Non, Michael Schumacher ne sera pas au volant d'une Ferrari le
23 août pro- chain, à l'occasion du GP d'Europe à Valence. On le
savait certes depuis mardi, mais l'Allemand de 40 ans a tenu à
venir s'en expliquer lui-même, presque la mort dans l'âme, à
l'occasion d'une conférence de presse à Genève.
"J'aurais évidemment préféré que cette conférence n'ait pas
lieu", a d'abord confié "Schumi", visiblement déçu "de ne
pas pouvoir faire ce qu'il voulait vraiment faire", à savoir
aider Ferrari. "C'est le moment le plus difficile de ma carrière",
a poursuivi le septuple champion du monde, résident de Gland.
Mais voilà, la vérité du jour n'étant pas forcément toujours celle
du lendemain, il n'est pas exclu que l'homme aux 91 succès en GP
(68 pole position) reparte en chasse aux 100 victoires. Les rumeurs
disent même que Schumacher pourrait revenir lors du GP "maison" de
Monza (13 septembre), ou alors en 2010, si Ferrari dispose de 3
bolides, comme c'est le voeu de Luca Di Montezemolo, le président
de Ferrari.
"Médicalement, rien ne s'oppose à un retour"
"Schumi" n'a en tout cas rien exclu, une fois que ses blessures
au cou seront toutes totalement guéries. "Médicalement, rien ne
s'opposera à un retour", a laconiquement dit l'ex-pilote.
"Là, je ne peux pas m'aligner à Valence, c'est la seule chose
qui compte". Ca veut dire ce que ça veut dire...
Schumacher n'a pas voulu en dire davantage sur l'éventuelle suite
d'une carrière arrêtée fin 2006, sans regret. "A cette époque,
je n'en pouvais plus, les batteries étaient mortes. On m'avait
offert un gros contrat pour continuer mais je ne voulais
plus". Trois ans plus tard, la donne semble pourtant avoir
changé.
"Schumi" n'a jamais vraiment quitté les circuits depuis sa
retraite, restant au sein du paddock dans son rôle de conseiller
auprès de la "Scuderia". Et quand Felipe Massa a été victime d'un
terrible accident en Hongrie, il savait que l'inévitable question
viendrait. "J'ai pu la préparer, en famille...". Luca Di
Montezemolo étant "très fort pour convaincre les gens",
l'Allemand n'a pas hésité longtemps avant de ressauter dedans.
"Mais, depuis le début, Ferrari et moi avions dit que nous
étions prêt à le faire, mais à la seule condition que ce soit
vraiment possible".
C'est le pire
accident que Michael n'ait jamais eu
Johannes
Peil, médecin personnel de "Schumi"
Et sans un
vilain accident de moto le 11 février dernier en Espagne, cela
aurait été possible. Sauf que ledit accident n'a pas été sans
conséquences... "C'est le pire accident que Michael n'ait
jamais eu", a lâché Johannes Peil, chef de la clinique
sportive de Bad Nauheim et médecin personnel de Michael Schumacher
depuis 9 ans. Car Michael Schumacher aurait très bien pu y rester,
à Carthagène. Un "danger de mort" a d'ailleurs été évoqué
par le Dr Peil à Genève. "Un casque protège tous les endroits
de la tête, sauf à la base de celle-ci", a précisé le
praticien allemand.
"Il avait été victime d'une fracture de l'os occipital, au
niveau de l'atlas", a détaillé le Dr Peil. "C'est un en
droit pas plus gros que l'ongle d'un pouce, sur lequel repose tout
le crâne". Et là surtout que repose aujourd'hui tout le
problème, alors que ses autres fractures de l'époque - 7e vertèbre
cervicale et une côte - sont guéries.
Au moment de grimper dans le cockpit d'une Ferrari pour un premier
test fin juillet, au Mugello, Michael Schumacher ne ressentait
aucune douleur, a précisé son médecin. Mais c'était à ce moment-là
seulement que le véritable test commençait. "On peut se tester
sur n'importe quelle machine ou simulateur, rien ne vaut une séance
de pilotage". Et c'est justement là que les douleurs sont
apparues. Un crâne "casqué" pèse environ 6 kg. Mais en circuit, le
pilote encaisse près de 5G, ce qui fait que la tête doit supporter
un poids de 30 kg! "Michael a multiplié les séances de kart,
mais n'a rien senti", a dit le Dr Peil. "Mais un kart
n'est pas une F1!".
