Ferrari et Fernando Alonso pouvaient se contenter d'une quatrième place en cas de succès à Abu Dhabi pour fêter le titre de champion. Las pour l'Espagnol une mauvaise tactique de course lui a coûté le titre. Cette erreur stratégique a profité à Sebastian Vettel, qui a mené et enlevé de manière irrésistible ce dernier Grand Prix de l'année devant les deux McLaren de Lewis Hamilton et de Jenson Button.
"Je suis sans voix"
A 23 ans, l'Allemand de l'écurie Red Bull devient le plus jeune champion du monde de F1. Grâce aux 25 points de sa victoire, Vettel, en pleurs dans son cockpit pendant son tour
d'honneur, compte 256 unités. Il devance de 4 longueurs l'Espagnol Fernando Alonso, surprenant 7e de la course.
"Je ne savais rien avant de passer sous le drapeau à damier. Pendant les dix derniers tours, mon ingénieur me poussait par radio, sans rien me dire. Quand j'ai franchi la ligne, il m'a dit : +ça se présente bien, mais il faut attendre+. Puis il a hurlé, +tu as gagné le Championnat du monde", a raconté Vettel.
"Je suis sans voix. Je ne sais pas trop quoi dire. On a toujours cru en nous. J'ai cru en moi. Ce jour était spécial. Ce matin, quand je me suis levé, j'ai essayé de tout oublier, d'éviter tout contact avec des gens. Je devais juste gagner la course. Et au final, je mène le Championnat", a-t-il réagi à chaud.
Alonso "marque" Webber et oublie... Vettel
Vettel, auteur d'une course irréprochable, a été grandement aidé par la monumentale erreur de stratégie de Ferrari, qui, à trop vouloir marquer Mark Webber - le dauphin au classement de l'Espagnol avant la course - à la culotte, a commis la même bourde que l'Australien.
Red Bull a en effet choisi de faire rentrer Webber précocement aux stands, dès le 12e tour, alors que la course avait déjà été précédemment neutralisée après une collision entre Michael Schumacher (Mercedes) et Vitantonio Liuzzi (Force India) dès la 1ère boucle.
L'Australien, après son changement de pneus, s'est retrouvé coincé quelques tours derrière l'Espagnol Jaime Alguersuari, alors 15e. Ce qui n'a pas dissuadé Ferrari de rappeler très vite Felipe Massa puis Fernando Alonso, les deux hommes se retrouvant à leur tour englués dans le peloton.
Pendant ce temps, Vettel menait l'épreuve tambour battant, à peine titillé par Lewis Hamilton, lui même suivi par son partenaire Jenson Button. Le champion déchu, auteur d'un excellent départ, avait déjà dépasser Alonso à l'entame. Les trois hommes termineront la course dans cet ordre.
"Le sport est comme ça, des fois on gagne, des fois non", a soupiré dimanche Fernando Alonso au micro de Rai Sport après l'épreuve.
Sébastien Buemi (Toro Rosso-Ferrari) a pris la 15e place. Il a même pointé en 6e position peu après la mi-course, mais son arrêt pour changer de pneus l'a relégué au coeur du peloton.
Sebastian Vettel en surdoué
Sebastian Vettel, scruté comme un diamant brut dans le paddock, a justifié sa réputation de surdoué en étant sacré plus jeune champion du monde de l'histoire de la Formule 1 dimanche à Abu Dhabi pour sa troisième saison dans la discipline, malgré moults avaries mécaniques.
A 23 ans, 4 mois et 11 jours, l'Allemand dépasse le Britannique Lewis Hamilton, sacré en 2008 à l'âge de 23 ans, 10 mois et 26 jours, qui avait lui-même pris le record de l'Espagnol Fernando Alonso, couronné en 2005 à 24 ans, 1 mois et 27 jours. Rien d'étonnant de la part d'un jeune homme né en 1987 à Heppenheim, près du circuit de F1 d'Hockenheim, qui a tout raflé plus tôt que ses adversaires.
