Même si la saison de Coupe du monde de ski ne reprend qu’en octobre, chez Stöckli, elle ne s'arrête jamais vraiment. Alors que les athlètes s'apprêtent à reprendre la compétition, nombreuses sont les petites mains à œuvrer à dans l’ombre à Malters afin de produire les skis des athlètes. Sur le front de la Coupe du monde, ils sont une quinzaine à représenter la marque dont la double championne du monde de descente Ilka Stuhec et le prodige suisse Marco Odermatt.
On a fabriqué cette année 60'000 paires dont 1'500 pour les athlètes
Pourtant, rien ne prédestinait la marque à un tel succès. Lorsque Josef Stöckli commence à fabriquer des skis en bois, c’est pour son usage personnel. Mais le succès est tel qu’il décide en 1935 de fonder son entreprise. Huitante-cinq ans plus tard, la marque fait toujours partie du paysage suisse. Une longévité qui s’explique par un savoir-faire de qualité mais pas seulement.
"Notre objectif, c’est la qualité avant la quantité", avance Mathieu Fauve, responsable recherche et développement. "On a fabriqué cette année 60'000 paires dont 1'500 pour la compétition C’est peu par rapport aux autres marques. En revanche, on est positionné sur le ski haut de gamme et de qualité avec un réseau limité. Ça nous permet de travailler avec les bons partenaires qui vont être derrière la marque à 100%."
Mais ce qui a définitivement fait entrer Stöckli dans la cours des grands, c’est sa présence sur le Cirque Blanc dès le début des années nonante. "Faire ce pas en Coupe du monde nous a permis d'avoir cette visibilité au niveau international", confirme Mathieu Fauve. "On a pu montrer que nos skis étaient performants pour le grand public mais aussi pour la compétition".
Tina Maze a permis à Stöckli de passer au niveau supérieur
En 1994, le Liechtensteinois Marco Büchel est le premier skieur professionnel à rejoindre la marque. Urs Kälin l’imite quelque temps plus tard, devenant ainsi le premier Helvète à faire confiance au savoir-faire suisse. "Kälin venait de Rossignol, une grande marque, alors que Stöckli était encore tout petit et novice en coupe du monde. Il a eu du succès dès le début et cela a attiré d’autres athlètes comme Didier Plaschy, Paul Accola et Ambrosi Hoffmann. Ils ont permis à la marque de se développer et d’avoir cette aura en Coupe du monde".
Plus tard, c’est une certaine Tina Maze qui élèvera la marque suisse au rang des plus grands. "Avec ses succès durant la saison 2012/2013 et son record de points en Coupe du monde (ndlr : 2414, record de points en coupe du monde, hommes et femmes confondus), elle a permis à Stöckli de passer au niveau supérieur et d’être attractif pour les skieurs."
Aujourd’hui, la marque suisse compte notamment sur Marco Odermatt pour briller. A seulement 21 ans, le Nidwaldien a déjà frappé les esprits en remportant son premier succès en Coupe du monde la saison dernière lors du super-G de Beaver Creek. Une réussite qui ne doit rien au hasard. "Stöckli investit énormément au niveau de la relève. On essaie d’équiper les jeunes athlètes avec le meilleur matériel dès leur plus jeune âge. Marco, cela fait onze ans qu’il est sur Stöckli. On l’a toujours bien soutenu au niveau du matériel. Et quand l’athlète se sent soutenu et qu’on arrive à lui apporter un produit qui l’amène vers le succès, il n’aura pas envie de partir ailleurs".
Beat Feuz avait demandé à tester nos skis
Pour ce faire, la marque et l’athlète travaillent ensemble été comme hiver pour que chacun atteigne l’excellence. "C’est important de passer du temps sur le terrain avec le skieur ou la skieuse pour comprendre quel ski on doit développer avec eux."
"Avec eux". Car la force de Stöckli, c’est une collaboration de chaque instant afin de faire non seulement briller l’athlète mais également rayonner la marque. "Il faut arriver à trouver le bon athlète avec lequel on pourra travailler le mieux possible afin de répondre à ses attentes. Un athlète qui va n’avoir aucun ressenti et qui ne pourra pas nous aider à développer le bon ski pour lui, ça va être difficile. On peut avoir un bon feeling avec un athlète qui n’aura jamais les possibilités techniques. On aime travailler avec un Marco Odermatt, qui va pouvoir réfléchir à long terme, donner un bon feedback et être positif même quand c’est négatif. Généralement, on arrivera à les rendre encore meilleur. Ces dernières années, on peut dire qu’on a eu le nez", sourit-il.
Et puisque le succès attire le succès, nombreux sont les athlètes à avoir approché la marque suisse ce printemps, dont un certain Beat Feuz. "Il avait demandé à tester nos skis", sourit Mathieu Fauve pas peu fier. "Il avait envie d’un nouveau challenge et était prêt à venir tester notre matériel mais à cause du Covid cela n’a pas pu se faire. Mais cela nous a montré que Stöckli pouvait être intéressant même pour un Beat Feuz. Après, il y aurait eu des discussions autour du contrat. On n'aurait peut être pas pu répondre à ses exigences financières", conclut Mathieu Fauve.
Malters, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud