Un héros ! C'est ce qu'est devenu dimanche Alexandre Bilodeau,
en offrant au Canada la première médaille d'or olympique de son
histoire conquise sur son sol. Le Montréalais de 22 ans a remporté
l'épreuve de bosses des JO de Vancouver au terme d'une descente de
folie sur la piste de Cypress Mountain.
"Je n'arrive pas à y croire. C'est un rêve d'enfant qui se
réalise", s'exclamait Bilodeau après son exploit, salué par
plus de 8000 spectateurs. Il faut dire que l'attente était énorme
au Canada, après deux éditions - les Jeux d'été 1976 à Montréal et
ceux d'hiver 1988 à Calgary - à domicile sans "pépite".
Bientôt une statue ?
Avec cet exploit, qui avait échappé la veille à sa compatriote
Jennifer Heil (2e des bosses), Bilodeau a sans aucun doute gagné sa
place parmi les plus grands champions du pays, comme la skieuse
Nancy Greene ou même, peut-être, la légende du hockey sur glace
Wayne Gretzky. D'aucuns se demandaient même déjà s'il n'aurait pas
prochainement une statue à son effigie...
Pourtant, la partie était loin d'être jouée pour le détenteur de
la Coupe du monde de la spécialité, qui n'avait pas encore remporté
la moindre victoire sur le circuit cette saison. L'Australien Dale
Begg-Smith, champion olympique à Turin, et le Français Guilbaut
Colas, vainqueur des deux dernières étapes du Cirque blanc, étaient
autant d'obstacles de taille. Surtout que Colas, qui avait fait une
démonstration lors de la manche de qualification et assurait
"en avoir plus sous le pied", était le dernier à passer,
quelques minutes après une belle démonstration du Canadien venu
s'installer à la première place devant Begg-Smith et l'Américain
Bryon Wilson.
Son frère handicapé, sa source d'inspiration
Mais si le Français est passé comme une fusée sur les bosses, il
a en revanche moins bien négocié les sauts. Au moment du verdict,
Bilodeau a brandi le poing dans le ciel et le public a bondi de
joie. "Il y a encore beaucoup d'or à venir, c'est juste le
début d'une grande fête", a déclaré le nouveau héros canadien,
avec immédiatement une pensée pour son frère handicapé, Frédéric,
présent dans l'aire d'arrivée. "Mon frère est ma source
d'inspiration. Il m'a appris tant de choses dans la vie. Grandir
avec une personne handicapée, ça met les choses en
perspectives", poursuivait le Québécois, en retenant
difficilement ses larmes.
En offrant au Canada son premier titre olympique sur son sol, le
"bosseur" a non seulement délivré son pays d'une malédiction
vieille de 34 ans, mais aussi lancé une "ruée vers l'or". Raremant
un pays avait autant préparé ses sportifs pour un rendez-vous.
"Notre but est de terminer premiers. Il n'y a pas de compromis,
ces Jeux sont les nôtres et nous allons les gagner", a ainsi
clamé il y a quelques jours Michael Chambers, le président du
Comité olympique canadien (COC).
112 millions pour "OTP"
L'attente la plus fervente est bien entendu celle qui entoure
l'équipe de hockey sur glace. "Je ne pense pas qu'une équipe,
dans quelque pays que ce soit, a déjà connu une telle pression pour
remporter le titre, seulement le titre et rien d'autre", a
même estimé Stephen Harper, le premier ministre canadien. Les
dirigeants du Comité olympique canadien se sont donnés les moyens
de franchir un palier après leur troisième place au tableau des
médailles en 2006 à (24 médailles). Ils ont créé en 2004 un
programme baptisé OTP ("Own The Podium", "A nous le podium"), avec
un financement de 112 millions de francs sur cinq ans, réunis par
le gouvernement et plusieurs grosses sociétés.
Les ambitions sont à la hauteur de l'investissement et il aurait
été mal venu de patienter trop longtemps pour un premier titre. Les
dirigeants du sport canadien n'ont pas donné d'objectifs précis en
nombre de médailles, mais les médias locaux espèrent entre 30 et 35
breloques.
agences/dbu
Tout un pays devant la TV
Illustration de la passion de tout un pays pour "ses" Jeux olympiques, la télévision canadienne CTV a battu vendredi soir le record historique d'audience au Canada lors de la retransmission de la cérémonie d'ouverture: 13,3 millions de téléspectateurs (pour 33 millions d'habitants) étaient devant leur écran.
Vancouver, ski acrobatique, bosses
Messieurs, finale
1. Alexandre Bilodeau (Can) 26,75
2. Dale Begg-Smith (Aus) 26,58
3. Bryon Wilson (EU) 26,08
4. Vincent Marquis (Can) 25,88
5. Pierre-Alexandre Rousseau (Can) 25,83
6. Guilbaut Colas (Fr) 25,74
7. Sho Endo (Jap) 25,38
8. Jesper Björnlund (Su) 25,12