Publié

Flavio Briatore: "j'ai juste essayé de sauver l'écurie"

Reverra-t-on bientôt Briatore dans le costume d'un dirigeant de F1?
Pas sûr que le départ de Flavio Briatore suffira à sauver Renault.
Flavio Briatore affirme qu'il était de son devoir de se sacrifier. Mais le départ de l'homme d'affaires italien ne suffira pas à réparer les dégâts infligés à la F1 par le scandale Renault.

"J'ai juste essayé de sauver l'écurie", a expliqué
l'ancien patron de l'équipe après avoir été mis à l'écart mercredi
en même temps que Pat Symonds, directeur de l'ingénierie. Renault a
reconnu en outre les accusations de tricherie lors du Grand Prix de
Singapour 2008, où Briatore et Symonds auraient demandé à Nelson
Piquet d'avoir un accident pour favoriser la victoire de leur autre
pilote, Fernando Alonso.



"C'est mon devoir, c'est la raison pour laquelle c'est fini
pour moi",
ajoute Briatore, cité par plusieurs journaux
britanniques. Le mal est fait, cependant, et le «Times» n'hésite
pas à parler de "pire acte de tricherie dans l'histoire du
sport."
Avant la comparution, lundi, des responsables de
l'écurie Renault devant le conseil mondial de la Fédération
internationale (FIA), Niki Lauda a mis la pression sur l'instance
dirigeante en réclamant une sanction exemplaire.



"Le scandale d'espionnage McLaren il y a deux ans était
extrêmement sérieux mais les mécaniciens ont toujours discuté entre
eux de données techniques", souligne le triple champion du monde,
cité par le «Daily Mail». "Ceci, cependant, est nouveau. Les
plus gros dégâts jamais vus. Maintenant, la FIA doit punir Renault
pour rétablir la crédibilité de ce sport."
McLaren a reçu en
2007 une amende de 100 millions de dollars pour espionnage sur
Ferrari. Avant la mise à l'écart de Briatore et Symonds, Max
Mosley, président de la FIA, a déclaré que le scandale Renault
était plus grave que l'affaire McLaren.

Jackie Stewart écoeuré

"Il y a quelque chose de
fondamentalement pourri et mauvais au coeur de la Formule 1"
,
juge une autre gloire de la discipline, Jackie Stewart, cité par le
«Sun». "Je n'ai jamais vu en F1 une telle folie
auto-destructrice"
, ajoute-t-il. "Des millions de fans
sont abasourdis, sinon écoeurés, de voir le sport aller de crise en
crise et tout le monde en rejeter la faute sur les
autres.
"



Renault ne souhaite pas voir son image ternie par la «faute» de
deux hommes, dont la mise à l'écart pourrait lui éviter le pire.
"On n'aime pas ça mais il ne faut pas non plus que la faute de
deux personnes rejaillisse sur le travail de toute une entreprise
et de toute l'équipe de Formule 1"
, a déclaré à RTL Patrick
Pélata, directeur général de Renault. L'éviction de Briatore et
Symonds pourrait sauver Renault d'une exclusion de la F1. Quant à
un possible retrait volontaire du constructeur français, dans la
foulée de ceux de Honda et BMW, il n'est pas d'actualité, a laissé
entendre Patrick Pélata.

Bernie Ecclestone reste confiant

Bernie Ecclestone, grand argentier de la F1 et partenaire de
longue date de Briatore, rappelle que le plus prestigieux des
sports mécaniques en a vu d'autres et estime qu'il s'en remettra.
"Ce sport s'est relevé de beaucoup de choses, alors que les
gens disaient que c'était la fin, et il se relèvera de ceci
également",
prédit Ecclestone, cité par le «Daily Mirror».
"La fin aurait dû arriver avec la mort d'Ayrton Senna et la
retraite de Michael Schumacher. Les gens disent que c'est une année
torride mais c'est toujours comme ça en F1. Il se passe toujours
quelque chose. Ce n'est jamais tranquille."




agences/ggol

Publié

L'"annus horribilis" de la F1

L'affaire de tricherie qui frappe l'écurie Renault s'inscrit dans une année de marasme général pour la Formule 1, ébranlée par la crise économique et affaiblie par les controverses. Sport-spectacle par excellence où l'argent s'expose, à rebours des considérations écologistes qui balaient la planète en danger, la F1 a très rapidement été rattrapée par la crise. Deux géants de l'automobile ont annoncé leur retrait. Honda s'est éclipsé avant même le début de la saison 2009. L'écurie a finalement été reprise début mars, par son directeur, le Britannique Ross Brawn pour... une livre sterling symbolique.

Sept mois plus tard, l'Allemand BMW, sans doute lassé par les performances décevantes de ses monoplaces, annonçait son absence du plateau 2010. L'écurie Sauber, propriété de BMW, a finalement été cédée à un fonds d'investissements. Les effets de la crise ont également affecté les relations entre les principales écuries, menées par Ferrari et Renault, et la Fédération internationale de l'automobile (FIA). Cette dernière entendait plafonner à 45 millions d'euros le budget des écuries le souhaitant, en échange d'avantages techniques indéniables. Actuellement, les budgets de certaines écuries dépassent les 400 mio d'euros.

Réunies en association (Fota), les grandes formations, qui avaient un temps envisagé de créer un Championnat parallèle puis traîné la FIA en justice, ont fini par faire reculer la Fédération internationale. La FIA a cependant entériné l'arrivée en 2010 de trois nouvelles équipes: Manor, Campos et USF1.

Le débat a pollué le début de la saison, avant de déboucher sur le renouvellement des accords Concorde, portant sur les droits commerciaux et le règlement sportif. Ce chapitre était sur le point de se refermer lorsque survint le grave accident du Brésilien Felipe Massa (Ferrari), dont le casque fut transpercé par un élément de la suspension de son compatriote Rubens Barrichello, lors du Grand Prix de Hongrie le 25 juillet. Un temps envisagé, le retour du septuple champion du monde allemand Michael Schumacher a finalement été repoussé. Au profit du pilote d'essais Badoer, auteur d'un pitoyable intérim au volant d'un bolide de légende, puis de Giancarlo Fisichella, transféré en cours de saison de l'écurie concurrente Force India...

Histoires d'argent, blessure grave... La Formule 1 naviguait en eaux troubles au milieu de l'été quand survint l'affaire Renault, un cas présumé de tricherie, lors du Grand Prix de Singapour 2008. Révélé par la télévision brésilienne Rede Globo, le témoignage du pilote Nelson Piquet Jr., à qui les deux principaux dirigeants de Renault auraient demandé de provoquer volontairement un accident pour faciliter la victoire de son coéquipier Fernando Alonso au gré d'un scénario machiavélique, affecte sérieusement la discipline.

Entité relativement autonome de la société mère, l'écurie Renault F1 - qui se partage entre l'Angleterre et la France - a choisi la voie du mea culpa en annonçant les départs de son directeur Flavio Briatore et de l'ingénieur Pat Symonds. Renault F1 a également indiqué qu'elle ne contesterait pas les allégations de tricherie. Ces aveux suffiront-ils? Lors du Conseil mondial, qui sera réuni lundi 21 septembre pour examiner le cas Renault, la FIA, confrontée au plus grand scandale de l'histoire du sport automobile, devra trancher: faut-il exclure Renault? Et pour combien de temps? Avec en toile de fond un dilemme... Une exclusion rendrait un peu d'éclat à la F1, mais la priverait de l'un de ses acteurs majeurs, dans une période décidément noire.