Le septuple champion du monde Michael Schumacher, 6e à Bahreïn,
une performance assez décevante pour son retour en Formule 1, a
admis jeudi à Melbourne qu'il ne rêvait pas de "botter les
fesses" des autres pilotes, pour son retour en F1, mais
"les miennes n'ont pas été bottées non plus", a-t-il
ajouté.
"Si on pense que je vais gagner (pour mon retour),
c'est parfait. Je sais que les gens attendent beaucoup de moi,
et j'en suis fier. Mais je ne suis pas non plus un magicien. Je
suis un processus. J'ai été là assez longtemps pour savoir ce que
cela prend" pour être devant, a estimé l'Allemand. Un rang
derrière son coéquipier Nico Rosberg pour le premier GP de la
saison, ce qui ne lui est pas pas arrivé souvent dans sa carrière,
"mais je n'ai pas souvent fait non plus de coupure de trois
ans", a-t-il remarqué.
"Là pour le plaisir, mais pas seulement"
Ce sont mes fesses
qui ont été bottées
Michael
Schumacher
Schumacher s'est dit tout de même
"satisfait de comment vont les choses", sa progression.
"Je rêvais de venir ici et de botter les fesses de tout le
monde, au lieu de quoi ce sont les miennes qui ont été bottées.
Mais c'est ok", a-t-il commenté, ajoutant être "là pour le
plaisir, mais pas seulement. Je veux gagner. C'est naturel. La joie
est plus grande quand le succès est là".
Questionné à plusieurs reprises en conférence de presse sur ses
objectifs, le "Kaiser" (l'empereur) a demandé à être "jugé sur
ses résultats". "On n'a pas besoin de fixer des règles ou
des repères sur ce que je dois atteindre", a-t-il tranché,
après avoir été relancé plusieurs fois sur le sujet.
"La meilleure performance possible" à Bahrein
La performance en demi-teinte de Schumacher s'explique en partie
par celles de sa Mercedes, qui se trouve au niveau des McLaren mais
en retrait par rapport aux Red Bull et aux Ferrari. "On a pas
mal de retard à rattraper", a confié "Schumi" jeudi, à trois
jours du GP d'Australie, dimanche à Melbourne. "On a atteint
Nico et moi la meilleure performance possible (à Bahrein).
C'est à ce niveau que la voiture se trouve en ce moment.
Maintenant, c'est à nous et à l'équipe de l'améliorer", a-t-il
affirmé. "La F1 est un travail dur, c'est un challenge
difficile, mais c'est pour ça que je suis là", a souligné
l'Allemand, qui s'est déclaré "peut-être un peu accroc au
challenge, c'est vrai."
"L'Australie sera une course difficile pour nous", a
indiqué mercredi Norbert Haug, directeur de Mercedes Sport.
"Nos progrès vont se manifester et avoir des effets, mais ce
n'est pas possible du jour au lendemain", a-t-il
poursuivi.
Homme de tous les records, Michael Schumacher a remporté sept
championnats (1994, 1995, 2000, 2001, 2002, 2003 et 2004) en 16
saisons, de 1991 à 2006, pour 91 victoires et 68 pole positions et
un total de 1369 points.
MARK WEBBER PROPHETE EN SON PAYS?
Mark
Webber, qui avait signé deux victoires en 2009, a l'opportunité
unique de devenir le premier Australien à remporter le Grand Prix
d'Australie en s'imposant dans son jardin au volant de sa très
rapide Red Bull, dimanche à Melbourne.
Longtemps cantonné au fond de grille, Webber a pendant la majeure
partie de sa carrière été considéré comme un sans-grade: à peine un
podium (Monaco 2005) pour ses cinq premières saisons, passées dans
de petites écuries - Minardi (2002), Jaguar (2003-2004) puis
Williams (2005-2006). L'Australien (33 ans) n'a éclos que
tardivement.
Parti chez Red Bull en 2007, il a suivi l'ascension de la
structure britannique. Un podium au GP d'Allemagne 2007, puis...
huit autres la saison dernière, dont deux victoires, au Nürburgring
et à Sao Paulo. Quatrième du classement général en 2009,
l'Australien a gagné ses galons de pilote de pointe et le respect
de ses adversaires.
