Le déroulement des neuf premières journées de compétition avait fait naître les espoirs les plus fous. Le but initial (cinq médailles) était ainsi d'ores et déjà atteint à l'heure où Ralph Stöckli avait tiré un bilan intermédiaire lundi dernier. Mais le chef de mission a cependant eu raison de ne pas s'enflammer.
Frontière ténue
La frontière entre exploit et déception est des plus ténues, avait rappelé l'ancien curleur saint-gallois en référence aux trois balles de match manquées par la paire Joana Heidrich/Nadine Zumkehr face aux têtes de série no 1 Larissa/Talita en quart de finale du tournoi de beachvolley. La désillusion vécue vendredi par le champion olympique 2012 Steve Guerdat, 4e à 0''99 - ou à une barre - du podium de la finale individuelle de saut d'obstacles alors qu'il rêvait d'offrir une ultime médaille à son hongre Nino des Buissonnets, a agi comme une piqûre de rappel.
Objectivement, ces joutes cariocas sont une belle réussite pour la Suisse. Elle a fait bien mieux qu'en 2012 à Londres (2 or/2 argent/0 bronze), en 2004 à Athènes (1/1/3) et en 2008 à Pékin (2/1/4). Et elle affiche un bilan plus brillant qu'en 2000 à Sydney, d'où la délégation helvétique avait ramené 9 médailles dans ses bagages mais une seule du plus convoité des métaux. Au cours des 20 dernières années, seule la moisson d'Atlanta 1996, avec quatre titres et trois médailles de bronze, peut être qualifiée de meilleure.
ats/lper
Une seule réelle surprise
Force est de constater que la Suisse reste presque exclusivement dépendante des résultats de ses athlètes confirmés. Fabian Cancellara (or dans le contre-la-montre), les rameurs du quatre sans barreur (or), Nino Schurter, Nicola Spirig (argent en triathlon), le duo de tenniswomen Timea Bacsinszky/Martina Hingis (argent) et la gymnaste Giulia Steingruber (bronze en saut) en font partie. Seule exception à cette règle, la médaillée de bronze de l'épreuve de pistolet à 25 m Heidi Diethelm Gerber qui, à 47 ans, a créé la seule bonne surprise de la quinzaine dans le camp helvétique.
Des déceptions
Les épéistes rêvaient ouvertement de podium tant en individuel que dans l'épreuve par équipe, et ils doivent au final se contenter de la 4e place de Benjamin Steffen comme maigre butin. La vététiste Jolanda Neff semblait pour sa part capable de se parer d'or, mais ses douleurs au dos sont réapparues au moment où la course se décantait, et elle a dû se contenter d'un 6e rang.
"Une évolution positive"
ATS: On attend toujours des athlètes qu'ils soient capables de réussir leur meilleure performance le jour J. Avez-vous l'impression que cela été le cas à Rio?
RALPH STÖCKLI: Nous n'avons pas encore analysé à fond les chiffres, nous le ferons plus précisément avec les entraîneurs et les chefs d'équipe. Mais nous avons obtenu plus de médailles que planifié, et beaucoup plus de diplômes qu'à Londres (17, contre 6 en 2012). Cela démontre que les athlètes faisant partie d'une élite élargie, soit ceux qui ne font pas encore partie des tous meilleurs du monde, sont plus nombreux. C'est une évolution positive. Mais attention: on a pressé le citron jusqu'à sa dernière goutte. Le sport suisse a réussi des performances supérieures à ce que nous pouvions attendre. Les athlètes et leur entourage doivent vraiment s'investir énormément.
"Citron jusqu'à sa dernière goutte"
ATS: A propos d'investissement, les Conseillers fédéraux Guy Parmelin et Johann Schneider-Ammann sont venus à Rio pour se faire une idée de la situation du sport suisse. Ont-ils montré des signes encourageants pour le sport d'élite?
RALPH STÖCKLI:: Nous ne pouvons pas espérer qu'un Conseiller fédéral en visite nous fasse des promesses. Mais je peux me permettre de dire que nous sommes déçus que le Conseil fédéral ait refusé d'investir plus d'argent dans le sport d'élite. Je le répète, on a pressé le citron jusqu'à sa dernière goutte. Pourtant, les cantons ont envoyé un signal positif et reconnaissent l'importance du sport.