La reconnaissance est une étape indispensable sur le Cirque blanc. Elle marque pour les skieurs et skieuses le début d’une journée bien chargée. Mais surtout, elle peut être la clé du succès.
"Elle est très importante. Sans la reconnaissance, ce serait difficile, ce serait un peu un autre sport", admet le slalomeur Tanguy Nef. "Je pense qu’on a tous une façon différente de la faire. Certains analysent chaque petit mouvement de terrain, chaque piquet. Moi, je suis plutôt quelqu’un qui va plutôt aller avec le flow, je ne vais pas trop me concentrer sur les détails. Des fois ça fonctionne, des fois il faut quand même regarder où on veut passer, quelle stratégie on veut adopter. C’est là qu’on visualise notre plan de course pour essayer d’être le plus rapide. C’est absolument indispensable et c’est là que le succès se joue déjà".
Murisier: "En technique, la reco est beaucoup plus importante"
Justin Murisier, qui s’aligne aussi bien dans les disciplines techniques que de vitesse, rejoint son collègue: "En technique, la reco est beaucoup plus importante. Chaque tracé est différent d’une manche à l’autre. On a moins de temps pour y réfléchir car les portes arrivent vite. En vitesse, c’est tracé au GPS d’une année à l’autre. Il y a rarement de grosses différences donc si tu l’as vraiment en tête, elle est plus vite fait. Personnellement, je ne suis pas le gars qui reconnaît très vite. Je préfère prendre le temps qui nous est accordé pour être préparé au mieux".
Retraité du Cirque blanc depuis 2015, Didier Défago n’a rien oublié de cette tradition matinale. "La reco a une part prépondérante dans le succès car c’est là qu’on se met en confiance. On doit sentir les choses et savoir où exactement on met les spatules. Pour moi, c’était important d’avoir des confirmations. Le staff est posté à différents points stratégiques et c’était important d’être sur la même longueur d’onde avec les entraîneurs. Je me souviens que je prenais le temps dont j’avais besoin. Au fil des années, elles me permettaient de confirmer ou de corriger mes erreurs. C'était mon moment à moi où je commençais à me mettre dans ma bulle".
Autre étape clé de la reconnaissance, la visualisation. "On le fait tous à 99%", confirme Nef. "Moi, je me vois dans ski challenge. C’est un peu une vision de jeu vidéo. Je me vois descendre et dans ma tête, j’essaie de ressentir quel mouvement et quelle réaction de ski je recherche. C’est pour ça que, sur certaines courses, je peux être déboussolé si je ne trouve pas ce sentiment", explique le technicien.
"J’essaie de me voir faire ces mouvements. On refait aussi parfois des portes en ralenti et cela crée tout un film dans notre tête. Perso, une fois que j’ai fait ce film en 10-15 secondes, j’aurai tout mon parcours et tous les passages clé enregistrés. Quand je vais skier, je ne vais même pas y penser. Je vais le faire instinctivement parce que c’est tellement encré dans cette visualisation que, en descendant, je peux tout simplement me libérer et me faire plaisir".
Didier Défago partage la métaphore cinématographique: "Quand on fait la reco, on enregistre le film parfait. Quand on est au départ, on déclenche le portillon et on appuie sur play. Si tout se passe bien, le film se déroule sans accroc. Mais tout d’un coup, peut-être que la bande a une marque. On touche le filet et après il faut retrouver le film de la course. Ce qui est fort au niveau du feeling, c'est quand on arrive à ressentir dans les jambes ce qui se passe en restant sur place".
Floriane Galaud
La reco synonyme de difficultés pour Dominique Gisin
Mais pour certain, la reconnaissance est synonyme de difficultés. Comme pour Dominique Gisin à ses débuts. "J’avais peu d’expérience, je ne voyais rien. Je ne voyais pas la vitesse, je ne voyais pas les sauts. C’est à cause de ça qu’au début de ma carrière, j’ai fait des bons résultats en descente, seulement. Car il y a les entraînements, on peut prendre ça comme des reconnaissances. En super-G, j’avais vraiment des problèmes. On a dû faire un gros travail avec mes entraîneurs pour trouver des solutions. On a fait des entraînements de reconnaissance. Je n’étais pas très douée pour ça. On voit vraiment en super-G qui est bon. C’est ce qui fait la grosse différence entre ceux qui sont au top et les autres. Lara (Gut-Behrami) par exemple, est exceptionnelle. Elle voit vraiment tout".
Finales à Courchevel/Méribel
16.03
Descente M (10h00)
Descente D (11h30)
17.03
Super-G D (10h00)
Super-G M (11h30)
18.03
Team Event (12h00)
19.03
Géant M (09h00/12h00)
Slalom D (10h30/13h30)
20.03
Géant D (09h00/12h00)
Slalom M (10h30/13h30)