Dans la maison familiale, quelques photos accrochées au mur rappellent la portée de son exploit. Vêtue de la traditionnelle chemise edelweiss, Diana Fankhauser pose fièrement la tête ornée de la couronne de laurier. Celle de son sacre deux ans plus tôt à Court, dans le Jura bernois. "Le jour ou je suis devenue reine de la lutte je n’arrivais pas à y croire même si c’était mon rêve depuis toute petite".
Devenir reine? Une belle récompense pour tout le travail accompli
Il faut dire que chez les Fankhauser, la lutte est une histoire de famille. Personne ou presque n’y échappe. "Toute ma famille en faisait, mon grand-papa, mon oncle, mes tantes, ma maman. Je me rappelle que quand j’allais chez mes grands-parents, il y avait dans le salon toutes les cloches qu’il avait gagnées".
Dans un coin de sa tête, Diana rêve elle aussi de conquérir le titre de meilleure lutteuse du pays et marcher dans les traces de ses tantes, sacrées quelques années avant elle et qu’elle a si souvent accompagné durant les fêtes. "Ce sont mes idoles", souffle-t-elle. En 2018, son rêve se concrétise. La meilleure lutteuse du pays, c’est elle. "Quand ils ont annoncé au micro que j’étais reine, j’étais très émue. C’était une belle récompense pour tout le travail accompli".
Car la lutte est bien plus qu’une tradition qui consiste à se rouler dans la sciure. "C’est pas juste hop je te fous par terre", se marre-t-elle. "Il existe plus de cent prises. C’est un sport très complet. Il n’y a pas que la force qui compte, c’est aussi un sport complet où on a besoin de tout le corps. Le mental et la condition physique ont une place importante".
On s’entraîne autant que les hommes
Diana Fankhauser se rend d’ailleurs une fois par semaine à Thoune pour s’entraîner quand elle n’est pas au club d’Oron. "La lutte reste un hobby mais on s’entraîne autant que les hommes. On fait de la condition physique et de l’entraînement mental." Quand elle débarque au club des lutteurs à Oron, Diana est la seule femme. Pas de quoi freiner ses ardeurs. "J’ai été très bien accueillie. Je m’entends très bien avec eux, ils sont très ouverts". Il n’empêche que parfois, Diana se heurte au sexisme dans un sport qui demande une grande proximité. "Je ressens parfois lors des entraînements que certains n’ont pas envie de s’entraîner avec moi mais cela ne me dérange pas. C’est leur choix et il y en a d’autres qui le font volontiers".
En attendant la reprise des compétitions l’année prochaine, Diana espère que les jeunes filles seront de plus en plus nombreuses à s’intéresser à son sport. "Ce serait joli d’avoir plus de spectateurs et de femmes qui font de la lutte. J’aimerais être un exemple pour les femmes qui aimeraient essayer", confie la championne qui lorgne une deuxième couronne. "J’aimerais refaire un titre de reine de lutte. Y parvenir une fois c’est dur, mais regagner une couronne c’est encore plus dur. Cela montrerait que ce n’est pas arrivé par hasard".
Chesalles-sur-Oron, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud
Une Fête fédérale différente de celle des hommes
Si les femmes sont de plus en plus nombreuses à pratiquer la lutte en Suisse, elles ne sont toujours pas les bienvenues à la Fête fédérale de lutte, plus grand événement sportif en Suisse et qui se tient tous les deux ans. "On a notre propre Fête de lutte mais contrairement aux hommes, elle a lieu chaque année. Le règlement, lui aussi, est différent."Toute la saison compte. A chaque fête, on additionne le nombre de points gagnés. La lutteuse qui obtient le meilleur nombre de points à la fin de la saison est élue reine quelque soit son résultat lors de la Fête. On peut être reine sans avoir gagné la dernière fête".