L'Agence mondiale antidopage (AMA) s'est ainsi dite "déçue" tandis que l'Usada, l'agence américaine antidopage, a parlé de "désordre" créé par le CIO. Un rapport indépendant du juriste canadien Richard McLaren, fait à la demande de l'AMA, a mis en évidence un système de dopage d'Etat dans le sport russe de 2011 à 2015.
En Russie, où le sport et les médailles sont une priorité nationale, le soulagement était immense. "Nous nous félicitons naturellement" de la décision du CIO, a ainsi estimé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, évoquant une "décision positive".
Double peine
"Cette décision n'est pas mauvaise pour nous. Elle a été prise et nous devons la respecter", a déclaré le président du comité pour le Sport à la Douma (chambre basse du Parlement) Dmitri Svichtchev, tout en regrettant que les sportifs russes ayant déjà été contrôlés positifs pour dopage soient privés de Jeux. "Vous ne pouvez pas punir quelqu'un deux fois pour la même peine", a-t-il déclaré.
Ces conditions devraient notamment empêcher le cycliste Ilnur Zakarin, vainqueur cette année d'une étape du Tour de France et suspendu en 2009 pour prise de stéroïde, de participer aux Jeux. La quadruple championne du monde de natation Yulia Efimova, sa coéquipière Natalia Lovtsova et la médaillée olympique d'haltérophilie Tatiana Kashirina, testées positives une fois durant leur carrière, pourraient ainsi être aussi privées de Jeux.
Pourtant, le sprinter américain Justin Gatlin, suspendu cinq ans pour dopage dans sa carrière, le cycliste espagnol Alejandro Valverde, qui a purgé deux ans de suspension entre 2010 et 2011 pour son implication dans l'affaire Puerto, et bien d'autres sportifs concernés par une ancienne suspension, seront du voyage au Brésil. Une inégalité engendrée par la décision du CIO qui risque bien de décrédibiliser les JO de Rio 2016.
ats/fayet
Certaines fédérations ont déjà réagi
Les sportifs russes ne pourront aller à Rio qu'après y avoir été autorisés par leurs fédérations de tutelle, qui passera au crible leur CV antidopage et s'assurera qu'ils ont tous subi des "contrôles crédibles" faits hors de Russie. Première à réagir, la Fédération internationale de tennis (ITF) a donné son feu vert à la participation des huit joueurs et joueuses de tennis sélectionnés par la Russie.
La décision de la Fédération internationale de judo, qui avait soutenu la Russie avant même que se prononce le CIO, devrait rapidement suivre. Les patrons des fédérations russes d'escrime et de pentathlon ont quant à eux estimé lundi que leurs sportifs seraient autorisés à concourir à Rio, mais attendent une confirmation officielle qu'ont déjà reçu les archères russes, championnes du monde.
Certains sportifs n'ont même pas attendu pour s'envoler à Rio. C'est le cas des escrimeurs ou des gymnastes, dont l'entraîneur principal, Valentina Rodionenko, a assuré à l'agence de presse TASS: "le pire est derrière nous".
Isinbayeva: "notre bataille pour Rio est terminée"
La majorité de la sélection s'envolera pour Rio jeudi. Pour les 68 athlètes privés de JO à cause de la suspension de la Fédération russe d'athlétisme, il n'y a en revanche plus aucune chance d'aller à Rio après la décision jeudi du Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne. "Notre bataille pour Rio est terminée", a regretté la star du saut à la perche Yelena Isinbayeva, qui visait à Rio une troisième médaille d'or olympique avant de prendre sa retraite.
Si le CIO a pris des sanctions, elles visent avant tout Yuliya Stepanova, la lanceuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage russe. Cette spécialiste du 800 m sera privée de JO, car elle a été sanctionnée pour dopage dans le passé, ce qui a là-aussi suscité un tollé parmi les responsables de l'AMA et de l'Usada. Stepanova a eu ce qu'elle mérite, a estimé Komsomolskaïa Pravda, donnant le ton des médias locaux sur la sanction contre l'athlète. Un journaliste de ce tabloïd avait comparé l'athlète russe à une collaboratrice des nazis.