Affûté comme à ses plus belles années
Pour Michael Schumacher, la "douleur" est d'autant plus forte
que, mis à part son crâne, il est aussi affûté physiquement qu'à
ses plus belles années. "Pour tout le reste de mon corps, de
mon poids, tout est revenu au niveau que j'avais avant. Sauf mon
cou...".
Le "Baron Rouge" aurait même pu apporter une aide substantielle à
la "Scuderia", à la peine en championnat du monde. "On ne peut
pas dire que j'ai une référence au Mugello, surtout que je tournais
avec un vieux modèle et des pneus utilisés en GP2. Mais j'ai
retrouvé sans peine tout mon feeling et ma vitesse..." Un
feeling qui lui fait malheureusement encore défaut au niveau du
crâne...
Genève, propos recueillis par Daniel Burkhalter
Une opération était trop risquée
La question méritait toutefois d'être posée. Pourquoi Michael Schumacher n'at-il pas été opéré? "C'est une option qui a été envisagée", dit le Dr Peil. "Mais elle était très risquée et sans véritable garantie. Aujourd'hui, tout se remet gentiment en place, mais il faut du temps. De 3 à 18 mois...".
"Schumi" va donc désormais prendre un peu de temps pour faire le point, éventuellement aller à Valence - "seulement si je peux apporter quelque chose. Si ça crée de la confusion, je reste à la maison". Et, dans quelque temps, il regrimpera dans le cockpit d'une Ferrari pour un nouveau test. Pour un vrai retour en F1? On parie?
Ce que "Schumi" a aussi dit
A propos de son accident de moto: Je crois au destin. Si ça m'est arrivé, c'est que ça devait arriver. La moto, on sait tous que c'est dangereux. Mais voilà, c'est moi. J'aime faire des choses dangereuses. Mais il y a tout de même un point positif: j'ai survécu!
A propos de Felipe Massa: Felipe était la bonne personne pour prendre ma place, dès 2007, après ma retraite. Ce n'est pas seulement un pilote mais aussi un excellent ami. Aujourd'hui, il va beaucoup mieux et ça c'est déjà une excellente nouvelle.
A propos du soutien populaire ressenti dès l'annonce de son "retour": C'était une véritable surprise. Et en même temps quelque chose de très motivant.
A propos de son "remplaçant", Luca Badoer: Luca est là depuis que j'ai commencé, c'est dire s'il connaît la maison. Dès le moment où je ne pouvais pas courir, il était certain qu'il aurait sa chance. En plus, il s'est toujours tenu prêt pour ça. Il n'était pas juste là à attendre son tour, assis sur sa chaise. Au niveau de sa forme physique et de sa connaisance de Ferrari, c'est donc le bon choix. En tant que pilote-essayeur, il connaît bien les voitures. Je sais qu'il n'a plus disputé de course depuis près de 10 ans, mais un pilote ne perd jamais son "racing spirit"!
Même Beckenbauer voulait venir à Valence!
Tout le monde se réjouissait du retour annoncé de Michael Schumacher sur les circuits de F1. Et pas seulement ses plus grands fan. Willi Weber, manager depuis plus de 20 ans de Michael Schumacher, a en effet raconté que Franz Beckenbauer, l'une des têtes dirigeantes du Bayern Munich, l'avait appelé pour savoir s'il pouvait venir à Valence.
Le "Kaizer" aurait même déclaré que "dès à présent (une fois le retour de "Schumi" connu), il allait à nouveau suivre la F1 à la télévision".
Quand on lui a demandé si la Formule 1 n'était plus la même depuis que Michael Schumacher a pris sa retraite, fin 2006, l'omnipotent manager a réfléchi un instant, avant de lâcher: "quand je vois toutes les réactions que nous avons eues à l'annonce de son retour, je dois bien avouer que la F1 n'était effectivement plus la même..."