Le rideau a commencé à se lever, lundi sur le circuit espagnol de Jerez, sur une saison 2012 de Formule 1 qui s'annonce très prometteuse, avec comme vedette du jour un champion du monde finlandais, Kimi Räikkönen, dans une superbe Lotus-Renault en robe noire et or.
Sous un ciel bleu immaculé, dans le paddock de ce circuit ultra-moderne niché dans les collines andalouses, 11 équipes sur 12 (seul Marussia manque à l'appel) se sont activées, les unes en vidant des conteneurs de matériel, les autres en fixant des antennes sur les toits des camions-ateliers.
"Marquer régulièrement des points"
A tout seigneur tout honneur, c'est l'impeccable Peter Sauber, 20 ans de F1 cette année, qui a ouvert le bal en dévoilant sa nouvelle C31 à moteur Ferrari, dans la ligne droite des stands, juste avant midi: "Le podium n'est pas assez grand pour 24 pilotes, alors nous voulons marquer régulièrement des points", a dit Monsieur Sauber, toujours aussi calme et raisonnable.
"Depuis 20 ans, nous avons toujours eu des moyens limités mais cela ne nous a jamais empêchés de nous développer. Nous avons désormais 300 employés dans notre usine d'Hinwil", a ajouté en souriant sa directrice autrichienne, Monisha Kaltenborn.
Il faisait beau, presque chaud, et les combinaisons immaculées de ses jeunes pilotes, le Japonais Kamui Kobayashi (25 ans), les Mexicains Sergio Pérez (22 ans), et Esteban Guttierez, pilote de réserve, ont donné le ton de cette journée de rentrée des classes.
Räikkönen présente l'E20 de Lotus
Après plusieurs semaines de travail acharné dans l'anonymat des bureaux d'étude et des souffleries, Lotus a ensuite dévoilé, sous un dôme en toile gonflable, l'E20 de Räikkönen, champion du monde 2007 chez Ferrari, et Romain Grosjean, qui avait fait ses débuts en 2009 chez Renault F1.
Lotus "a tous les outils pour devenir un 'top team'", a dit "Iceman", et il sait de quoi il parle: il a débuté chez Sauber puis progressé chez McLaren et Ferrari, avant de prendre deux années sabbatiques en rallyes WRC, de 2010 à 2011. James Allison, le directeur technique, trouve que l'E20 est "la plus jolie des laides", en référence à son nez surélevé comparable à celles des autres F1 2012 présentées ces derniers jours (Ferrari, Force India, Sauber, mais pas McLaren), pour cause de nouvelle réglementation aérodynamique.
"Ca va bien se passer parce que cette voiture est deux crans au-dessus (de la précédente)", espère Eric Boullier, le gérant français du Lotus F1 Team, plus que jamais concurrent de Mercedes pour une place dans le top-4 de la F1, derrière Red Bull, McLaren et Ferrari.
Red Bull se dévoile... sur internet
Red Bull a également participé à ce lever de rideau mais sur internet, et donc sans voler la vedette à Sauber et Lotus, les deux seules écuries à avoir pris un billet
pour 100 km d'essais lundi, en avant-première de cette semaine andalouse.
La nouvelle Red Bull RB8, dotée elle aussi d'un "nez de canard", roulera seulement mardi matin à Jerez, aux mains de Mark Webber. L'Australien roulera encore mercredi puis passera le relais, jeudi et vendredi, au double champion du monde en titre, l'Allemand Sebastian Vettel.
"Je crois que c'était pareil pour Mark (Webber) et moi. On s'est tout de suite senti extrêmement confortable dans le cockpit. J'espère que ça va continuer comme ça", a écrit Vettel sur le site officiel de son équipe. Il vise la passe de trois et ça commence mardi.
afp/dbu
Sauber veut conserver sa capacité "à ne pas trop dégrader les pneus"
Sauber est en train de se séparer de son directeur technique, James Key, "avec qui certaines attentes n'ont pas été comblées", et n'envisage pas de le remplacer. En son absence, Matt Morris, le designer en chef, a évoqué tout le travail effectué cet hiver sur la C31 pour "arriver à un package compact permettant un maximum de flexibilité et de variété dans les réglages".
"La voiture qui prendra le départ à Melbourne (réd: le 18 mars, pour le Grand Prix d'Australie) sera sûrement très différente de celle que vous voyez aujourd'hui", a dit Morris. L'un des objectifs de l'équipe technique pour 2012, c'est de conserver la capacité de la monoplace suisse "à ne pas trop dégrader ses pneus".
Cette option posait parfois des problèmes aux essais mais avait certains avantages en course, grâce aussi au bouillant Kobayashi, très doué pour les dépassements en tous genres. "Les nouveaux pneus Pirelli devraient rendre les courses encore plus excitantes, avec de nouvelles fenêtres d'utilisation et donc plus de stratégie", se réjouit déjà Pérez.
Le pilote mexicain a hâte d'être sur la grille de départ du Grand Prix des Etats-Unis, à Austin (18 novembre), tout près de la frontière avec son pays. "Ce sera un peu notre Grand Prix à la maison et sûrement un moment spécial", a dit Pérez. Pour sa 2e saison de F1, il veut "être consistant et marquer souvent des points en 2012". Comme son patron.
Toro Rosso se présente, sans Buemi
La nouvelle Toro Rosso STR7 à moteur Ferrari a été dévoilée lundi sur le circuit espagnol de Jerez, en présence de ses nouveaux pilotes Jean-Eric Vergne et Daniel Ricciardo, qui remplacent l'Espagnol Jaime Alguesuari et le Vaudois Sébastien Buemi. Le bolide sera baptisé cette semaine lors des premiers essais en vue de la saison 2012.
Le souriant Australien Ricciardo, qui a déjà couru 11 Grands Prix en 2011 chez HRT (ex-Hispania), ouvrira les débats mardi et mercredi, puis le Français Vergne, issu comme lui de la filière Red Bull Junior mais vierge de toute expérience en Grand Prix, lui succédera jeudi et vendredi.
"C'est ma première présentation de F1, je commence à réaliser à cause de tous ces journalistes et photographes, mais rien n'a encore changé dans ma vie. J'ai juste passé plus de temps cet hiver à travailler ma condition physique", a dit Vergne quelques minutes après avoir soulevé, avec Ricciardo, la bâche de la STR7.
L'ex-écurie Minardi n'a cessé de progresser depuis sa reprise par Red Bull, il y a trois ans, et a terminé 8e du championnat 2011. "L'objectif cette année est de faire un peu mieux, 6e ou 7e, grâce à tout l'argent investi dans les hommes, les machines et l'aérodynamique", a annoncé Franz Tost, le patron de l'écurie.
"Quand il a fallu mettre la STR7 dans le camion, samedi matin, il neigeait tellement sur Faenza (ndlr: le siège de Toro Rosso en Italie) que je pensais qu'on arriverait jamais ici à temps", a aussi confié Tost, pour qui "une nouvelle voiture, c'est toujours quelque chose de spécial".
Comme la plupart des autres F1 présentées ces derniers jours, la STR7 est dotée d'un nez relevé permettant de dégager le flux d'air passant sous l'avant de la voiture, une solution aérodynamique imposée par la nouvelle réglementation.