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Le rallye Dakar annulé pour des raisons de sécurité

Huit étapes étaient prévues en Mauritanie
Huit étapes étaient prévues en Mauritanie
Le 30e rallye Dakar, qui devait partir samedi de Lisbonne, a été annulé pour des raisons de sécurité et des menaces terroristes. C'est une première historique.

La société Amaury sport organisation (ASO), organisateur de la
compétition, a en effet annoncé l'annulation à la mi-journée, après
24 heures de réflexion et deux mises en garde successives du
gouvernement.



Dans un communiqué, ASO «réaffirme que le choix de la sécurité
n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais sujet à compromis au
sein du rallye Dakar». La société organisatrice ajoute qu'elle
«condamne la menace terroriste qui anéantit une année de travail,
d'engagement et de passion pour tous les participants et les
différents acteurs du plus grand rallye-raid au monde».

«Un désastre»

«C'est une terrible nouvelle. Le Dakar est sonné mais le Dakar
est debout. Je veux remercier tous les les participants. Vous en
avez fait l'histoire. Et l'histoire n'est pas terminée», a lancé le
directeur de la course Etienne Lavigne, la mort dans l'âme, aux
concurrents qui ont salué l'annonce par des applaudissements.



Il faut toutefois maintenant faire les comptes. «C'est un
désastre» économique, a concédé le directeur d'ASO Patrice Clerc,
et pas seulement pour ASO dont le budget Dakar s'élève à 12
millions d'euros (19 millions de francs) hors télévision et dont la
crédibilité de l'épreuve est atteinte.



«Ca va être un certain coût... Pour l'organisateur portugais, tous
les gens qui travaillent autour du Dakar. Pour tous les pays et
leurs économies. L'activité générée autour de l'événement est
extrêmement importante», a souligné M. Lavigne.

Menaces d'Al-Qaïda

La décision semblait inéluctable, plus de 60 % du parcours de
l'édition 2008 ayant été programmée en Mauritanie où le rallye
devait arriver du Maroc le 11 janvier pour plusieurs étapes, avant
de terminer au Sénégal le 20. Quatre touristes français ont été
assassinés par balles en Mauritanie à la veille de Noël, un
cinquième a été blessé gravement.



La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. La
piste d'activistes liés à des groupes armés islamistes est
privilégiée. Le 29 décembre, la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb
islamique avait diffusé sur des sites djihadistes un communiqué
mettant violemment en cause les autorités mauritaniennes et
dénonçant notamment leur soutien à la sécurisation du Dakar
2008.



L'organisation y critiquait la collaboration de Nouakchott avec
les «Croisés, les apostats et les mécréants», reprenant ainsi la
terminologie djihadiste régulièrement utilisée dans ses menaces et
ses revendications d'attentats.

L'édition 2009 aussi en danger?

Dans un premier temps, les autorités mauritaniennes avaient
assuré qu'elles mobiliseraient 4000 militaires, policiers et agents
privés pour assurer la sécurité du rallye, et ASO avait annoncé le
maintien de l'épreuve. Le gouvernement français a ensuite fait
pression pour obtenir que la société revienne sur sa
décision.



Les organisateurs promettent de revenir en 2009 pour une 31e
édition, mais l'épreuve semble pourtant en danger en raison de la
déstabilisation de la zone par le risque terroriste. En 2004 et
2006 déjà, des étapes en Mauritanie et au Mali avaient du être
neutralisées ou modifiées en raison d'alertes lancées par les
services de renseignement français. Le Valaisan Philippe Cottet,
seul Suisse à être inscrit au départ, dans la catégorie moto, ne
prendra donc pas part à son quatrième départ dans cette course
mythique.



si/tou

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Objet de polémiques

Créée en 1978, partie pour la première fois de Paris en 1979, l'épreuve, qui comptait cette année 570 équipages motos, camions, ou automobiles s'est internationalisée au fil des ans pour devenir le rendez-vous de célébrités, un événement aux lourds enjeux économiques, mais aussi un objet de polémiques. Plusieurs personnalités ont posé au fil des ans, sans succès, le problème de l'éthique d'une compétition sportive traversant des zones ravagées par la guerre et la misère, en faisant de surcroit fréquemment des victimes directes. En trente ans, le rallye a été endeuillé par la mort d'une cinquantaine de personnes, dont huit enfants renversés par des concurrents, sans jamais que l'épreuve s'interrompe.

Réaction d'Hubert Auriol
(Trois victoires, ancien patron du rallye-raid de 1995 à 2004): "L'intégralité de la course, ou en tout cas ses moments forts, devait se dérouler en Mauritanie. Je ne comprends pas... Vu les enjeux, j'aurais supposé qu'il y avait une coopération entre l'organisateur et le pays qui l'accueille pour assurer le bon déroulement de la course. Et visiblement, il y a quelque chose qui a coincé ou qui n'a pas été prévu. Je suis surpris qu'il n'y ait pas de plan B avec une modification de l'itinéraire. Il ne faut pas non plus, du jour au lendemain, dire que la Mauritanie est un pays où on ne peut pas aller. Faut pas exagérer. Ce qui me surprend c'est qu'ils annulent de but en blanc sans chercher une solution, quitte à alléger le parcours. Un certain nombre d'étapes pouvait avoir lieu".