"Ma vie a basculé en une seconde"

Son rire est communicatif, son oeil rieur et son enthousiasme débordant. Marilson Semedo Fernandes représente le Cap-Vert aux Jeux paralympiques de Tokyo avec la sprinteuse mal-voyante Keula Nidreia Semedo Pereira. "Je suis tellement excité que j'ai de la peine à trouver le sommeil", explique le spécialiste de javelot.

"C'est un rêve qui devient réalité. Je suis très fier car j'ai dû travailler très dur (3-4 heures d'entraînement par jour) pour me qualifier... La cérémonie d'ouverture a été émotionnellement un moment très très fort. Nous pourrons compter sur le soutien des 500'000 personnes vivant au Cap-Vert et de notre diaspora".

Rencontré la première fois entre 2 points de contrôles à l'aéroport de Tokyo, l'athlète de 32 ans parle librement de son handicap. "A 17 ans, j'ai été percuté par un chauffard en état d'ébriété. Ma vie a basculé en une seconde. A l'hôpital, le choc a été énorme pour ma famille et moi". L'amputation au-dessus du genou droit est inévitable. "Ma famille avait fait des sacrifices pour m'aider à tenter de percer dans le football ou le basketball. D'un coup, ces projets sont partis en fumée... Le plus compliqué a été d'accepter cette nouvelle situation..."

"Comme une thérapie"

Passionné de Michael Jordan, la logique aurait voulu qu'il se lance dans le basket après l'accident. "Les fauteuils sont tellement chers que j'ai dû opter pour l'athlétisme, mais j'ai tout de suite apprécié le lancer du disque et du javelot... Cela fait tellement du bien. C'est comme une thérapie", nous explique cet informaticien de formation qui se dédie actuellement à 100% à son sport. "La fédération du Cap-Vert me soutient au niveau des déplacements, des infrastructures, des équipements ainsi que de l'alimentation".

Et le Capeverdien de poursuivre: "Ren n'est acquis dans la vie. Il faut regarder devant, jouir de chaque instant car on ne sait jamais ce qui peut nous arriver, de positif ou de négatif... Je suis à Tokyo pour profiter du meilleur moment de ma vie".

Paris 2024 dans le collimateur

Marilson Semedo Fernandes entrera en lice samedi dans le concours de javelot. Son rêve? "Pour la médaille ce sera très difficile". Son meilleur lancer en compétition a été mesuré à 32m38 alors que les meilleurs dans sa catégorie envoient le javelot à plus de 45m. "Je travaille pour arriver là... Le fait d'avoir obtenu mon billet pour les Jeux paralympiques constitue déjà une immense satisfaction. Si j'atteins la finale, ce sera extraordinaire".

L'athlète de 32 ans voit à long terme et pense déjà aux prochains Jeux paralympiques. "J'en veux toujours plus et j'espère pouvoir participer à l'édition 2024 à Paris.... avec du public. Je rêve de concourir devant 60'000 spectateurs. Pour Tokyo, on s'est préparé à évoluer à huis clos. C'était important pour les athlètes qui se sont tellement entraînés de pouvoir se mesurer aux autres".

Tokyo, Miguel Bao