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Mauro Pini, nouvel entraîneur dans la maison Swiss-Ski

Mauro Pini, le nouvel entraîneur des Didier, Cuche et Défago.
Mauro Pini, le nouvel entraîneur des Didier, Cuche et Défago.
Nouvel entraîneur de Cuche et Défago depuis le début de l'hiver, Mauro Pini n'est pas un novice pour autant. Le Tessinois de 44 ans a jadis fait d'une Espagnole un crack en géant et de Lara Gut une skieuse étoile. Interview.

J'ai essayé d'entrer
dans "la maison" sans faire trop de bruit, sans faire l'éléphant.

Mauro Pini

Il était
logique que Mauro Pini (44 ans) rentre "au bercail", que Swiss-Ski
donne sa chance à celui qui a fait de l'Espagnole Maria José Rienda
Contreras l'une des meilleures géantistes du Cirque blanc, ou
contribué à l'éclosion de Lara Gut l'hiver dernier.



Entre un Mauro Pini qui aspirait à de l'air frais, qui commençait
à se sentir "de trop" au sein du Team Lara Gut, et une Fédération
en quête d'un remplaçant à Patrice Morisod, parti chercher bonheur
et deniers en France, la courbe s'est vite tracée. Taillée à
l'envi. "C'est la meilleure alternative possible au départ de
Morisod
", a même dit Martin Rufener, le chef alpin des
messieurs.



Franc, ouvert et incroyablement sympa, le Tessinois de Val
Bedretto, entraîneur de ski depuis 1985, a vite trouvé ses marques
au sein du groupe vitesse des Didier, Cuche et Défago, de Silvan
Zurbriggen et de Marco Büchel. Tsrsport.ch l'a rencontré à Wengen,
à l'occasion des courses du Lauberhorn.

Tout le monde s'est ouvert à moi

tsrsport.ch:

- Cela fait maintenant six mois
que vous dirigez le groupe de vitesse des Cuche, Défago et autre
Zurbriggen. Comment s'est passée votre intégration
?



MAURO PINI:

Très bien, merci. J'ai eu beaucoup
d'aide de la part des athlètes et de mes collègues. Tout le monde
s'est vraiment ouvert à moi, et je dois avouer que j'ai beaucoup
apprécié cet accueil. Moi, j'ai essayé d'entrer dans "la maison"
sans faire trop de bruit, sans faire l'éléphant. J'ai cherché à
comprendre les dynamiques d'une équipe très compétitive. Le groupe
en place est bien soudé depuis quelques années, il était donc
important d'apprendre vite comment il fonctionnait.



tsrsport.ch:

- Votre prédécesseur, Patrice
Morisod, connaissait les skieurs souvent depuis leur plus jeune
âge. Etablir une relation de confiance a-t-il été aisé
?



MAURO PINI:

On a eu besoin d'un peu de temps au
début, c'est normal. On attendait beaucoup de moi, mais mes
attentes à moi étaient grandes aussi. Il a donc fallu trouver le
bon niveau de dialogue. Le camp d'entraînement en Argentine, l'été
passé, a été très utile dans ce sens. Maintenant, j'apprends aussi
à connaître les gars en pleine saison de compétition, sous la
pression des résultats. Si c'est très intéressant
professionnellement parlant, ça l'est encore davantage au niveau
humain.



tsrsport.ch:

- Et tous ont certainement des
caractères très différents..
.



MAURO PINI:

Oui, évidemment. Ce sont tous des
Latins, avec de forts caractères. Mais en tant que Tessinois, je
suis moi aussi un Latin. On se comprend donc bien, les racines sont
les mêmes. Si on prend Didier Cuche, il est comme on le voit de
l'extérieur, une vraie personnalité qui veut toujours faire mieux,
ce que j'apprécie. Il a aussi un grand respect de l'adversaire.
C'est une grand professionnel. Didier Défago, c'est un peu la même
chose, également un travailleur incroyable. Il est parfois un peu
impatient, mais ça s'améliore en même temps que la famille
s'agrandit (rires). Silvan Zurbriggen, lui, c'est un autre
caractère, quelqu'un qui a un fort besoin de dialogue,
d'interaction humaine. Il est aussi plus jeune que les deux autres.
Mais c'est un grand sportif, avec beaucoup de talent. Avec lui, on
travaille donc un peu différemment. Ensuite, il y a encore Marco
Büchel avec nous, malheureusement pour la dernière saison, après 21
ans de Coupe du monde.

"Janka a de la chance d'avoir les Didier devant lui"

tsrsport.ch:

-
Carlo Janka n'est pas dans votre groupe. On dit souvent de lui que
c'est un futur Pirmin Zurbriggen. Vrai
?