La Red Bull, la meilleure voiture du plateau
Respect qui s'est mué en crainte pour le Championnat 2010. Car
Webber et son coéquipier Sebastian Vettel pilotent à présent la
meilleure voiture du plateau. La Red Bull était intouchable à
Bahreïn, comme l'a reconnu Felipe Massa (Ferrari), 2e de la course
d'ouverture. Seule une bougie récalcitrante a privé Vettel,
longtemps leader mais finalement 4e, d'un succès mérité.
Webber, 8e, a vu ses chances noyées par de mauvaises
qualifications. "Je n'ai pas été bon en Q3 et j'en ai payé le
prix", a commenté l'Australien. "Mais en course, la
voiture m'a semblé fantastique", a-t-il poursuivi, se disant
"très enthousiaste par les perspectives" que sa monoplace
lui offre pour "le reste de la saison".
"Mark est à son sommet"
A commencer par le GP d'Australie, dimanche sur le circuit
urbain d'Albert Park, à Melbourne. "Il sera compétitif devant les
siens. Moi, j'espère qu'il ne le sera pas. Mais il sera rapide", a
pronostiqué Jenson Button (McLaren), vainqueur de l'édition 2009
sur Brawn GP.
"Sa voiture était phénoménalement rapide lors de la dernière
course et l'an passé Red Bull a effectué un travail incroyable. Ils
ont connu quelques années difficiles en tant qu'équipe. Mais ils
ont deux pilotes extrêmement talentueux. Mark est à son
sommet", a remarqué Lewis Hamilton, sur l'autre McLaren.
L'intéressé se prend à rêver de succès. "Ce serait une très
belle sensation. Je ne pense pas qu'un seul pilote ne souhaite pas
gagner son GP maison", a commenté Webber, se souvenant,
envieux, d'avoir vu son compatriote Michael Doohan "remporter
la course moto à Philip Island", près de Melbourne.
Faire mieux que Brabham et Jones
"Je viens ici depuis longtemps. La voiture est à un très bon
niveau. Nous avons l'opportunité de frapper un grand coup. Mais il
faut pour cela que tout se passe parfaitement", a-t-il
observé. Webber réaliserait alors un exploit que les deux légendes
australiennes de la F1, Jack Brabham et Alan Jones n'ont pu
réussir. Le GP d'Australie n'avait pas encore vu le jour quand
Brabham, triple champion du monde (1959, 1960 et 1966), mit un
terme à sa carrière. Et Jones, sacré en 1980, n'était pas entré
dans les points lors de sa seule course sur le sol national en
1986.
"Il n'est pas aussi facile (pour un Australien) que
pour des pilotes venant d'autres pays, d'essayer de se battre en
Formule 1", a souligné Webber. Un supplément de motivation
pour le "Flying Aussie" (l'Australien volant), s'il en avait
besoin.
agences/dbu
"La F1, c'est pas le Cirque du Soleil!"
La Formule 1 n'est pas le "Cirque du Soleil", a affirmé Fernando Alonso (Ferrari) jeudi à Melbourne, en réponse aux critiques de nombreux pilotes sur la qualité du spectacle proposé à Bahreïn, pour le Grand Prix ouvrant la saison 2010.
"A Bahreïn, la course n'a pas été ennuyeuse du tout. Je n'ai pas vu de différence avec les années précédentes. En 2009, Jenson (Button) a gagné six des sept premiers Grands Prix en roulant tout seul. Et personne n'a rien dit sur les règles", a remarqué l'Espagnol. "Cette année, j'ai été surpris d'entendre toutes les critiques sur les règles. Pour moi, la course a même été assez intéressante", a-t-il poursuivi, pointant notamment la bataille "entre Vettel et les deux Ferrari", celle entre "Rosberg et Hamilton dans la première partie" de course, puis celle entre "Michael (Schumacher), Jenson (Button) et Webber" dans la deuxième.