Après ses débuts tardifs en karting, à l'âge de huit ans contre 2 pour Fernando Alonso, Vettel n'a plus jamais été pris en défaut. Troisième pour sa première saison de Formule BMW Allemagne (2003), il remporte 18 des 20 courses auxquelles il participe l'année suivante, montant sur le podium de toutes les manches et marquant 388 points sur 400 possible.
"Il est le meilleur pilote ayant jamais roulé en Formule BMW, celui qui a connu le plus de succès", commente Mario Theissen, l'ex-patron de l'écurie BMW Sauber, qui l'a encadré dans ses jeunes années. Vettel effectue un premier test en Formule 1 alors qu'il n'a que 18 ans. Nommé troisième pilote de BMW Sauber en 2006, il remplace l'année suivante Robert Kubica à Indianapolis, le Polonais s'étant blessé à Montréal, et devient le plus jeune pilote à inscrire un point pour son premier Grand Prix.
Passé chez Toro Rosso mi-2007, il bat un nouveau record de précocité au Japon, en étant le plus jeune à mener une course. Avant de s'accidenter dans Mark Webber, son actuel coéquipier chez Red Bull. En 2008, il s'adjuge la pole puis la victoire les plus précoces de l'histoire de la F1 au GP d'Italie.
"La rage des champions"
"C'est un gars qui veut gagner, rien d'autre. L'argent, la presse, le glamour ne l'intéressent pas. Il veut juste la victoire. Il a ça en lui, la rage des champions. C'est ce qui le rend différent", explique alors Eduard Castillo, un mécanicien de Toro Rosso au quotidien espagnol la Vanguardia. En 2009, Vettel, surnommé +Seb+ ou +Vitello+ (le veau) dans la petite écurie italienne, part chez Red Bull, l'équipe-mère de Toro Rosso. Il met trois courses à remporter la première victoire de l'histoire de Red Bull. Mais termine 2e du Championnat derrière Jenson Button (Brawn GP).
Cette année, l'Allemand aux blondes boucles d'adolescent veut prendre sa revanche. Désigné favori du Championnat, il ne réalise pourtant "pas la saison la saison la plus simple", puisqu'enchaînant "les hauts" stratosphériques et "les bas" abyssaux, selon ses propres dires. Il impressionne en qualifications, ravissant 10 pole positions en 19 courses. Mais sa Red Bull le lâche à plusieurs reprises. Et il part plusieurs fois à la faute, dont une dans son coéquipier Mark Webber (à Istanbul), avec qui les relations sont orageuses. La seule ombre à son tableau.
Décrit par Eduard Castillo comme quelqu'un de "simple", "humble comme ses parents, des gens modestes", de "très marrant", ce "spécialiste de l'avion manqué", dixit l'Espagnol, habitué à faire rire ses interlocuteurs, journalistes inclus, a ébréché son image dans sa rivalité avec l'Australien. Qu'importe. Vettel, à l'ambition désormais affirmée, est champion. Plus tôt que tout le monde. Et il ne compte pas s'arrêter là.
