Entre espionnage, tricherie, désobéissance et conduite
préjudiciable, les conflits rongent comme la gangrène le
championnat du monde depuis des semaines. Et éclipsent la
magnifique bataille que se livrent quatre pilotes et deux écuries
pour les titres suprêmes.
Tout juste félicité pour sa victoire dans le Grand Prix de Hongrie
que Lewis Hamilton, leader du championnat du monde des pilotes,
doit s'expliquer sur sa désobéissance en qualifications. Celle-ci a
provoqué en cascade des décisions jugées antisportives et
préjudiciables au sport par la Fédération internationale (FIA) dont
la foudre a frappé son coéquipier Fernando Alonso et leur équipe
McLaren-Mercedes.
Explications légères
Résultat: un conflit désormais ouvert entre le Britannique et
l'Espagnol, et une crise bien paradoxale au sein d'une écurie
pourtant en tête dans les deux classements mondiaux. Une écurie
dont les deux monoplaces se sont montrées les plus rapides du
plateau sur le Hungaroring, et auraient certainement fêté un doublé
si Alonso n'avait pas été déclassé de sa pole position. Hamilton a
beau s'excuser, promettre que «cela ne se reproduira plus» et qu'il
écoutera désormais toutes les consignes de son équipe, le mal est
fait: McLaren-Mercedes est privée de points au championnat
constructeurs en Hongrie.
Le patron Ron Dennis peine à trouver des explications à l'extrême
tension interne à son équipe, si ce n'est «la difficulté à gérer
deux talents tels que Hamilton et Alonso». Une explication un peu
légère venant d'un homme qui a eu à gérer la cohabitation entre les
monstres sacrés Alain Prost et Ayrton Senna.
Sur fond d'espionnage
Il faut dire que lorsqu'il n'est pas attaqué sur le front de
l'espionnage par Ferrari, ses propres pilotes se chargent de lui
faire blanchir les cheveux. Il semble que samedi, il se les soit
même arrachés, ses cheveux, à cause du comportement de Hamilton.
«Il n'était pas content...», convient le Britannique.
Il y a de quoi, puisqu'au bout du compte, McLaren-Mercedes a perdu
une bonne occasion d'accroître son avantage au championnat
constructeur sur son plus sérieux rival, Ferrari. Rival à la piste,
mais également à la ville où l'écurie italienne accuse la
britannique d'espionnage.
Briatore s'en mêle
Mais si seules ces deux écuries sont directement impliquées dans
l'affaire d'espionnage, d'autres veulent observer de près
l'évolution de l'affaire, à l'image de Renault qui «est aussi
lésée», selon le patron du Losange, Flavio Briatore. Et tout en
affirmant en avoir assez de ces histoires qui relèguent l'aspect
sportif de ce championnat au second plan, Briatore s'en prend aux
deux écuries incriminées.
«Il est évident que McLaren avait des données concernant la
répartition des masses en provenance de chez Ferrari qui utilisait
des pneus Bridgestone depuis près de dix ans», accuse Briatore,
expliquant ainsi pourquoi l'équipe de Ron Dennis avait été
immédiatement compétitive en abandonnant les gommes Michelin, alors
que Renault a mis des mois à s'adapter.
Mais en même temps, Briatore s'en prend à Ferrari qui a utilisé en
Australie un fond plat mobile illégal «et l'aurait fait tout au
long de l'année» si McLaren n'avait attiré l'attention de la FIA à
ce sujet, selon les termes de Dennis. «Si la voiture a changé,
c'est qu'elle n'était pas légale», analyse Briatore.
si-afp/ppl
Championnat du monde 2007
Pilotes
1.Hamilton GBR/McLaren 80 pts
2.Alonso ESP/McLaren 73
3.Räikkönen FIN/Ferrari 60
4.Massa BRE/Ferrari 59
5.Heidfeld ALL/BMW 42
6.Kubica POL/BMW 28
7.Fisichella ITA/Renault 17
8.Kovalainen FIN/Renault 16
9.Wurz AUT/Williams 13
10.Webber AUS/Toro Rosso 8
Constructeurs
1.McLaren-Mercedes 138 pts
2.Ferrari 119
3.BMW-Sauber 71
4.Renault 33
5.Williams-Toyota 20
6.Red Bull-Renault 16
7.Toyota 12
8.Super Aguri-Honda 4
9.Honda 1
Alonso chez Renault ?
"Je ne sais pas" ! C'est la réponse laconique de Fernando Alonso au journal espagnol Marca qui lui demandait s'il pensait rester dans l'écurie McLaren-Mercedes. Marca rapporte que juste après la course, le père du double champion du monde et son manager se sont entretenus durant 20 minutes avec Flavio Briatore, le patron de Renault. L'écurie française aimerait récupérer le prodige, qui intéresse aussi BMW. Problème: le contrat "en béton" liant Alonso et McLaren jusqu'en 2009. Seul un accord mutuel à l'amiable pourrait permettre à l'Espagnol de s'échapper de ce qu'il estime aujourd'hui être une cage dorée.