Le Polonais Robert Kubica, qui souffre de "multiples fractures" consécutives à une sortie de route dimanche lors d'un petit rallye en Italie, ne devrait pas disputer les premiers Grands Prix de la saison de Formule 1. Un coup dur pour son écurie Lotus Renault.
Kubica (26 ans) opéré dimanche après-midi à l'hôpital Santa Corona de Pietra Ligure, au sud de Gênes, est blessé au bras, à la jambe et à la main droite, selon Lotus Renault. Presque un moindre mal après un accident à "haute vitesse", selon la structure luxembourgo-britannique.
Kubica rejoignait la ligne de départ de l'une des dernières épreuves spéciales chronométrées de la Ronde di Andora, au volant de sa Skoda Fabia S2000 de l'équipe DP Motorsport, quand il est sorti de la route, à 4,6 km du départ, et a percuté le mur d'une petite église.
Une racine d'arbre ayant surélevé la chaussée glissante serait à l'origine de l'accident, selon l'agence italienne Ansa. La Skoda du Polonais aurait perdu de l'adhérence dans un virage, ce qui a provoqué un tête-à-queue. La voiture s'est ensuite encastrée dans le rail de sécurité du côté gauche. Robert Kubica n'en est pas à son premier accident.
Un grave accident en 2007
Lors du GP du Canada 2007, sa BMW Sauber, après avoir touché une autre voiture, s'était envolée sur un vibreur à près de 250 km/h pour se fracasser contre un mur en béton. Les normes drastiques de sécurité, mises en place en F1 après le décès en piste de la légende Ayrton Senna en 1994, avaient toutefois sauvé la vie du Polonais, victime d'une
commotion cérébrale et d'une entorse.
Kubica n'avait au final manqué qu'une course, qui se déroulait la semaine suivante aux Etats-Unis (Indianapolis), avant de reprendre le volant de sa monoplace. Mais les délais risquent d'être plus longs cette fois-ci. Le Polonais, qui avait disputé l'an dernier "pour le plaisir" le rallye Monte-Carlo et celui du Var au volant d'une Renault Clio R3 - moins puissante que la Skoda Fabia S2000 -, paie cher sa passion pour le rallye.
Sa non-participation au GP d'ouverture de Bahreïn, le 13 mars, paraît d'ores et déjà acquise. Et on voit mal comment, souffrant de telles blessures, il pourrait être rétabli pour l'Australie (27 mars) voire la Malaisie (10 avril) ou la Chine (17 avril).
Scénario catastrophe pour Lotus Renault
Un scénario qui serait catastrophique pour Lotus Renault, une écurie très ambitieuse pour 2011 et dont le Polonais est l'atout numéro 1. Il avait brillé en 2010, saison qu'il avait terminée à la huitième place avec 136 points en montant à trois reprises sur le podium.
A l'inverse, son coéquipier russe Vitaly Petrov, aussi impétueux qu'inconstant, n'avait marqué que 27 points, finissant 13e du classement pilotes. Lotus Renault, qui doit également se demander comment elle a pu laisser son pilote disputer un rallye sur... une Skoda (groupe Volkswagen), dispose toutefois de solutions de rechange.
Le Brésilien Bruno Senna ou le Franco-Genevois Romain Grosjean, tous deux "troisième pilote", devraient monter dans le baquet de Kubica dès les prochains essais libres de Jerez (10 février). Reste à savoir s'ils pourront faire aussi bien que le Polonais.
si/hdel
Boullier "choqué" par l'accident de Kubica
Eric Boullier, directeur de l'écurie de Formule 1 Lotus Renault, pour qui court Robert Kubica, s'est dit "choqué" par l'accident survenu en rallye du Polonais. "C'est quelqu'on qu'on aime beaucoup. C'est extrêmement triste. Nous sommes évidemment choqués", a déclaré M. Boullier, précisant être informé "heure par heure" de l'évolution du Polonais.
"Ce qu'on sait, c'est qu'il a de multiples fractures. Sa main est amochée. Mais a priori ce n'est pas irrécupérable", a poursuivi le Français, en attente d'une confirmation médicale. L'état de santé de Kubica lui laisse "peu de chances" de disputer le début de saison, a convenu Eric Boullier, qui s'est refusé à penser au nom de son remplaçant. "C'est un peu indécent et trop tôt pour y réfléchir. On va attendre d'avoir des nouvelles de Robert, et de savoir combien de temps il va être indisponible avant de prendre ce genre de décision", a-t-il remarqué.
Bruno Senna et Romain Grosjean ont été tous deux nommés "troisième pilote" de Lotus Renault à l'intersaison. L'un des deux, vraisemblablement Senna, à l'expérience plus récente et plus fournie en F1, devrait rouler à la place de Kubica. Sauf si l'immobilisation de Kubica était trop longue, et qu'un pilote plus expérimenté était préféré au Brésilien (27 ans) et au Français (24 ans).
Le directeur de Lotus Renault a également cherché à dissiper tout malentendu concernant la participation de Robert Kubica à des manches de rallye. L'an passé, le Polonais avait disputé le rallye Monte-Carlo et celui du Var sur Renault Clio R3. Il pilotait une Skoda Fabia S2000 à la Ronde di Andora, près de Gênes, quand il a eu son accident. "Mais que ce soit une Lotus, une Renault ou une Skoda ne change rien du tout. Il n'y a jamais eu de logique d'entreprise. On l'a laissé faire parce que ça lui tenait à coeur", a-t-il affirmé.
"Le rallye, c'est vital pour Robert. C'est un équilibre pour lui. A partir de là, c'est un commun accord. On connaissait les risques. Lui aussi. Mais on n'avait pas envie d'avoir un pilote robot, a poursuivi M. Boullier.