Sebastian Vettel (Red Bull), un pilote hors normes, avait à la fois le caractère, le parcours et la voiture pour être sacré champion du monde. Décryptage d'un sacre.
Son histoire
Vettel est un champion surdoué. Titré en Formule BMW Allemagne en 2003, en ayant marqué 388 points sur 400, il effectue un premier test en F1 à 18 ans. Puis il est nommé troisième pilote de BMW Sauber en 2006, où il devient le plus jeune pilote à inscrire un point pour son premier GP. Mi-2007, il passe chez Toro Rosso, où il s'empare du record du plus jeune pilote à avoir mené une course. Avant d'être contraint à l'abandon après un accident avec Mark Webber, son actuel coéquipier chez Red Bull. En 2008, il s'adjuge la pole puis la victoire les plus précoces de l'histoire de la F1 au GP d'Italie. Rien de surprenant, donc, à ce qu'il ait été sacré dimanche le plus jeune champion du monde de l'histoire, à l'âge de 23 ans, 4 mois et 11 jours, soit 167 jours de moins que Lewis Hamilton, précédent détenteur de ce record.
Sa saison
Vettel est l'homme-clé du Championnat. Il aurait dû être sacré il y a longtemps déjà. Ses 10 poles en 19 courses ne laissent aucun doute quant à sa main-mise sur la saison. Mais l'Allemand a connu des heures troubles, qui ont relancé le Championnat, dominé avant lui par cinq autre pilotes. Sa mécanique l'a lâché à Bahreïn, en Australie et en Corée du Sud, alors qu'il menait ces courses, ce qui lui a coûté 63 points (il a réussi à terminer 4e à Sakhir). Et il s'est accidenté par sa propre faute en Turquie et en Belgique. "Peut-être qu'à la mi-saison, j'ai un peu décroché. Après l'incident avec Jenson Button à Spa, j'ai eu mauvaise presse. Ce n'était pas simple à ce moment, avec beaucoup de personnes qui parlaient mal de nous, qui essayaient de nous faire mal", s'est-il souvenu. Puis Vettel a réalisé une fin de Championnat exceptionnelle, qui l'a mené au titre.
Sa voiture
Red Bull disposait de la meilleure monoplace du plateau. Plus rapide, plus adhérente, la voiture austro-britannique avait l'avantage sur ses concurrentes sur la quasi totalité des circuits, à l'exception peut-être de Monza, une piste pas assez sinueuse pour elle. Outre les 10 poles de Vettel, son coéquipier Mark Webber en a signé 5. Soit 15 sur 19. Presque un record. Mais l'Allemand a dû subir la rivalité féroce de son coéquipier, qui l'a devancé au classement pendant presque tout le Championnat. Malgré tout, Red Bull, dont Vettel est le pilote maison, issu de ses filières, a toujours soutenu l'Allemand. A la surprise d'une partie du paddock. Parfois contre toute logique. Provoquant en tous cas le ressentiment de l'Australien. "Les années où nous terminons avec 14 poles positions, nous sommes sacrés bien avant la fin de saison", ironisait jeudi soir un cadre de la Scuderia. Red Bull aurait pu choisir plus tôt de pousser Vettel.
Son panache
Vettel avait tout à perdre à Abou Dhabi. A commencer par son prestige, lui qui était appelé à terminer le Championnat derrière Webber. Mais l'Allemand, combatif en diable, est allé cherché la victoire sur le circuit de Yas Marina, une obligation pour pouvoir continuer d'espérer. Et la "justice", selon ses dires, qui voulait que les autres faillissent à leur tour quand lui avait accumulé tant d'échecs cette saison, a prévalu. Ferrari s'est trompé de stratégie. L'Australien s'est écroulé. Et lui l'a emporté. Aussi simple que ça.
La presse allemande "aux anges"
Tous les titres de la presse allemande faisaient leur "une" sur le titre de champion du monde de Formule 1 remporté dimanche par Sebastian Vettel, "nouveau héros" allemand de la discipline, comme l'écrit lundi le quotidien le plus lu d'Allemagne, "Bild".