afp/bao
GP d'Abu Dhabi
1. Sebastian Vettel (GER/Red Bull-Renault) 1h39:36.837
2. Lewis Hamilton (GBR/McLaren-Mercedes) 10.162
3. Jenson Button (GBR/McLaren-Mercedes) 11.047
4. Nico Rosberg (GER/Mercedes) 30.747
5. Robert Kubica (POL/Renault) 39.026
6. Vitaly Petrov (RUS/Renault) 43.520
7. Fernando Alonso (ESP/Ferrari) 43.797
8. Mark Webber (AUS/Red Bull-Renault) 44.243
9. Jaime Alguersuari (ESP/Toro Rosso-Ferrari) 50.201
10. Felipe Massa (BRA/Ferrari) 50.868
11. Nick Heidfeld (GER/Sauber-Ferrari) 51.551
12. Rubens Barrichello (BRA/Williams-Cosworth) 57.686
13. Adrian Sutil (GER/Force India-Mercedes) 58.325
14. Kamui Kobayashi (JPN/Sauber-Ferrari) 59.558
15. Sébastien Buemi (SUI/Toro Rosso-Ferrari) 1:03.178
16. Nico Hülkenberg (GER/Williams-Cosworth) 1:04.763
17. Heikki Kovalainen (FIN/Lotus-Cosworth) 1 tour
18. Lucas Di Grassi (BRA/Virgin-Cosworth) 2 tours
19. Bruno Senna (BRA/Hispania-Cosworth) 2 tours
20. Christian Klien (AUT/Hispania-Cosworth) 2 tours
21. Jarno Trulli (ITA/Lotus-Cosworth) 4 tours
CHAMPIONNATS DU MONDE, PILOTES
1.VETTEL 256
2.Alonso 252
3.Webber 242
4.Hamilton 240
5.Button 214
6.Massa 144
7.Rosberg 142
8.Kubica 136
9.Schumacher 72
10.Barrichello 47
.Sutil 47
12.Kobayashi 32
13.Petrov 27
14.Huelkenberg 22
16. Sébastien Buemi 8
LES DERNIERS CHAMPIONS DU MONDE
2010 Sebastian Vettel (GER Red Bull)
2009: Jenson Button (GBR/Brawn GP)
2008: Lewis Hamilton (ENG/McLaren-Mercedes)
2007: Kimi Räikkönen (FIN/Ferrari)
2006: Fernando Alonso (ESP/Renault)
2005: Fernando Alonso (ESP/Renault)
2004: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2003: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2002: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2001: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
2000: Michael Schumacher (GER/Ferrari)
1999: Mika Häkkinen (FIN/McLaren-Mercedes)
1998: Mika Häkkinen (FIN/McLaren-Mercedes)
1997: Jacques Villeneuve (CAN/Williams-Renault)
1996: Damon Hill (GBR/Williams-Renault)
1995: Michael Schumacher (GER/Benetton-Renault)
1994: Michael Schumacher (GER/Benetton-Ford)
1993: Alain Prost (FRA/Williams-Renault)
1992: Nigell Wansell (GBR/Williams-Renault)
1991: Ayrton Senna (McLaren-Honda)
1990: Ayrton Senna (McLaren-Honda)
Fin de saison en queue de poisson pour Schumacher
Le septuple champion du monde Michael Schumacher (Mercedes) a terminé le Grand Prix d'Abou Dhabi de Formule 1, dernière épreuve de l'année, sur un tête-à-queue, à l'image de sa saison 2010 ratée, qui l'a conduit à abandonner au 1er tour de course. Parti devant son coéquipier Nico Rosberg, qui l'attaquait dès les premiers virages, Schumacher est vraisemblablement parti à la faute tout seul en essayant de lui résister.
"Schumi", détenteur entre autres du record de victoires (91 Grands Prix), a eu pour meilleur résultat deux 4e places à Barcelone et Istanbul cette saison.
UELI MAURER PRESENT A ABU DHABI
Ueli Maurer a assisté dimanche au Grand Prix de Formule 1 à Abu Dhabi, à la fin d'une visite de trois jours aux Emirats arabes unis. Le conseiller fédéral a également suivi samedi les essais de qualification. Il a rencontré à plusieurs reprises à cette occasion le chef de l'écurie suisse Peter Sauber.
M. Maurer s'est dit enthousiasmé, au journal télévisé de la chaîne alémanique SF, par les courses automobiles et favorable à une levée de l'interdiction des courses de Formule 1 en Suisse. Le Parlement fédéral avait toutefois rejeté en juin 2009 une telle réforme.
VICTOIRE DE SERGIO PEREZ EN GP2
Futur pilote de Sauber en F1 l'année prochaine, Sergio Perez a remporté samedi l'avant-dernière course de la saison de GP2. Le Mexicain s'est imposé à Abu Dhabi (EAU) devant le Britannique Oliver Turvey.
Deuxième au championnat du monde derrière le Vénézuélien Pastor Maldonado, Perez a abandonné dimanche lors du sprint. Cette ultime épreuve de la saison a souri au Franco-Suisse Romain Grosjean, troisième d'une course remportée par Davide Valsecchi.