"Depuis le début de l'année, je fais moins de roulage mais plus de voyages", ironise un Sébastien Buemi qui a parfois le sentiment de passer plus de temps dans les aéroports que derrière une voiture de compétition.
Rencontré fin avril lors d'une campagne de prévention routière vaudoise, Buemi a évoqué pour RTSsport.ch le mythique circuit de la Sarthe et s'est plié au "jeu" des comparaisons F1-Endurance.
"Moi ce que je veux c'est rouler"
RTSsport.ch: Depuis que vous êtes 3e pilote chez Red Bull, vous n'avez plus roulé une F1 en circuit. L'homme d'action que vous êtes doit trépigner d'impatience à l'idée de disputer les 24H du Mans!
SEBASTIEN BUEMI: Heureusement qu'il y a ce défi avec Toyota pour rouler et faire quelques courses. Les journées que je passe au simulateur pour Red Bull ne remplacent pas la compétition. C'est sûr, la compétition me manque.
RTSsport.ch: Vous ne vous ennuyez pas parfois dans votre rôle chez Red Bull?
SEBASTIEN BUEMI:
Des fois c'est dur parce que moi ce que je veux c'est rouler. Mais Red Bull me fait faire tellement de choses, cela va des événements marketing aux tests en simulateur, que je n'ai pas le temps de m'ennuyer. Je prends mon mal en patience et je suis convaincu que des choses positives vont se présenter à moi.
RTSsport.ch: Ce n'est pas prévu que vous disputiez les essais de F1 du vendredi?
SEBASTIEN BUEMI: Ce n'est pas d'actualité. Mon rôle est de me tenir prêt à cette éventualité.
RTSsport.ch: Que ressent-on d'être dans une équipe qui compte dans ses rangs le double champion du monde en titre?
SEBASTIEN BUEMI: On voit qu'il y a une meilleure organisation que dans l'équipe où j'ai évolué les 3 saisons précédentes. On va un peu plus dans les détails dans tous les domaines. Et ceci fait une grosse différence au final.
"En Endurance, c'est plus la voiture confortable"
RTSsport.ch: Vous portez cette saison la double casquette de pilote: une pour Red Bull, l'autre pour Toyota. Vous effectuez le même métier mais cela s'arrête là...
SEBASTIEN BUEMI: Les approches sont très différentes. D'un côté, on dispute une course sprint sur 90 minutes, de l'autre côté on est dans l'endurance.
RTSsport.ch: Ce sont donc 2 univers distincts?
SEBASTIEN BUEMI:
Par rapport à la F1, je dirais qu'en endurance c'est plus la voiture confortable. Il faut rouler pendant 24 heures. La voiture est moins poussée à la limite car elle doit tenir 24 heures. En F1, au dernier tour de course, il faudrait que la monoplace se casse. Si elle tombe en panne c'est que vraiment tu as fait le maximum.
Différences de revêtement et d'adhérence
RTSsport.ch: En endurance faut-il être plus concentré qu'en F1?
SEBASTIEN BUEMI: En endurance, la grande différence est qu'on doit savoir se reposer dans un laps de temps très court et à des moments où l'on n'a pas forcément sommeil. Et puis il faut réussir à être bien concentré de nuit, un exercice auquel les pilotes de F1 ne sont pas habitués.
RTSsport.ch: Donc une fois le relais passé à un de vos 2 coéquipiers, c'est dodo!
SEBASTIEN BUEMI: Il faut dormir car sinon cela signifierait que l'on serait réveillé pendant 35 heures! Malgré l'adrénaline, il faut être le plus reposé possible.
RTSsport.ch: Un mot sur le mythique circuit des 24 Heures du Mans?
SEBASTIEN BUEMI: Il y a une partie de la piste qui est utilisée par des voitures normales, une autre pour certaines épreuves et enfin la 3e qui n'est roulée qu'une fois par an lors des 24 Heures du Mans. Donc, il y a des différences de revêtement et d'adhérence.
propos recueillis par Miguel Bao
"On arrive dans le jardin d'Audi"
RTSsport.ch: Audi sera forcément le favori?
SEBASTIEN BUEMI: On arrive un peu dans son jardin. En 10 ans, l'écurie allemande a gagné 9 fois... Toyota (ndlr: 13 ans après l'aventure de la GT-One) n'a jamais disputé les 24H du Mans. Je suis néanmoins convaincu que nous serons compétitifs. Et moi, je cours toujours pour gagner.
RTSsport.ch: Aux 24H du Mans, il y a de gros écarts de vitesses entre les voitures.
SEBASTIEN BUEMI: Il y aura 56 voitures. On appelle ça le trafic. Il s'agit de trouver le bon compromis entre prendre des risques pour ne pas perdre de temps et bien entendu ne pas faire d'accident. La grande différence avec les voitures plus lentes se fera dans les virages, les freinages. Et dans ces moments, il s'agit de s'assurer que le pilote plus lent nous a vu.
PLUS VITE QU'EN FORMULE 1
RTSsport.ch: Les 24H du Mans, une course d'un autre temps?
SEBASTIEN BUEMI: Avec les 500 miles d'Indianapolis, c'est une épreuve incomparable, une des plus belles courses qui draine 400'000 spectateurs.
RTSsport.ch: Certaines voitures des 24H du Mans peuvent atteindre 340-350 km/h, soit plus vite qu'une Formule 1?
SEBASTIEN BUEMI: Et avant l'introduction de 2 chicanes coupant la célèbre ligne droite des Hunaudières longue de 6km, on atteignait les 400km/h!
RTSsport.ch: Le 11 juin 1955, l'envol d'une Mercedes avait provoqué la mort de plus de 80 spectateurs
au Mans...
SEBASTIEN BUEMI: Et depuis ce drame, une loi avait été votée en Suisse interdisant des courses sur circuit.
RTSsport.ch: Terminons sur une note plus joyeuse. L'an passé, un Suisse avait gagné!
SEBASTIEN BUEMI: Je connais Marcel Faessler depuis des années. J'étais très content pour lui.