A quelques jours du lever de rideau du championnat du monde
2008, dimanche, les pilotes des trois catégories trépignent
d'impatience à l'idée de briller et dompter leurs montures
surpuissantes.
A cette occasion, le circuit de Losail au Qatar sera le théâtre
d'une première mondiale: les courses 125cm3 (18h00), 250cm3 (19h15)
et MotoGP (21h00) se disputeront en effet en nocturne. Les
trois épreuves seront retransmises en direct sur
TSR2.
Monsieur motocyclisme de la tsr depuis désormais 25 ans - "quand
on aime, on ne compte pas" -, Bernard Jonzier évoque ses passions
et prédit une grande saison à Tom Lüthi. Le Bernois de 21 ans
disputera sa 2e saison en 250cm3.
TXT: Vous transmettez votre enthousiasme
concernant la moto depuis plus de 2 décennies. Quel est votre
secret?
BERNARD JONZIER: La passion, tout simplement.
L'envie de bien faire, de communiquer, de faire participer les gens
à cette folie de la moto est toujours présente en moi. J'aime
montrer que ce spectacle est toujours aussi génial.
- Samedi passé, vous aviez commenté le résumé du match
Gottéron-Berne. Votre flamme était la même que lors d'un Grand Prix
de motocyclisme!
BERNARD JONZIER: Certains m'ont même dit que
j'étais chaud bouillant (rires). Je ne m'en suis pas vraiment rendu
compte. Ce match remporté par Fribourg Gottéron était vraiment
génial. Quand une rencontre des playoff se termine aux
prolongations, cela ne peut être que passionnant. L'intensité monte
d'un cran, le suspense est à son comble. C'est l'essence même du
sport. J'ai 3 passions en TV dans les sports: la moto, le hockey et
le snowboard.
"Le Tom Lüthi de 2005"
- La saison 2008 commence dimanche. Un mot sur Thomas
Lüthi?
BERNARD JONZIER: Je l'ai rencontré il y a 15
jours lors des essais de Jerez. Je nourrissais quelques inquiétudes
par rapport à sa clavicule droite cassée le 31 janvier. En fait,
j'ai retrouvé le Thomas Lüthi de 2005, c'est-à-dire l'année de son
titre de champion du monde dans la catégorie 125cm3. Tom était
calme, serein, confiant, très ambitieux. Il veut se battre devant
et viser les victoires.
- Un titre est-il envisageable pour sa 2e saison en
250cm3?
BERNARD JONZIER: Il y a tellement de paramètres
qui entrent en ligne de compte. La réussite va jouer un rôle
prépondérant. Tom Lüthi estime qu'il y a 7 ou 8 pilotes qui peuvent
gagner des Grands Prix. Cette année il y a 16 machines d'usine ou
semi-officielles dans la catégorie. Le plateau est tellement élevé
que la saison sera énorme.
"Tom Lüthi maîtrise totalement son sujet"
- Opéré à une clavicule au tout début
du mois de février, Tom Lüthi sera-t-il à 100% de ses
capacités?
BERNARD JONZIER:
Ce n'est plus qu'un vieux
souvenir. Tom m'a dit que le lendemain de l'opération, il avait
déjà oublié cette mésaventure. Il avait juste un peu vomi car il
avait mal supporté la narcose. Trois jours après il était déjà en
salle de fitness. Il a bien géré. Lors des 3 jours d'essais à
Jerez, il a renoncé aux toutes premières séances car les conditions
de piste étaient très piégeuses. Il n'était pas inquiet, il a
simplement regardé les autres. Le 2e jour, il a effectué 11 tours
récompensés par le 2e temps et le dernier jour il a tourné 40 fois
pour signer le meilleur chrono. Il maîtrise totalement son
sujet.
- De plus, le dernier jour il a réalisé un temps
canon!
BERNARD JONZIER:
Il a tout simplement réussi le
2e temps absolu du circuit de Jerez! Il est dans le coup.
"Mettre en pratique la philosophie de Rossi"
- Ca se présente donc bien pour Tom?