"Miracle ! Larmes ! Champion du monde ! L'Allemagne complètement Vettel !", titrait "Bild", sur une photo du plus jeune pilote sacré dans l'histoire de la Formule 1 (23 ans), bondissant sur le podium au terme du Grand prix d'Abou Dhabi.
"Après Schumi, l'Allemagne a un nouveau héros en Formule 1", poursuit le journal. Michael Schumacher, sept fois couronné, l'avait été pour la dernière fois en 2004. "Tout simplement incroyable", écrivait pour sa part le quotidien conservateur "Die Welt", sous une photo du pilote qui semble ne pas réaliser ce qui lui arrive.
Le "Süddeutsche Zeitung" soulignait l'"erreur tactique" de Ferrari qui a coûté le titre à l'Espagnol Fernando Alonso pour 4 petits points et qui a beaucoup aidé Vettel à être sacré, car il ne lui restait plus qu'à rouler "toujours tout droit", comme l'écrit le journal.
afp/ag
La saison 2011 sera décisive pour Buemi
Seizième du championnat du monde avec 8 points, Sébastien Buemi a vécu une fin de saison difficile. Si les résultats auraient difficilement pu être meilleurs en raison d'une voiture peu performante, c'est au niveau du duel avec son coéquipier chez Toro Rosso, Jaime Alguersuari, que le Vaudois a des motifs d'inquiétude.
Certes, l'Espagnol n'a pas terminé devant Buemi au décompte final (19e/5 points). Mais, à 20 ans, l'Ibère a prouvé qu'il était en mesure de prendre le meilleur sur le Vaudois de 22 ans.
Le bilan global 2010 plaide d'ailleurs en faveur d'Alguersuari, qui a devancé Buemi sur la ligne 11 fois sur 19 courses (la statistique s'inverse en qualifications) et qui mène largement au classement des abandons (2 contre 5).
Buemi n'a toutefois pas de crainte à avoir concernant son avenir immédiat. Sauf coup de théâtre, il conservera son volant chez Toro Rosso pour 2011. Mais le Vaudois sait aussi pertinemment que Mark Webber, 34 ans, n'est pas éternel.
Si l'Australien devrait rester chez Red Bull - la "maison mère" de Toro Rosso - l'an prochain, sa succession semble ouverte pour 2012.
En tant que pur produit de la filière Red Bull, Sébastien Buemi lorgne inévitablement sur cette place prestigieuse au volant d'un bolide fraîchement sacré champion du monde des constructeurs. Pour décrocher ce poste assurément très convoité, le Vaudois se doit obligatoirement de faire une saison pleine en 2011, sous peine de se voir brûler la politesse.
Un redressement est nécessaire. Sur les cinq derniers Grands Prix, Buemi est entré une fois dans les points (10e au Japon), comme Alguersuari (9e à Abu Dhabi). Mais l'Espagnol a devancé le Vaudois quatre fois en course et... cinq fois sur la grille. Une alerte à prendre très au sérieux.
Richard Branson en hôtesse de l'air
L'écurie Virgin ayant terminé derrière Lotus au classement constructeurs du Championnat de F1, son propriétaire, le magnat Richard Branson, a perdu le pari qui l'opposait à Tony Fernandes, patron de Lotus, et devra donc réaliser un vol pour la compagnie aérienne de ce dernier habillé en hôtesse.
"Maintenant, il est temps pour Richard de se préparer pour un dur moment et la douleur des talons hauts. Nous nous sommes mis d'accord dimanche soir; nous ferons un vol de charité entre Kuala Lumpur et Londres" à cette occasion, a révélé Tony Fernandes lundi."Nous donnerons l'occasion aux fans et aux équipes d'être sur ce vol", a-t-il précisé, ajoutant que la date de l'évènement serait communiquée ultérieurement.
Ni Lotus ni Virgin F1, arrivée dans la discipline cette année, n'ont marqué de point cette saison. Mais le Finlandais Heikki Kovalainen a terminé 12e du GP du Japon pour Lotus ce qui permet à l'écurie malaisienne de terminer 10e du classement général, devant la structure britannique.