélection avec l'équipe de Suisse pour l'Euro 2008?
FABIO CELESTINI: Cela a été une déception énorme. J'étais revenu dans le groupe en pensant que les choses avaient changé mais ce n'était pas le cas. J'ai toujours eu une relation compliquée avec la sélection mais j'admets que c'est aussi de ma faute. L'équipe nationale m'a fait mûrir et j'y ai aussi connu de grands moments. Mais il y a eu aussi beaucoup de négatif. En résumé, je dirais que mon histoire en équipe nationale n'a pas été comme je l'aurais voulu et que mon histoire en clubs a été meilleure que ce que j'avais imaginé.
tsrsport.ch: Quelles sont les chances de l'équipe de Suisse en Afrique du Sud?
FABIO CELESTINI: Elle peut passer le 1er tour. Selon moi, elle battra le Honduras et jouera la 2e place contre le Chili. Le scénario attendu est que ces trois équipes perdent contre l'Espagne. Maintenant, il peut toujours y avoir des surprises.
tsrsport.ch: Quelle est la cote de la Suisse auprès des Espagnols?
FABIO CELESTINI: Tout le monde considère que c'est une équipe sérieuse, qui est prête physiquement et qui essaie de jouer avec ses qualités. Je peux vous dire qu'elle ne jouit pas d'une moins bonne cote que le Chili.
tsrsport.ch: L'Espagne est impressionnante et fait figure de grande favorite. Ne risque-t-elle pas de connaître un excès de confiance?
FABIO CELESTINI: Non. C'est une génération de joueurs exceptionnels. La mentalité de l'équipe nationale est la même que celle de Barcelone, avec une envie de gagner absolument incroyable.
tsrsport.ch: Vous êtes partis à l'étranger à 25 ans. Désormais des garçons comme Ben Khalifa s'en vont à 18-19 ans. Vous en pensez quoi?
FABIO CELESTINI: Je trouve que ce n'est pas bien mais bon, les temps changent. Nos jeunes devraient avancer pas à pas mais je comprends aussi que ces contrats sont très bons et qu'ils leur assurent un avenir financier. Il faudrait qu'on arrive à garder nos espoirs un ou deux ans en Super League. Au LS, je me battrai pour que nos jeunes s'épanouissent chez nous, qu'ils nous fassent de bons matches, avant de les laisser partir dans les championnats européens.
tsrsport.ch: Lorsque vous regardez votre carrière dans le rétroviseur, que changeriez-vous?
FABIO CELESTINI: Franchement, rien. J'ai eu énormément de chance. Bon, si j'avais pu gagner la Coupe de l'UEFA avec Marseille et au moins une Coupe d'Espagne...
Fabio Celestini express
Boisson préférée: coca light
Plat préféré: spaghetti carbonara
Un film: La vita è bella
Un chanteur: Eros Ramazzotti
Le club où vous auriez rêvé de jouer: Le Real Madrid
Votre idole étant enfant: Michel Platini. Ma maman était fan de la Juventus et à cette époque-là, la Juve c'était Platini...
Meilleur entraîneur de votre carrière: Alain Perrin (ndlr : son entraîneur à Troyes puis à Marseille) pour tout ce qu'il m'a apporté.
La personnalité la plus célèbre dans votre répertoire téléphonique: Federer et Zidane.
Meilleur souvenir sur un terrain: la finale de 1998 gagnée avec le LS contre Saint-Gall. Mais les souvenirs des 4 buts passés au Real avec Getafe en demi-finale de la Coupe du Roi ou mon but à Dublin contre l'Irlande avec l'équipe de Suisse (ndlr: il a marqué le 2-1 pour la Nati à la 88e en match de qualification pour l'Euro 2004) suivent de très près...
Pire souvenir de joueur: lorsque Kuhn me sort à la 60e minute – avec raison d'ailleurs – contre l'Angleterre à l'Euro 2004. J'avais tellement envie de bien faire dans un match aussi important... mais j'ai fait un match pourri. J'étais vraiment triste en quittant le terrain car je savais que j'avais laissé passer ma chance.
Une personnalité avec qui vous aimeriez prendre un café: Barack Obama. Ce serait sympa de savoir ce qu'il a en tête.
Si pas footballeur: j'ai fait un apprentissage de dessinateur-électricien. Alors j'imagine que j'aurais fait ce métier.
------------
CARTE DE VISITE
Nom: Celestini
Prénom: Fabio
Né le: 31 octobre 1975
Taille: 183cm
Poids: 76 kg
Poste: milieu de terrain
Parcours professionnel
1995-2000: Lausanne-Sports, 127 matches/23 buts
2000-2002: Troyes/FRA, 50/2
2002-2004: Marseille/FRA, 77/1
2004-2005: Levante/ESP, 25/1
2005-2010: Getafe/ESP 114/2
Palmarès
Deux fois vainqueur de la Coupe de Suisse avec le LS (1998 et 1999)
Finaliste de la Coupe de l'UEFA avec Marseille (2004)
Finaliste de la Coupe d'Espagne avec Getafe (2007 et 2008)
Equipe de Suisse
35 sélections depuis 1998 (2 buts).
Premier match: contre la Yougoslavie (1-1) le 6 juin 1998 à Bâle.
Dernier match: contre les Etats-Unis (0-1) le 17 octobre 2007 à Bâle.
Participe à l'Euro 2004 avant de prendre sa retraite internationale. Il revient en 2007 dans le cadre élargi pour décrocher une place pour l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche, mais ne fait finalement pas partie des 23 sélectionnés par Köbi Kuhn. Depuis sa nomination à la tête de la Nati, Ottmar Hitzfeld ne l'a jamais contacté.