A 26 ans seulement, Nathalie Brugger est déjà une figure incontournable de la voile helvétique. Elue navigatrice suisse de l'année en 2008, la Fribourgeoise prendra part à ses deuxièmes olympiades après celles de Pékin.
Sixième en Chine il y a 4 ans, Nathalie Brugger peut cette fois viser un podium dans la catégorie des Laser Radial. Avec plus de 20 participations à des championnats du monde et d'Europe à son actif, elle possède le bagage pour atteindre le sommet de la vague.
La sociétaire du Cercle de voile d'Estavayer entrera en lice le 30 juillet. La finale est agendée au 6 août.
RTSsport.ch: Vous allez vivre vos deuxièmes JO. L'appréhension est-elle la même qu'il y a 4 ans à Pékin?
NATHALIE BRUGGER: Le fait d'avoir déjà participé aux Jeux va surtout m'aider au niveau de la pression extérieure. Je sais maintenant comment gérer tout ce qu'il y a autour. Maintenant, la pression sera différente à Londres.
RTSsport.ch: Vous aviez terminé au 6e rang en 2008 Quel est votre objectif pour 2012?
NATHALIE BRUGGER: Le niveau sera meilleur qu'à Pékin. Nous sommes dix à pouvoir prétendre au podium. Il faudra être au top la semaine S, tant mentalement que physiquement. Mais j'espère bien décrocher une médaille.
Une disette longue de 44 ans
RTSsport.ch: Les sites de Weymouth et de l'île de Portland, où se dérouleront les régates, sont éloignés du site olympique. Est-ce un regret d'être "en retrait"?
NATHALIE BRUGGER: Oui, c'est un peu dommage de ne pas vivre dans le village olympique avec les autres athlètes. Mais c'était la même chose à Pékin. Après, il ne faut pas oublier la magie des Jeux. Il y a 4 ans, nous avions eu l'occasion de passer 2 jours sur place et de voir ce côté festif.
RTSsport.ch: Si on vous dit que la Suisse n'a plus décroché de médaille olympique en voile depuis 1968...
NATHALIE BRUGGER: C'est à mon tour de le faire maintenant (rires)! On s'en rapproche gentiment. C'est un beau défi et j'espère qu'un membre du team suisse y arrivera.
RTSsport.ch: Comment s'est déroulée votre préparation en vue des Jeux?
NATHALIE BRUGGER: J'ai travaillé par blocs pendant trois ans en alternant avec le travail physique et les régates auxquelles j'ai pris part. C'est le minimum. Certains n'ont pas pris de pause après les JO de Pékin. Pour ma part, j'ai préféré faire un "break" avec le Radial pendant un an.
"J'ai eu de la peine à boucler mon budget"
RTSsport.ch: Qui dit Jeux Olympiques, dit dépenses importantes...
NATHALIE BRUGGER: pour ces 3 ans, il a fallu trouver 250'000 francs. Cela comprend le matériel et les déplacements. La Fédération met à disposition les entraîneurs. Pour les Jeux de Londres, j'ai pu compter sur divers sponsors, des dons et des aides diverses. J'ai également eu la chance d'être prise dans le Yacht Club de Gstaad, qui fait la promotion de projets olympiques. Mais j'ai eu plus de peine à boucler mon budget que pour Pékin. La voile a encore trop peu de visibilité.
RTSsport.ch: Vous êtes étudiante en Sciences du Sport et de la Motricité à Fribourg. Comment conciliez-vous les études et votre passion pour la voile?
NATHALIE BRUGGER: J'ai obtenu mon Bachelor en janvier, mais ça a été très difficile, même si un arrangement avec les sportifs d'élite est toujours possible. J'ai également eu la chance de pouvoir compter sur des amis de cours conciliants, qui m'ont prêté leur notes
RTSsport.ch: Vous avez attrapé le virus de la voile alors que vous aviez 8 ans...
NATHALIE BRUGGER: J'ai commencé en suivant ma soeur dans un camp, alors que j'étais plus motivée pour la gymnastique. J'ai tout de suite accroché. J'avais déjà fait des sorties sur l'eau avec mes parents, mais là je trouvais génial d'être le skipper de son propre bateau et de tout diriger.
Propos recueillis par Axel David