Button gagne sous un déluge. Buemi abandonne

Un orage tropical a volé la vedette aux pilotes lors du GP de
Malaisie. Sous les trombes d'eau et les éclairs, la course a été
arrêtée après 32 des 56 tours. En tête à cet instant, le
Britannique Jenson Button (Brawn GP) a été désigné vainqueur, lui
qui s'était déjà imposé à Melbourne en ouverture de saison. Quant à
Sébastien Buemi, sa deuxième course en F1 s'est achevée après 30
tours, alors qu'il pointait à la 11e place. Sous le déluge, le
Vaudois a participé, bien malgré lui, à un véritable festival de
têtes à queue. L'épreuve étant interrompue quelques minutes plus
tard, le pilote aiglon a tout de même été classé au 16e rang.



«Mes pneus pluie étaient complètement détériorés. Je devais
rouler comme si j'étais avec des slicks. J'ai tenté de ralentir,
mais cela ne s'est pas avéré suffisant avec toute cette eau. Je
n'avais plus aucun contrôle sur ma voiture», a commenté Buemi,
dont le coéquipier français chez Toro Rosso, Sébastien Bourdais, a
terminé à la 10e place.

Un circuit transformé en lac

Les pilotes avaient parcouru 32 tours lorsque les organisateurs
décidaient enfin de sortir le drapeau rouge et de renvoyer aux
stands des F1 devenues de véritables offshores. Plus de 50 minutes
de confusion suivaient cette interruption, le temps pour la
Fédération internationale (FIA) de trancher et d'arrêter
définitivement la course.



«Les conditions étaient très mauvaises. On ne pouvait pas voir
le circuit. Mon équipe m'a demandé d'essayer de rester sur la piste
et c'était déjà difficile. Parfois, on dit que des rivières se
forment sur les circuits. Là, c'était un lac», s'est amusé
Button. «Je suis content que la course n'ait pas repris. On
aurait passé dix tours derrière la voiture de sécurité, avec la
crainte de sortir de piste à chaque virage», a poursuivi le
Britannique, qui offre un deuxième succès à la toute nouvelle
écurie Brawn GP, née du retrait de Honda. Corollaire de ce Grand
Prix amputé, seulement la moitié des points seront attribués, soit
cinq pour le vainqueur, car les 75 % des tours n'ont pas été
couverts.

Ferrari à la rue

A noter encore le premier podium de
l'année pour l'écurie germano-suisse BMW-Sauber, grâce à la
deuxième place de Nick Heidfeld. L'Allemand n'était pourtant parti
qu'en 10e position sur la grille de départ. Son coéquipier polonais
Robert Kubica a été contraint à l'abandon au 2e tour. Comme à
Melbourne, où elle n'avait pris aucun point, Ferrari, à la
stratégie défaillante, a été la grande perdante du week-end. La
Scuderia avait déjà péché par «présomption», selon son patron, lors
des qualifications samedi, annihilant les chances de Felipe Massa,
parti 16e.



Dimanche, elle s'est encore trompée en précipitant le passage aux
pneus extra-pluie de Kimi Räikkönen, ce qui a causé une
dégringolade au classement pour le Finlandais, soudainement très
lent et finalement 14e. Contrairement aux pilotes de Ferrari, le
Britannique Lewis Hamilton (McLaren-Mercedes) a débloqué son
compteur. Le champion du monde en titre s'est classé au 7e
rang.



si/tai

Programmation moquée par les pilotes

Pluie ou pas pluie, jour ou obscurité, la programmation du Grand
Prix de Malaisie à 17h00 locales pour choyer les téléspectateurs
européens a été raillée par les pilotes sur le circuit de Sepang,
où un orage a mis fin prématurément à la course.



Le Britannique Jenson Button, vainqueur de la course, a joué la
carte de l'ironie, au nom de ses collègues. "Nous pensions que
c'était une idée fantastique", a-t-il glissé, un petit sourire
aux lèvres. En 2008, le départ du Grand Prix avait été donné à
15h00 locales (07h00 GMT), contre 17h00 (09h00 GMT) dimanche.



Le Grand Prix d'Australie, le 29 mars à Melbourne, avait déjà été
déplacé à la demande de la Formula one management, la société de
Bernie Ecclestone qui gère les droits commerciaux de la Formule 1.
Et les pilotes avaient peu apprécié.



"A Melbourne, avec la mauvaise lumière (rasante à l'heure
du coucher du soleil), il était difficile de voir les sorties
de virages", a expliqué Button. "Mais à Sepang, il fait
sombre très rapidement et, comme nous le savions tous, il y a
normalement des tempêtes de pluie vers 17h00 ou 18h00. C'est ce qui
s'est passé", a-t-il ajouté.



Devant son téléviseur, le spectateur européen patientait au rythme
des conjectures des commentateurs. Rien n'a été dit aux
journalistes présents à Sepang.

Rien d'intelligent

La course allait-elle reprendre ? Dans quelles conditions,
sachant que le ciel ne se dégageait pas ? Jenson Button, protégé
par parapluie et serviettes, a appris sa victoire par l'un des
cadres de son équipe. La F1, au marketing éprouvé, a surpris par
son amateurisme.



La FIA est montrée du doigt. "A une heure normale, rien de
ceci ne se serait arrivé", a souligné Massa. "Courir en
fin d'après-midi est une idée qui avait l'air super-intelligente,
mais qui n'avait rien d'intelligent", a-t-il insisté.



Le dilemme de la Formule 1 est résumé par l'épisode malaisien.
Exportée aux quatre coins du globe, principalement en Asie, pour
des raisons financières, la discipline reste principalement
regardée par les Européens. A vouloir contenter tout le monde, la
F1 est condamnée à un grand écart permanent, dans lequel elle
pourrait perdre sa crédibilité.



afp/bao