Paris, 1924: la capitale française s'apprête à organiser ses deuxièmes Jeux olympiques après ceux de 1900 qui se sont soldés par un semi-échec. L'événement (5 juillet - 27 juillet) se déroule en effet en même temps que l'exposition universelle qui a lieu du 14 mai au ... 28 octobre! Les gens se pressent pour admirer la Tour Eiffel qui vient d'être achevée mais aucune affiche ne laisse présager la tenue des Jeux olympiques dans la capitale française.
Il faut dire que l'événement ne s'appelle pas encore "Jeux olympiques" et les épreuves sportives sont noyées dans un programme des plus farfelus avec concours de montgolfières, pêche à la ligne et démonstrations de lâcher de pigeons, entre autres.
Les athlètes eux-mêmes n'ont pas conscience qu'ils sont champions olympiques. C'est le cas notamment de Margaret Abbot, jeune Américaine de 18 ans qui concourt en golf avec sa mère. "Elle n'a jamais su que cette épreuve l'avait en réalité couronnée première championne olympique américaine de l'histoire", écrit Sylvain Letouzé dans son ouvrage "Histoires insolites des Jeux olympiques".
Pour Pierre de Coubertin, c'en est trop. "C'est un miracle si le mouvement olympique a survécu à ces Jeux" dira-t-il. Mais le baron veut prendre sa revanche. En 1921, lors de la session du CIO à Lausanne, de Coubertin, qui a annoncé son retrait, milite ardemment pour le retour des Jeux à Paris, sa ville de coeur. Il écrit un véritable plaidoyer dans lequel il défend sa ville. Ses mots font mouche et l'assemblée lui accorde cette dernière faveur.
Les Jeux olympiques de 1924 sonnent comme une revanche pour de Coubertin. Après le fiasco de Paris en 1900, le baron se réjouit que la Ville Lumière accueille une deuxième fois un événement de si grande ampleur. L'édition sera un succès tant sur le plan populaire que sportif.
A cette fête, l'Allemagne n'y est cependant pas conviée. Détestée de tous encore six ans après la Première Guerre mondiale, elle est la grande absente de l'événement. En revanche, ceux qui se sont battus à ses côtés peuvent prendre part aux Joutes. L'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie et la jeune Turquie sont donc de retour. On note également l'absence de l'URSS, qui refuse purement et simplement de participer à l'événement en raison du "nationalisme" et du "capitalisme bourgeois" que représentent les Jeux olympiques.