Jenson Button (McLaren), tirant un profit maximal de sa tactique
de course risquée, a remporté dimanche un Grand Prix d'Australie
extrêmement mouvementé, où dépassements et coups du sort se sont
multipliés. Le résultat défie tous les pronostics. Car McLaren,
depuis le début de la saison, est de l'avis général, ses pilotes
inclus, moins rapide que Red Bull et Ferrari.
Seules 14 monoplaces ont rallié l'arrivée de la course, marquée
par de nombreux changements de pneumatiques sur le circuit
difficile d'Albert Park. Trois pilotes, dont Sébastien Buemi, ont
été contraints à l'abandon dès le premier tour. La Sauber du
Japonais Kamui Kobayashi, privée de son aileron avant en raison
d'un contact, est allée percuter une barrière dans le sixième
virage et a rebondi emmenant avec elle la Williams de l'Allemand
Niko Hulkenberg et la Toro Rosso de l'Aiglon. A la suite de ce
carambolage, la voiture de sécurité a dû faire son entrée en piste
pour trois tours.
"Ça s'est très mal passé pour moi aujourd'hui, a commenté
le Vaudois. Je n'ai pas pris un excellent départ mais je tenais
toujours ma place. Et puis j'ai été heurté au sixième virage. C'est
une fin très décevante pour un week-end qui semblait prometteur.
Mais nous pourrons tenter de nouveau notre chance en Malaisie dans
quelques jours."
Button impliqué dans accident dès le 1er tour
Button, 4e des qualifications, pensait
au mieux se battre pour le podium. Il a au final décroché la
timbale. Grâce à un scénario de course exceptionnel. A commencer
par la pluie, qui a commencé à tomber 15 minutes avant le départ,
puis par intermittence pendant la course. Un crachin qui n'a pas
forcément réussi à Button, impliqué dans un accident dès le premier
virage. Souhaitant faire l'intérieur à Fernando Alonso (Ferrari),
le Britannique l'a en fait poussé... sur Michael Schumacher,
cassant le museau de la Mercedes. L'Espagnol s'est retrouvé
dernier, avant que "Schumi", obligé de rentrer aux stands pour
changer l'avant de sa monoplace, ne lui prenne cette
position.
Button, lui, perdait deux places dans l'affaire. Son GP semblait
bien mal engagé. D'autant qu'il choisissait de chausser très
précocement ses pneus secs, ce qui lui valait une petite excursion
dans l'herbe humide australienne. "Je me suis dit que j'avais
pris une décision catastrophique", a raconté le champion en
titre. "Ensuite, quand je suis reparti, mon rythme était bon.
J'ai dépassé trois ou quatre voitures quand elles se sont arrêtées
à leur tour. C'était le bon choix. Je suis très heureux de l'avoir
fait".
"Tout bien fait"
On le serait à moins. Bombardé deuxième dès le 11e tour grâce à
son sens tactique, Button semblait appelé à terminer la course à ce
rang, derrière l'Allemand Sebastian Vettel, auteur de la pole
position et leader souverain du début de l'épreuve. Mais 15 boucles
plus tard, le pilote Red Bull, victime d'un incident mécanique,
partait à la faute. Button prenait la tête de la course et ne la
lâchait plus.
"Ce GP est un peu étrange. En rythme pur, je ne sais pas où
nous serions. Mais une course, ce n'est pas seulement du rythme
pur. C'est aussi de la réflexion, de l'attente. Nous avons tout
bien fait aujourd'hui. Et nous repartons avec une bonne
victoire", a estimé le Britannique.
Un an après son premier succès australien pour Brawn GP, qui
l'emmena vers le sacre, Jenson Button réédite l'exploit avec sa
nouvelle écurie, McLaren, qu'il a rejointe à l'intersaison.
"Cela veut dire beaucoup pour moi, d'être dans cette position
après deux courses seulement, alors que je suis resté sept ans dans
mon ancienne équipe", a-t-il observé. "Obtenir de bons
résultats alors qu'on sait qu'on n'a pas la meilleure voiture a
particulièrement de la valeur. Ce sont des points très importants
pour nous", a poursuivi Button.
L'exploit de Robert Kubica
Robert Kubica, son dauphin à Melbourne, est dans le même état
d'esprit. Sa deuxième place au volant d'une Renault, encore en
déficit de performance, relève de l'exploit. "Nous ne sommes
pas encore pas au niveau des voitures les plus rapides. Mais
aujourd'hui a montré qu'en n'abandonnant pas et en travaillant
beaucoup, parfois on est payé en retour", s'est satisfait le
Polonais.
Felipe Massa, auteur d'un départ canon et d'une course sage,
complète le podium. Il précède son coéquipier chez Ferrari,
Fernando Alonso, finalement 4e après une remontée homérique. Nico
Rosberg (Mercedes) est 5e, devant Lewis Hamilton (McLaren), grand
animateur d'une course spectaculaire.
afp/dbu
F1: GP d'Australie, classement final
1. Button GBR/McLaren 1h33'36"530
Moyenne: 197,144 km/h
2. Kubica POL/Renault + 12"034
3. Massa BRA/Ferrari 14"488
4. Alonso ESP/Ferrari 16"304
5. Rosberg GER/Mercedes 16"683
6. Hamilton GBR/McLaren 29"898
7. Liuzzi ITA/F.India 59"847
8. Barrichello BRA/Williams 1'00"536
9. Webber AUS/Red Bull 1'07"319
10. Schumacher GER/Mercedes 1'09"391
11. Alguersuari ESP/Toro Ros 1'11"301
12. de la Rosa ESP/Sauber 1'14"084
13. Kovalainen FIN/Lotus 2 tours
14. Chandhok IND/HRT F1 5 tours
Abandons
Buemi (1er tour/12e sur la grille): accident
Hülkenberg (1er/15e): accident
Kobayashi (1er/16e): accidents
Senna (5e/15e place): problèmes hydrauliques
Petrov (10e/14e): problèmes de direction
Sutil (10e/2e): moteur
Vettel (26e/1er): freins
Di Grassi (27e/16e): problèmes hydrauliques
Glock (42e/ 14e): problèmes de suspension.
CHAMPIONNAT DU MONDE 2010
Classement pilotes (2/19)
1. Alonso 37
2. Massa 33
3. Button 31
4. Hamilton 23
5. Rosberg 20
6. Kubica 18
7. Vettel 12
8. Schumacher 9
9. Liuzzi 8
10. Webber 6
11. Barrichello 5
Classement constructeurs
1. Ferrari 70
2. McLaren 54
3. Mercedes 29
4. Red Bull 18
4. Renault 18
6. F.India 8
7. Williams 5