Richard Park, de la "Grande Pomme" au Genève-Servette

Outre les transferts de Cristobal Huet (de Chicago à Gottéron), de Glen Metropolit (de Montréal à Zoug) et d'Owen Nolan (de Minnesota à Zurich), l'arrivée la plus impressionnante en ce début de saison a sans doute été celle de Richard Park à Genève. L'Américano-Coréen de 34 ans, s'il n'était pas une vedette en NHL, n'en était pas moins un titulaire indiscutable au sein des New York Islanders la saison dernière, en tant qu'attaquant à vocation défensive.

Au total, le néo-Grenat a disputé 684 parties (227 points, dont 95 buts) dans la meilleure ligue du monde, entre 1995 et 2010. Ayant déjà connu brièvement la LNA lors de la grève en NHL, en 2004/2005 à Langnau, Richard Park est décidé à remporter le premier titre de sa carrière, dans un rôle plus offensif. tsrsport.ch l'a rencontré.

tsrsport.ch: Etes-vous célèbre en Corée du Sud? Les hockeyeurs originaires de ce pays sont plutôt rares...

RICHARD PARK: Aucune idée! En fait, je n'y suis allé que deux fois dans ma vie. Mes parents ont quitté le pays alors que j'avais 3 ans. Je parle un peu le coréen. Mais je suis avant tout fier d'être Américain.

tsrsport.ch: Vous avez justement participé à 4 Mondiaux avec l'équipe des Etats-Unis. Serez-vous encore de la partie en 2011?

RICHARD PARK: Récemment, j'ai décidé de tourner la page en ce qui concerne l'équipe nationale. Je suis plus vieux désormais, et je préfère m'occuper de ma famille. Mais je n'oublie pas que je dois beaucoup à la Fédération américaine. C'est grâce à mes sélections en M16, M17 et à mes participations à deux Mondiaux M20 que j'ai percé en NHL.

Je comprends que pour vous autres, en Europe, le Mondial est très important. C'est moins le cas en Amérique du nord. Bien sûr, chacune de mes expériences sous le maillot US a été formidable. Surtout en 2004, avec cette médaille de bronze à la clé.

"A Langnau, j'ai eu un choc"

tsrsport.ch: Pour un Américain, habitué au luxe de la NHL, à ses patinoires ultramodernes, n'est-il pas difficile de jouer dans certaines vétustes enceintes de LNA?

RICHARD PARK: Il est certain que lors de ma venue à Langnau en 2004/2005, j'ai eu un choc. Mais sans doute les Suisses pensent-ils que toutes les patinoires du monde sont identiques à celles que l'on trouve ici.

tsrsport.ch: Grâce à internet ou à la TV, les Suisses se rendent cependant compte que les infrastructures américaines sont à des années-lumière de celles qu'on retrouve parfois ici, dans un pays pourtant riche!

RICHARD PARK: Je ne retrouve pas les mêmes commodités ici qu'aux Etats-Unis, c'est évident. Mais ça ne m'empêche pas de dormir la nuit! On ne devient pas professionnel dans le but premier d'évoluer dans une belle enceinte. J'ai beaucoup de plaisir aux Vernets, le jeu reste le même. Ce n'est qu'une question de temps pour que des améliorations surviennent à Genève ou ailleurs, car le hockey tient une place très importante en Suisse.

"Streit est une bonne personne"

tsrsport.ch: Vous avez côtoyé Mark Streit durant 2 saisons aux New York Islanders (2008-2010). Que pouvez-vous nous en dire?

RICHARD PARK: C'est une bonne personne, on sent que ses parents lui ont donné une bonne éducation. C'est aussi un joueur fantastique. La Suisse peut être fière de compter un tel ambassadeur en NHL. Car il la représente dignement. C'est un leader dans le vestiaire des Islanders. Il ne prend pas forcément souvent la parole, il montre plutôt l'exemple en travaillant fort. On se parlait souvent, mais je ne l'ai pas consulté juste avant de décider de venir au Genève-Servette.

tsrsport.ch: Vous avez surtout évolué aux côtés de joueurs qui resteront dans la légende, comme Mario Lemieux et Jaromir Jagr à Pittsburgh, ou encore Teemu Selänne à Anaheim. Lequel vous a le plus marqué?

RICHARD PARK:

Difficile d'arguer que Mario n'était pas le plus spécial de tous... Je suis fier d'avoir joué avec l'un des plus grands attaquants de tous les temps. En même temps, j'avais 18 ans à l'époque, et je ne me rendais pas bien compte de la chance que j'avais. Tous trois étaient ou sont de grands joueurs, tout en étant d'excellentes personnes. Mais tous mes coéquipiers, présents ou passés, ont de la valeur à mes yeux.

"Je ne suis pas superstitieux"

tsrsport.ch: Bruno Gervais, un défenseur québécois qui fut l'un de vos coéquipiers aux Islanders, a un jour déclaré que vous étiez la personne la plus superstitieuse qu'il ait jamais rencontrée. Vous confirmez?

RICHARD PARK: (rires) Je ne pense pas être superstitieux! Je fais peut-être toujours les mêmes choses dans le même ordre dans le vestiaire, lorsque je me prépare avant un match. Mais je ne m'en rends même plus compte. Ce n'est pas parce que je dors toujours dans le même côté du lit aux côtés de ma femme que je suis superstitieux (rires). Il faut aussi dire que Bruno est un petit plaisantin!

tsrsport.ch: Quel est votre avis sur la LNA?

RICHARD PARK: C'est un très bon championnat. J'ai pu constater qu'ici, chaque joueur est un excellent patineur. Mais le jeu en Amérique du nord est tout de même encore plus rapide. Il serait injuste de comparer la NHL avec la LNA. La Suisse a toutefois fait d'énormes progrès, on l'a vu aux Jeux olympiques 2010 de Vancouver.

tsrsport.ch: Comment expliquez-vous le mauvais début de saison qu'a connu Genève?

RICHARD PARK: Question difficile... Il a fallu un certain temps d'adaptation pour les nouveaux arrivés, dont moi-même. Les joueurs peuvent prendre le blâme, car on n'a pas toujours bien appliqué le système de jeu. Mais c'est du passé, et nous avons les moyens de gagner le titre. Nous avons les joueurs pour y parvenir!

Propos recueillis par Michaël Taillard