Samedi 30 août 2013, 7h25, 52'000 personnes amassées dans un stade plein à craquer attendent avec impatience l’arrivée des prétendants au trône. La scène peut paraître surréaliste mais elle demeure bien réelle et témoigne de l’attachement indéniable dont jouit la lutte suisse. Les 278 lutteurs ou Bösen (méchants), comme on aime les surnommer outre-Sarine, font leur entrée dans l’arène, tels des gladiateurs des temps modernes, sous la bannière de leur association respective. Le moment est teinté d’émotion
et de solennité à l'image du sport de tradition qu'est la lutte suisse.
Après avoir repris en cœur les paroles de l’hymne national, le public peut profiter d’entrée de très belles passes (combats). Une mention spéciale pour le régional de l’étape Matthias Sempach qui voit son magnifique 10 salué d’une clameur en provenance de la tribune réservée aux représentants de l’association bernoise de lutte. Ceux-ci rêvent assurément de voir triompher un des leurs en plein cœur de l’Emmental.
Du spectacle dedans et hors de l’arène
De l’Emmental, il en est question à travers une variante du célèbre fromage à trou spécialement produite pour la fête et, bien sûr, via cette somptueuse arène des combats portant le nom de cette région indissociable du terroir helvétique. Les organisateurs ont repoussé des limites jusqu’à présent encore jamais atteintes avec une arène dotée d’une capacité de 52'000 places, soit 4’500 de plus qu’il y a trois ans à Frauenfeld (TG) et 25'000 de plus qu’il y a 12 ans à Nyon !
Ce gigantisme peut en effrayer certains mais la lutte suisse ne s’est peut-être jamais aussi bien portée avec une Fête fédérale qui est devenue au fil du temps un rendez-vous dans l’agenda des initiés comme des non-initiés. Les organisateurs l’ont bien compris et proposent à travers leur slogan "Chömet cho luege !" (Venez ici !) un véritable village avec accès gratuit, composé d’une allée centrale parsemée de cantines, restaurants et stands. A Berthoud, la surface dédiée à la fête s’étend sur 90 hectares.
Corollaire, des citoyens de tout le pays affluent, en témoigne la longue transhumance qui se dessine dès l’aube entre la gare de Berthoud et le site de la fête. Les motivations du voyage recueillies à l’heure de la dégustation de la Schwingerbratwurst (saucisse du lutteur) sont assez diverses. "Nous venons passer ici deux jours de vacances", s’exclament certains, d’autres viennent pour soutenir un lutteur. Ce qui semble néanmoins dominer est la perspective de pouvoir passer un moment convivial dans un cadre traditionnel qui possède aujourd'hui un public résolument jeune et venant aussi des régions urbaines. Ainsi, musique champêtre, partie de Jass, et croûtes au fromage version militaire font partie intégrante du décor et collent parfaitement à l’univers de la lutte à la culotte.
La caverne d’Ali Baba des lutteurs
Tradition oblige, tous les prix de récompense sont en nature dans la lutte. Dès lors, le pavillon des prix situé à côté du restaurant principal constitue un passage inévitable. Chaque lutteur pourra venir, en fonction de son classement, choisir son prix. Et, il y en a absolument pour tous les goûts.
Le temps où le choix se limitait à des cloches ou autres sonnailles semble en partie révolu puisque elles occupent de nos jours une place moindre au profit d’objets plus contemporains. Désormais, la palette de lots à disposition s’est élargie en proposant aussi bien des motos que des paires de skis en passant par des machines à laver et des meubles en bois. En déambulant dans le pavillon, chaque visiteur peut s’amuser à sélectionner du regard, ce avec quoi il aimerait repartir. Le choix est vaste, mais il ne fait pas de doute, à la vue de l’insistance des plus petits visiteurs, que le toboggan jaune niché au fond de la cantine devrait connaître un beau succès auprès des papas lutteurs.
Le Siegermuni sujet de toutes les discussions
En plus des prix disponibles dans le pavillon, des prix vivants sont aussi dédiés aux lutteurs qui termineront aux premières places. Parmi eux, se trouve "Fors vo dr Lueg" le Siegermuni (taureau du vainqueur) qui affiche 1200kg sur la balance. Sujet de discussion numéro un dans le train nous menant à Berthoud, le bel animal posséderait une valeur de 25'000 francs, renseignement pris auprès de son éleveur Hans Bichsel.
La première journée de combats s’est terminée à 17h00 mais les festivités vont se poursuivre dans la soirée autour de l’arène. Un secteur estampillé +40 ans est prévu pour tous ceux qui aspirent à une nuit dans le calme alors qu’à l’opposé les plus téméraires pourront s’aventurer dans la zone -40 ans où l’ambiance devrait être un plus rythmée. Sans oublier encore le "dernier petit verre"sur le coup des 3h00 comme le stipule noir sur blanc le programme de la fête. Ceci afin de repartir du bon pied pour une journée qui connaîtra son épilogue sur le coup des 16h30 dimanche avec l’avènement probable d’un roi inédit au royaume des Bösen.
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De Berthoud, Sébastien Schorderet
Le roi Wenger mord la sciure, Glauser et Haenni meilleurs Romands
Le taureau «Fors vo dr Lueg» ne sait pas encore avec qui il aura l’honneur de poser pour la photo officielle mais il apparaît certain que ce ne sera pas avec le roi en titre Kilian Wenger. Ce dernier, à la surprise générale, a subi une défaite lors de la deuxième passe qui lui hôte quasiment tout espoir de pouvoir conserver son trône.
En revanche, les autres favoris que sont Matthias Sempach et Christian Stucki ont su répondre aux attentes et sont parfaitement positionnés à l’issue de la première journée. Stucki partage d'ailleurs la tête du classement avec Bernhard Kämpf, tous deux crédités de 39,5 points après 4 passes.
Du côté des Romands, les deux meilleurs lutteurs sont Thomas Glauser et Stéphane Haenni qui ont récoltés respectivement 37,5 et 37 points.
La Fête fédérale de Berthoud (31.08-01.09) en chiffres
7 : le nombre de ronds de sciure (14 mètres de diamètre) préparés dans l’arène et sur lesquels vont s’affronter les lutteurs.
16 : l’âge du Lucernois Joel Wicki, plus jeune lutteur de la fête.
23 : la quantité de tonnes de viande qui devrait être écoulée (saucisses, steaks, etc).
25 : le montant en millions du budget annoncé par les organisateurs.
4000 : le nombre de bénévoles employés pour la manifestation.
52'000 : la capacité de spectateurs pour l’arène principale.
210'000 : la consommation attendue de litres de bière.