Les "nouveaux horizons" promis par le slogan de la ville sud-coréenne de Pyeongchang ont conquis les membres du CIO qui l'ont plébiscitée dès le premier tour de l'élection de la ville hôte des Jeux olympiques d'hiver 2018, à Durban.
La lauréate a été créditée de 63 voix, contre 25 à Munich et 7 à Annecy. Aucun dossier n'avait suscité une telle unanimité parmi les Olympiens depuis 16 ans et la majorité absolue obtenue d'entrée de jeu en 1995 par Salt Lake City (Jeux d'hiver de 2002).
Dès l'annonce du résultat, avant même de connaître l'ampleur de leur triomphe, les partisans de Pyeongchang ont explosé de joie. Le président de la République Lee Myung-bak a parcouru le bas de l'estrade où étaient assis les membres du CIO pour les remercier presque un à un.
Endurance récompensée
"Je vais faire de bons Jeux olympiques", a curieusement promis M. Lee. "C'est une victoire pour tous les Coréens, merci pour eux!" Kim Jin-seun, ancien gouverneur de la province de Gangwon et patron des deux précédentes candidatures de Pyeongchang, était lui "bouleversé", ne sachant "quoi dire après 17 ans de travail" au soutien de la candidature.
Car le CIO a d'abord récompensé l'endurance de Pyeongchang, candidate malheureuse pour les JO de 2010, allés à Vancouver, et de 2014, attribués à Sotchi, ce qui impliquait, selon la règle non écrite du CIO, qu'ils ne devaient pas rester en Europe en 2018.
Comme l'admettait Guy Drut, membre français du CIO désappointé par la "douche froide" reçue par Annecy, "il y a en Corée nettement moins de romantisme que dans les Alpes, mais c'était leur tour." Les membres du CIO, soucieux avant tout de l'avenir de leur mouvement, ont également choisi Pyeongchang pour sa faculté à apporter au mouvement olympique une ouverture vers l'Asie du sud-est en terme de marché des sports d'hiver, comme de public.
Ce choix confirme le virage à l'Est pris par les instances du sport mondial, après les Coupes du monde 2018 et 2022, attribuées à la Russie et au Qatar, et les JO d'hiver 2014 à Sotchi. Au-delà, il démontre l'intérêt pour les marchés en croissance marqué aussi par l'octroi des JO d'été 2016 à Rio de Janeiro.
Peu entendus
Le CIO n'a pas entendu, ou si peu, les arguments de Munich et Annecy, qui posaient leur candidature pour la première fois. Thomas Bach et Charles Beigbeder, responsables respectifs des deux candidatures, avaient pourtant insisté dans les dernières heures sur le choix philosophique soumis aux membres de l'organisation: "Récompenser un pays ou une entreprise", comme le soulignait le patron français en référence au partenariat de Pyeongchang avec Samsung, sponsor du CIO, ou retourner à l'authenticité et au savoir-faire maintes fois par le passé démontrés par la France et l'Allemagne en matière d'organisation d'événements hivernaux. Le CIO a choisi en masse.
Pyeongchang deviendra la troisième ville asiatique à accueillir des Jeux d'hiver, après Sapporo en 1972 et Nagano en 1998. Et la Corée du Sud aura ses deuxième JO, 30 ans après les Jeux d'été organisés à Séoul. Cette désignation n'est pas une surprise, les Sud-Coréens ayant les faveurs de la cote. Leur dossier technique était très solide. Environ 70 % des installations sont déjà construites, et les différents sites ne se situent qu'à une demi-heure les uns des autres.
Les Sud-Coréens, blessés dans leur fierté, auront à coeur de corriger la mauvaise image laissée avec l'organisation des Mondiaux de biathlon en 2009, marquée par de nombreuses pannes. La Corée du Sud fait feu de tout bois pour la mise sur pied de grandes manifestations, avec aussi la tenue prochaine, du 27 août au 4 septembre 2011, des Championnats du monde d'athlétisme à Daegu.
si/tai
Un choix qui avantage la Suisse
Pour Marco Blatter, ancien directeur de Swiss Olympic et impliqué dans le futur projet valaisan pour les JO de 2022 (lire ci-dessous), le choix de Pyeonchang est tout à fait mérité puisque la ville sud-coréenne présentait un très bon dossier après trois tentatives.
De plus, ce choix permettra une éventuelle candidature suisse dès 2022. En effet, si les villes de Munich ou d’Annecy, avec des projets centrés sur les Alpes, avaient été élues, la Suisse aurait dû attendre 8 ou 12 ans avant de présenter un dossier.
De toute façon, une éventuelle candidature suisse ne sera pas décidée avant plusieurs mois, précise encore Marco Blatter.
CANDIDATURE SUISSE POUR 2022? REPONSE EN 2012
Plusieurs régions suisses se sont annoncées auprès de Swiss Olympic pour potentiellement organiser des Jeux olympiques d’hiver en 2022.
Pour l’heure, trois projets se détachent : un projet dit "est", avec Genève comme ville hôte, un projet "ouest" avec Davos/St-Moritz comme ville hôte et un projet "central", pour lequel Lucerne pourrait être l'hôte (la ville n’a pas encore dit si elle souhaitait l'être).
De plus, le Valais, Berne, mais aussi Zurich ont manifesté leur intérêt, non pour jouer le rôle d’hôtes, mais pour prendre part à l’organisation de JO, par exemple en mettant à disposition leurs infrastructures (stades, pistes de ski, logements pour accueillir les équipes, bâtiments pour les médias, notamment).
Pour l’heure, l’Association faîtière du sport suisse examine ces différents dossiers pour voir lequel aurait les meilleures chances de passer. Christof Kaufmann, responsable de la communication à Swiss Olympic, affirme qu'il n’y a à l’heure actuelle pas de favori.
C’est la première fois que Swiss Olympic est si fortement impliqué (et si tôt) dans le processus d’une potentielle candidature suisse. En procédant ainsi, la faîtière espère mettre toutes les chances du côté d'un éventuel projet helvétique.
La décision finale de proposer une candidature suisse revient au Parlement du sport, à qui un seul des trois projets "est", "ouest" ou "central" aura été soumis. Et la Confédération, les cantons et les villes éventuellement concernés devront avoir donné leur accord de principe. Cette décision interviendra au printemps 2012.