MAURO PINI:

Il va encore s'écouler beaucoup d'eau
de la montagne avant qu'il puisse être l'égal de Pirmin. Mais le
talent est là, c'est sûr. Il a aussi la grande chance d'avoir les
deux Didier devant lui. Il peut grandir dans leurs ombres, sans
pression. Il a ainsi tout le temps de développer son immense
talent.



tsrsport.ch:

- Vous avez en tout cas hérité
d'un groupe très expérimenté, qui fonctionne bien. Que pouvez-vous
lui apporter? Quand même pas une nouvelle façon de
skier
?



MAURO PINI:

Non, ce serait présomptueux d'arriver
avec cette idée-là! Mais il y a parfois des détails que je vois
avec un oeil différent. Mon but est d'apporter de nouvelles façons
d'aborder certains aspects. Les gars ont beaucoup d'expérience, ils
savent comment gagner. L'essentiel, c'est le dialogue. L'entraîneur
doit toujours être là, doit avoir un oeil sur tout. Que ce soit au
niveau de l'organisation, de la préparation physique, de la
technique ou même de l'après-souper! Mais il faut aussi une grande
capacité d'écoute, de partage des différentes expériences.

Un métier qui exige une grande passion

tsrsport.ch:

- Un entraîneur a-t-il forcément
été un bon skieur plus jeune
?



MAURO PINI:

La plupart des coaches sont d'abord
passés par les piquets, les courses. Certains ont eu de grands
résultats, d'autres, comme moi, n'ont fait que des courses FIS.
Au-delà d'une grande pratique et d'une base théorique - il faut
quand même pouvoir montrer sur la piste le message que tu as envie
de faire passer! -, c'est un métier qui exige une grande passion.
Il faut savoir qu'au niveau de la famille, ce n'est pas toujours
facile à gérer. Tu es loin toute l'année ou presque, et tu es
parfois tellement pris par le concept que tu es en train de mettre
en place avec les athlètes... Il y a peu de place pour d'autres
choses.



tsrsport.ch:

- A quoi ressemble votre
carrière d'entraîneur en fait
?



MAURO PINI:

En fait, comme chaque entraîneur,
j'ai d'abord dirigé des groupes de jeunes. Ensuite, j'ai eu la
chance de travailler pendant 6 ans avec l'équipe masculine de
Nouvelle-Zélande, puis avec les Espagnoles. Tous n'avaient
évidemment pas l'expérience des Suisses. Quand je suis arrivé en
Espagne, j'ai d'abord dirigé 5 filles, puis 3, puis 2, et
finalement plus que Maria José Rienda Contreras.



C'est d'ailleurs sur la fin de ma période espagnole que j'ai servi
de conseiller à Lara Gut, qui est venue de temps en temps avec
nous. En fait, j'ai travaillé avec elle depuis ses 12 ans. Son père
et moi, nous nous connaissons depuis notre plus jeune âge. J'ai
d'ailleurs fait mon apprentissage dans l'entreprise du grand-papa
de Lara. Puis, après les Mondiaux d'Are, en 2007, j'ai décidé
d'arrêter avec l'Espagne et nous avons mis en place cette cellule
spéciale autour de Lara Gut, pendant l'hiver 2008/09. C'était une
expérience incroyable.



tsrsport.ch:

- Une seule athlète ou une
équipe, ça change quoi pour l'entraîneur
?



MAURO PINI:

Avec Lara, mon oeil était uniquement
pour elle. Là, je dois accorder la même attention à tous. Avec un
team privé, les décisions se prennent aussi beaucoup plus vite.
Dans une équipe, il y a plus de monde et les solutions passent donc
par davantage de dialogue. Les idées mettent plus de temps à
passer! Mais au final, sur la neige, le travail ne change pas. On
parle là aussi de neige, de virages ou encore de matériel.

"L'entraîneur a le même rêve que l'athlète"

Ils savent ce que
gagner signifie, mais aussi ce qu'il faut faire pour y arriver

Mauro Pini

tsrsport.ch:

- Cette saison, vous découvrez le
ski masculin de haut niveau, certaines pistes et, dans quelques
jours, les Jeux olympiques
!



MAURO PINI:

Oh oui! Et le rêve de l'entraîneur
est exactement le même que celui de l'athlète. A chaque fois que
j'en vois un sur un podium, heureux, je vis la même sensation que
lui. Les JO, c'est un chapitre qui peut changer la vie de tel ou
tel coureur.



tsrsport.ch:

- Avez-vous fixé des objectifs,
entre quatre yeux, aux athlètes
?