Les ravitaillements en essence ont été interdits cette saison, pour la première fois depuis 1993, afin d'éviter que l'issue des courses ne se décide dans les stands. Cette mesure, combinée au rétrécissement des pneus avant des monoplaces, avait pour but d'améliorer le spectacle en F1. La première course à Bahreïn a toutefois été marquée par un faible nombre de dépassements entre les meilleurs. Les seules manoeuvres d'importance se sont faites aux dépens du leader Sebastian Vettel, finalement 4e, mais qui semblait intouchable avant qu'une bougie de sa Red Bull ne le prive de victoire.
De nombreux pilotes, à l'instar de son coéquipier Mark Webber, ont pesté contre une course "ennuyeuse". Certains ont proposé des modifications du règlement, pour imposer au moins deux changements de pneus aux écuries. "Il faut garder son calme et attendre quelques courses pour évoluer, voir si les courses sont meilleures ou pires avec les nouvelles règles. Des arrêts obligatoires sont ridicules", a répondu Alonso. "On est en F1, pas dans le Cirque du Soleil. Celui qui veut voir un autre spectacle, des accidents, des voitures de sécurité, de la pluie, qu'il cherche un autre sport. Ici, on est dans le plus haut niveau technique, avec les voitures les plus rapides, la plus haute précision", a-t-il poursuivi.
"On est tous là pour gagner, être champion. Des spectacles, il y en a beaucoup, et de très bons. Mais ils se font en pavillon, en soirée, ou lors de shows mécaniques", a ironisé le double champion du monde.
BIENTOT UN GRAND PRIX A NEW YORK?
Bernie Ecclestone, le "patron" financier de la Formule 1, espère que New York organisera un Grand Prix à partir de 2012. Ecclestone déclare jeudi dans "La Gazzetta dello Sport": "J'essaye pour 2012. Ce serait en face de Manhattan dans le New Jersey, avec les gratte-ciel en arrière-plan."
Il n'y a plus eu de Grand Prix de F1 aux Etats-Unis depuis 2007, quand Lewis Hamilton l'avait emporté à Indianapolis, ce qui avait mis fin à huit ans de course sur ce circuit. Auparavant, Phoenix avait abrité trois Grands Prix entre 1989 et 1991, alors que Watkins Glen avait reçu la F1 entre 1961 et 1980.
F1, GP d'Australie (28 mars), statistiques
Les derniers vainqueurs
2009: Jenson Button (GBR/Brawn GP)
2008: Lewis Hamilton (GBR/McLaren-Mercedes)
2007: Kimi Räikkönen (FIN/Ferrari)
2006: Fernando Alonso (ESP/Renault)
2005: Giancarlo Fisichella (ITA/Renault)
2004: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2003: David Coulthard (GBR/McLaren-Mercedes)
2002: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2001: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2000: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
CLASSEMENTS
Pilotes
1. Fernando Alonso (ESP) 25
2. Felipe Massa (BRA) 18
3. Lewis Hamilton (GBR) 15
4. Sebastian Vettel (GER) 12
5. Nico Rosberg (GER) 10
6. Michael Schumacher (GER) 8
7. Jenson Button (GBR) 6
8. Mark Webber (AUS) 4
9. Vitantonio Liuzzi (ITA) 2
10. Rubens Barrichello (BRA) 1
Constructeurs
1. Ferrari 43 pts
2. McLaren 21
3. Mercedes GP 18
4. Red Bull 16
5. Force India 2
6. Williams F1 1
PNEUS "TENDRES" ET "DURS"
Bridgestone fournira des pneus secs de spécification "tendre" et "dure" aux 12 écuries participant au GP d'Australie, dont les premiers essais libres sont programmés vendredi à Melbourne sur le circuit d'Albert Park. La moins dure des deux qualités de gommes, la tendre, sera identifiable, comme le veut le règlement de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), par un marquage vert sur le pneu.
Bridgestone a mis au point pour l'ensemble de la saison quatre types de pneus pour conditions sèches: dur, medium, tendre et extra-tendre. Mais deux seulement sont retenus à chaque Grand Prix.