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"Mon corps a besoin de temps", dixit Marc Gisin

Marc Gisin au départ lors du 1er entraînement de la descente de Wengen. [Anthony Anex]
Marc Gisin au départ lors du 1er entraînement de la descente de Wengen. - [Anthony Anex]
Allongé, inerte sur la piste, tel un pantin désarticulé. Les images de Marc Gisin étendu sur la Saslong le 15 décembre 2018 ont glacé le sang de tous ceux qui les ont vues. Près d’un an après sa terrible chute, le skieur peine à retrouver ses sensations. RTSsport l’a contacté par téléphone suite à sa décision de mettre un terme à sa saison.

Il lui en fallu de la force et du courage à Marc Gisin pour remonter sur les skis. Malgré une perte de connaissance et un coma artificiel de deux semaines, des côtes fracturées et des vertèbres touchées, le skieur a bluffé son monde en retrouvant la neige seulement trois mois et demi après sa cabriole. "Les médecins sont étonnés de la rapidité avec laquelle les choses évoluent pour moi", confiait-il à SRF en janvier 2019. Mais la réalité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain. Cette saison, il n’a toujours pas disputé de course de Coupe du monde. Et il n’en disputera aucune. Mercredi, à l’issue du 1er entraînement en vue de la descente du Lauberhorn, l’Obwaldien a pris la décision de mettre fin à sa saison.

"On s’était fixé Wengen comme point de repère pour retrouver mes sensations et la confiance. Plus de la moitié des descentes se sont déroulées. C’est trop difficile d’entrer dans le top-30".

Mercredi, il a affiché le moins bon temps. A vingt secondes du coureur le plus rapide. Sur la piste verglacée du Lauberhorn, réputée pour être l’une des plus difficiles du Cirque Blanc, la marche était trop haute. "J’ai failli tomber après le Minschkante", explique-t-il. "Je me suis arrêté. J’ai dérapé ensuite. Je n’ai pas eu peur, mais j’ai dû me faire à l’idée que mon corps était surmené avec ces mouvements."

Le corps se souvient de tout et c’est ça le problème

Marc Gisin

Mais plus que la tête c’est le corps qui freine. Car de son terrible accident, il ne garde aucun souvenir. "Mais le corps se souvient de tout et c’est ça le problème. Il freine car il a besoin de temps. Je dois lui donner du temps".

Pour l’instant, Marc Gisin ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait. Mais la fin de saison ne rime pas forcément avec fin de carrière. "Ce printemps, je dois recevoir un signal clair de mon corps: "C’est bon, tu es prêt pour te redonner à fond et être rapide. Mais s'il me freine comme maintenant, la frustration sera trop grande. Et à ce moment-là, je pourrai envisager une retraite. J’ai déjà eu plusieurs blessures alors si le corps ne suit pas, j’arrêterai. Mais j’aurais bien voulu démontrer mon potentiel. Mais avec les blessures qui arrivent tous les deux ans, c’est difficile."

En mettant un terme à sa saison, Marc Gisin se donne aussi une chance de ne pas plonger dans les numéros de dossard. Un choix tactique qu’il assume parfaitement. "Je bénéficie d’un statut de blessé et je ne veux pas perdre mes points pour ne pas avoir le dossard 90 la saison prochaine. Là, j’ai de bons points. Je dois vraiment être prêt."

Wengen, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud

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