MAURO PINI:

Non, pas avec ces gars. Avec
l'expérience qu'ils ont, ils savent ce que gagner signifie, mais
aussi ce qu'il faut faire pour y arriver. On ne regarde pas à long
terme, juste de course en course. En plus, dans notre sport, on
sait tous que des facteurs externes peuvent avoir une grande
influence sur une course. Difficile donc de programmer des
résultats ou des médailles. Et un rendez-vous comme les Jeux, au
milieu d'une saison, c'est difficile à gérer. Il faut évidemment
arriver avec la meilleure forme possible et avec un gros capital
confiance.



Propos recueillis à Wengen par Daniel Burkhalter

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"La seule différence entre les garçons et les filles, c'est le moteur"

tsrsport.ch: - Travailler avec des filles ou des hommes, ce n'est pas la même chose quand même...

MAURO PINI: Vous savez, les filles s'entraînent très dur elles aussi. Il n'y a pas de secret, c'est par là que passe une performance de haut niveau. La seule différence, c'est le moteur. Chez une femme, la forme physique n'est pas la même, de même que la capacité à souffrir. Mais le travail reste lourd.

tsrsport.ch: - Vous aviez déclaré être content d'arriver dans cette équipe au moment où celle-ci allait bien. Le poste vous aurait moins intéressé il y a quelques années?

MAURO PINI: Non, pas du tout. C'est juste que j'ai eu la chance d'être là et libre au bon moment. Quand c'est le moment de changer, un entraîneur le sent. Avant même le départ de Patrice Morisod, je savais que j'allais quitter le Team Gut. Deux personnes voulaient faire le même job, ce n'était plus possible. J'ai un peu sondé le marché lors des finales d'Are, et cette proposition est arrivée...

tsrsport.ch: - Lara Gut s'est depuis gravement blessée à la hanche. Vous pensez qu'elle va retrouver tout son potentiel?

MAURO PINI: Cette blessure, c'était une grande tristesse! Mais je suis sûr qu'elle reviendra très très forte, et ce dès le début de la saison prochaine. J'en suis absolument convaincu!

tsrsport.ch: - D'une manière générale, avez-vous confiance en l'avenir du ski helvétique?

MAURO PINI: Il est clair qu'il faudra faire attention à ne pas oublier l'avenir. Actuellement, on vit un présent qui peut encore durer quelques années. Mais ce serait très grave d'oublier une nouvelle fois la relève, ce que Swiss-Ski avait fait il y a quelques années. J'espère vraiment que notre fédération garde un oeil attentif à cela.

Mauro Pini express

Première chose faite le matin au réveil: je me frotte les yeux.

Plat préféré: la cuisine italienne. Des pâtes, du risotto ou de la polenta.

Boisson préférée: de l'eau ou un bon verre de vin de temps en temps.

Destination de vacances favorite: après une saison de ski, je vais volontiers au chaud, mais pas forcément à la mer.

Film préféré: je n'en regarde pas beaucoup. Je regarde volontiers "Les Experts" pour me détendre.

Plus grande qualité: mon ouverture d'esprit.

Plus grand défaut: je ne partage pas assez mes émotions, mes sentiments.

Meilleur souvenir: le dossard rouge de Maria José Rienda Contreras en géant.

Pire souvenir: les blessures de Rienda Contreras et Lara Gut.

Le dopage: J'espère qu'il n'y en a pas dans le ski. C'est en tout cas une grande maladie.

Votre salaire? Un entraîneur ne gagne pas bien. Il gagne sa vie, mais pas assez! Après ma carrière, je pourrai peut-être arrêter de travailler pendant... une semaine! Par rapport à un travail "normal", dans un bureau, on est bien payé, surtout qu'on vit notre passion, au grand air. Mais dans d'autres sports, le coach gagne bien plus. Nous, on a la chance de pouvoir apprendre de nouvelles langues, on voyage partout dans le monde et rencontre plein de nouvelles personnes. Par contre, l'après-carrière d'entraîneur n'offre pas beaucoup de possibilités...


MAURO PINI ET LES SKIEURS

Le coureur le plus "bosseur": Didier Défago.

Le plus "déconneur": je ne connais pas encore très bien l'ambiance dans le ski masculin, mais je pense que Didier Cuche est dans le groupe de tête!

Le plus accro au shopping: sûrement les filles (rires)!

La plus jolie skieuse: (Il hésite d'abord) Sandrine Aubert!

Le plus "fêtard": (rires) Je sais que le Canadien Robbie Dixon est pas mal dans ce domaine-là (rires)!