BERNARD JONZIER: En plaisantant je lui ai dit: tu
vas imiter ton idole Valentino Rossi. Il m'a demandé pourquoi. Je
lui ai répondu: parce que Rossi il lui faut une année pour
apprendre et une deuxième pour gagner. Tom m'a dit droit dans les
yeux: c'est exactement ça. Il veut vraiment mettre en pratique la
philosophie de Rossi. Tom ne va peut-être pas gagner le titre de
champion du monde mais il remportera probablement quelques courses.
Après, la réussite jouera un grand rôle.
- Après une saison placée sous le signe de l'apprentissage en
250cm3, Tom Lüthi visera forcément mieux que sa 8e place de l'an
passé...
BERNARD JONZIER: Les 3 premiers de la saison
passée, Jorge Lorenzo, Andrea Dovizioso et Alex De Angelis, sont
montés dans la catégorie reine, en MotoGP. Donc en principe, il
devrait gagner des places dans la hiérarchie.
L'année passée, Tom avait été très malchanceux. Il avait eu 3
casses moteurs et des pneus qui n'ont pas tenu la distance. Tom
Luethi n'a jamais cherché de faux-fuyants et d'excuses. C'est sa
marque de fabrique. Il a dit que c'était peut-être lui qui avait
effectué les mauvais réglages ou choisi les mauvaises gommes.
- Pour finir, vos favoris en MotoGP?
BERNARD JONZIER: Mon coeur me pousse à nommer
Valentino Rossi mais la raison dirait Casey Stoner, sur sa
Ducati.
TXT. Propos recueillis par Miguel Bao
GP du Qatar: zones d'ombre et de lumière
TXT: - Tom Lüthi s'était classé la saison passée 4e du GP du Qatar. Le circuit de Losail semble donc lui convenir...
BERNARD JONZIER: Pour sa première course en 250cm3, il avait fini à 2 dixièmes de la troisième place. A noter que cette première manche de l'année se disputera de nuit. Certains pilotes pourraient être quelque peu dérangés par les zones d'ombre et de lumière. L'acuité visuelle sera favorable pour certains et défavorable pour d'autres. Ce sera la grosse inconnue de ce Grand Prix. Tom Lüthi est myope. Il porte des lentilles de contact. Il m'a dit qu'il voyait aussi bien que les autres.
- Le Grand Prix du Qatar se disputera en nocturne. Une première.
BERNARD JONZIER: Les motos n'auront pas de phare. Une société spécialisée dans l'illumination des stades de baseball s'est occupée de l'éclairage du circuit de Losail. On met bien sur pied des matches de football, baseball, courses de ski et en septembre le GP de F1 à Singapour de nuit. Donc cela devrait également fonctionner pour la moto.
Bernard Jonzier: "Il existe une réelle relève suisse"
- Deux autres Suisses s'aligneront en 125cm3. Que pouvez-nous dire à leur sujet?
BERNARD JONZIER: J'estime que Randy Krummenacher a un talent identique à Tom Lüthi. Il doit cependant encore apprendre à contrôler sa fougue. Il se décourage un peu vite et est parfois impatient. L'expérience devrait lui permettre de gommer ces défauts. Randy est monté sur le podium à son 9e Grand Prix alors que Tom Luethi a fêté son 1er podium lors de sa 11e course. Il est talentueux mais apparemment son écurie KTM est un peu en retrait cette année chez les 125 cm3.
Dominique Aegerter est, lui, dans un Team Derbi, une équipe finlandaise. Le Bernois est conscient que cette chance de rouler dans un team qui a permis à plusieurs pilotes d'être champion du monde comme le Français Arnaud Vincent ne se présente qu'une fois. A lui de ne pas la laisser filer. Il doit réussir cette année.
- Il existe donc une réelle relève suisse ?
BERNARD JONZIER: Oui tout à fait, d'autant plus qu'il y a des jeunes de 14-15 ans qui roulent en championnat d'Allemagne ou en championnat d'Europe qui sont bons. Ils pourraient monter en 125cm3 dans 2 ans. Tomas Lüthi a ouvert la voix. Il faut savoir que 70% des pilotes qui roulent cette année en MotoGP ont au minimum disputé 2 saisons en 125cm3. La classe est vraiment le tremplin idéal pour arriver un jour dans la catégorie reine.