Sébastien Buemi a conclu dimanche au GP d'Abu Dhabi (Emirats
arabes unis) sa première saison de F1. Seizième dans la hiérarchie
mondiale avec six points, le Vaudois de 21 ans a obtenu quelques
résultats prometteurs, mais aussi essuyé toute une série de
désillusions.
"Le début et la fin de saison ont été magnifiques. Dans
l'intervalle, j'ai vécu plusieurs expériences frustrantes que je
n'oublierai pas de si tôt. Je vais tout entreprendre pour ne pas
revivre ça l'année prochaine", a commenté le pilote Toro
Rosso.
Pour comprendre ce que veut dire le Vaudois, il suffit de jeter un
coup d'oeil sur ses résultats 2009. Cela a débuté avec une
brillante 7e place à Melbourne et un bilan prometteur de trois
points après les trois premiers GP. Las, il s'en est suivi une
longue traversée du désert, marquée par 12 courses hors des points.
Finalement, grâce à une 7e place au Brésil et une 8e à Abu Dhabi,
le "rookie" d'Aigle a pu terminer sa saison sur une note à nouveau
optimiste.
Une histoire de double-diffuseur
"L'équipe et
moi-même avons mal vécu cette période difficile. Avec le recul,
nous l'expliquons par le fait que nous avons été la dernière écurie
à nous munir d'un double-diffuseur (réd: le fameux appendice
aérodynamique placé sous l'aileron arrière qui a notamment fait le
bonheur des Brawn GP cette année). Chez Toro Rosso, nous
n'avons pas pu suivre le rythme de nos concurrents en matière de
développements techniques", a reconnu le pilote établi à
Manama (Bahreïn).
Après son coup d'éclat inaugural à Melbourne (7e), Buemi a aussi
confié qu'il pensait pouvoir rapidement s'installer parmi les
cadors. "Mais cela n'a absolument pas été le cas. Les
difficultés se sont accumulées, ce qui me fait dire aujourd'hui que
la Formule 1 n'est pas si facile que cela. Ce sport exige patience
et concentration permanente", a-t-il lâché.
Concernant son futur dans l'écurie basée à Faenza (It), Buemi
reste dans le flou. "Mon contrat avec Toro Rosso pour 2010
n'est pas encore signé. Je reste toutefois confiant, attendant que
le groupe se décide sur mon avenir", a-t-il noté. Le directeur
sportif de l'écurie, l'Autrichien Franz Tost, est en tout cas
satisfait de son poulain: "Il a fait un bon travail cette année
et nous sommes contents de lui", a-t-il dit.
Mauvais ticket pour Grosjean
Contrairement à Sébastien Buemi, Romain Grosjean n'a pas
grand-chose à sauver de ses débuts en F1. Appelé à la mi-saison
pour remplacer Nelson Piquet Jr, le Genevois est vite passé du rêve
au cauchemar. En sept courses, le pilote à licence française compte
une 13e et une 18e place comme meilleurs résultats. A sa décharge,
il a dû composer avec une Renault peu compétitive. La comparaison
avec son coéquipier, le double champion du monde Fernando Alonso, a
aussi desservi le Franco-Suisse. Sans parler bien sûr de l'affaire
du "crashgate" (accident volontaire de Piquet pour favoriser
Alonso), qui a instauré chez Renault une ambiance peu propice pour
un "rookie".
Aujourd'hui, Grosjean n'est pas sûr de pouvoir conserver son
baquet chez Renault. "De mon côté, je suis très motivé à
poursuivre. Mais la décision ne dépend pas de moi. En seulement
sept courses et avec les lacunes de la voiture, je n'ai pas pu
montrer tout mon potentiel. Du coup, si l'aventure devait s'arrêter
maintenant, cela serait très décevant", a lâché le
Genevois.
si/dbu
Une saison 2009 riche en affaires
La saison 2009 de Formule 1, marquée par le titre du Britannique Jenson Button et de Brawn GP, a été riche en affaires et rebondissements. La F1 a entre autres vu sa survie menacée par une querelle entre écuries et Fédération internationale (FIA).
Au niveau sportif, Brawn GP a posé son empreinte sur le championnat. L'écurie britannique, issue de Honda - qui l'a revendue après plusieurs saisons désastreuses pour une livre symbolique à son ancien directeur technique Ross Brawn -, a bluffé tout le paddock. Extrêmement rapide dès ses premiers tours de roues, Brawn GP a survolé la saison, s'adjugeant le titre pilotes et constructeurs. Le "conte de fée" s'est au final transformé en "film hollywoodien" à la fin heureuse selon Jenson Button, son principal personnage.
L'ancien espoir déchu du sport mécanique britannique peut se féliciter d'être resté chez Honda quand Renault lui tendait les bras durant l'intersaison. A 29 ans, Button, au volant de la meilleure voiture du plateau, a remporté six des sept premières courses de la saison puis a géré son capital avec brio - et un peu de réussite - face à une concurrence divisée.
Que de polémiques
Au niveau technique, le changement de règlement (nouvelle aérodynamique, pneus slicks, Kers, fin des essais privés pendant la saison...) a bouleversé la hiérarchie. Ferrari et McLaren-Mercedes, accaparées par leur combat pour le sacre en 2008, ne l'ont pas suffisamment anticipé. Brawn GP et Red Bull, entre autres, en ont profité. Les querelles réglementaires ont d'ailleurs émaillé la saison. Avant même le début de l'exercice, la FIA a souhaité modifier le mode d'attribution du titre pour 2009. Avant de retirer son projet.
Puis les écuries se sont écharpées au sujet des doubles diffuseurs, ces éléments aérodynamiques conférant davantage d'appuis et de performances, dont les Brawn GP, Toyota et Williams étaient dotées, contrairement aux Ferrari, Renault, McLaren-Mercedes. Du plafond budgétaire au "Crashgate"...
Au niveau polémique, l'année a donc été prolixe. Le sommet fut atteint en milieu d'année, lorsque FIA et écuries se sont déchirées au sujet du règlement 2010, pour lequel la Fédération internationale souhaitait imposer un plafond budgétaire aux volontaires. Ferrari, en tête de la contestation, a menacé de quitter la F1. Mais la FIA a maintenu son projet. Un passage devant la justice française n'y a rien changé. Huit des dix écuries du plateau ont alors annoncé qu'elles créeraient un Championnat concurrent. Ce qui aurait impliqué la fin de la F1. Alors seulement la FIA a capitulé.
Du "Crashgate" à l'accident de Massa
Le "Crashgate" de Renault, du nom de l'accident volontaire de Nelson Piquet Jr au GP de Singapour 2008 (selon lui à la demande des dirigeants de l'écurie Renault d'alors, afin de favoriser son équipier Fernando Alonso), a également fait couler beaucoup d'encre. A la suite du témoignage du Brésilien, le Conseil mondial de la FIA a condamné Renault à une exclusion définitive de la F1 en cas de récidive dans les deux ans à venir. Flavio Briatore, son ancien patron et personnage central de la discipline, est suspendu à vie, et l'ex-ingénieur en chef Pat Symonds l'est pour cinq ans.
Au niveau des frayeurs, l'accident de Felipe Massa, heurté par un élément de l'amortisseur de Barrichello qui le précédait alors qu'il roulait à plus de 250 km/h lors des qualifications du GP de Hongrie, remporte la palme. Le Brésilien s'est encastré dans un mur de pneus à 190 km/h. A quelques centimètres près, il pouvait perdre la vie. Mais le pilote Ferrari, chanceux, a déjà repris le volant, bien disposé à en découdre dès 2010.