"C’est vrai qu’on se dirige vers une saison très particulière au vu des dernières semaines, des derniers mois", lance d’emblée Didier Défago. "Ce virus est un nouveau paramètre à prendre en compte. Les équipes ont dû revoir leur planning et regarder l’évolution semaine après semaine. Cette année, il a vraiment fallu être flexible."
Après l’arrêt brutal de la saison et la fermeture des stations, les skieurs n’ont par exemple pas pu faire les tests de matériel au printemps. "C’est un point très important pour l’athlète de savoir comment a évolué son matériel et comment il doit se préparer au niveau du réglage pour la saison prochaine. Quand on sort d’une saison, on a encore le feeling de la compétition, l’adrénaline, cette tension musculaire qui est encore là en fin de saison. C’est pour cela qu’on enchaîne tout de suite avec les premiers tests. Cette année, on a eu deux mois où on n’a pas pu mettre les skis donc les athlètes sont en quelque sorte repartis de zéro, cela a redistribué les cartes."
On a la chance d’avoir les deux meilleurs glaciers d’Europe
La pandémie a également impacté la préparation des skieurs, habitués à s’envoler durant l’été pour l’hémisphère sud afin d’y trouver des conditions hivernales. Mais pour l’ancien descendeur, l’équipe de Suisse n’a pas pâti de cette situation, bien au contraire. "On a la chance d’avoir les deux meilleurs glaciers d’Europe et les Suisses ont pu vraiment enchaîner les courses. Il y a un petit côté privilégié où ils arrivent à avoir une priorité sur certaines pistes. Peut-être que cela va faire pencher la balance. Mais les Italiens et les Français ont également bien pu s’entraîner en bénéficiant de très bonnes conditions dans leur pays. Tout le monde est dans la même situation et le même état d’esprit que les autres saisons."
Mais pour minimiser les risques, la FIS a dévoilé début octobre un calendrier quelque peu remanié afin d'éviter autant que possible les interactions entre les athlètes des différentes disciplines. "Le calendrier est une bonne chose, on essaie de regrouper et de limiter le contact entre les personnes. Et le fait d’avoir des disciplines qui sont doublées va permettre des petits airs de revanche et cela peut apporter un peu de piment. Mais ce qui est le plus important, je pense, c’est que la compétition doit avoir lieu, on doit être sur le devant de la scène, on doit être présent cette saison."
Chacun a fixé ses objectifs en oubliant ce qu’il s’est passé
Car l’arrêt brutal de la saison passée a laissé aux athlètes un goût d’inachevé. "Pas qu’aux athlètes", sourit Didier Défago. "Pour le grand public aussi, il a manqué quelque chose. Mais c’est vrai que pour certains skieurs, il y a eu de la frustration notamment au niveau du classement général et des classements des disciplines, autant chez les hommes que chez les femmes. On part dans une nouvelle saison, je pense qu’ils ont réussi à mettre ça de côté. Chacun a fixé ses objectifs en oubliant ce qu’il s’est passé. Le focus c’est vraiment sur la saison à venir avec en ligne de mire les Mondiaux de Cortina en février."
Vainqueur du classement par nation, la Suisse sera très attendue. Mais la concurrence s’annonce rude. "On s’oriente vers une saison qui est très ouverte par rapport à la refonte du calendrier et par rapport aux cartes qui ont été redistribuées durant l’été pour la préparation."
Morgins, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud
"J’espère qu’une Wendy va pouvoir jouer les premiers rôles en slalom"
"Chez les femmes, on a une Corinne Suter très solide. A voir comment elle a digéré ses deux petits globes mais elle a pris de la bouteille depuis deux ans et ses médailles aux Mondiaux d'Are. C’est quelqu’un sur qui l’équipe de Suisse peut s’appuyer. Pour moi, il y a deux points d’interrogation chez les Suissesses: Michelle Gisin et Lara Gut-Behrami. Comment Michelle va revenir après sa saison en dents de scie? Quant à Lara, son potentiel et ses qualités sont toujours là. C’est difficile de savoir quels sont ses objectifs mais je pense que c’est une fille qui a toujours le feu en elle. Si elle prend le départ, c’est pour jouer les premiers rôles. Si ça marche tout de suite, elle peut être dangereuse sur l’ensemble de la saison. J’espère qu’une Wendy va pouvoir jouer les premiers rôles en slalom. On voit aussi qu’en géant elle est capable de venir tout devant".
"Beat Feuz, la valeur sûre"
Comme chaque saison, l'équipe de Suisse pourra compter sur les hommes pour jouer les premiers rôles. "On a une grosse équipe dans toutes les disciplines, surtout en slalom. En géant, on a des garçons qui reviennent de blessure comme Justin Murisier. Ce sera important pour lui de bien débuter à Sölden. On a des valeurs sûres avec Loïc Meillard, Gino Caviezel. En slalom, un Yule, un Kristoffersen vont se battre pour le globe de la spécialité. Au niveau de la vitesse, on a la valeur sûre Beat Feuz. On a un athlète Mauro Caviezel qui a fait une saison épatante en vitesse que ce soit en descente ou en super-G. Malheureusement, il a eu ce petit coup d’arrêt avec sa blessure contractée en septembre. Le point d’interrogation en vitesse chez les garçons c’est Carlo Janka, un peu à l’image de Lara. Il a ce feeling, il a ce savoir, il a ce talent, et si tout matche, il peut skier tout devant très très fort".
"Attention à la jeune garde"
Pour l'ancien descendeur, il faudra compter également sur la jeune garde, incarnée notamment par Marco Odermatt et Loïc Meillard. "Marco a montré des choses extraordinaires la saison dernière surtout avec sa 1ère victoire en super-G. C’est un gars qui peut skier fort dans trois disciplines (descente, super-G et géant). Il a besoin d’expérience mais je préfère avoir un jeune comme lui qui prend des risques, qui fait des erreurs, mais dont on sait qu’il a le potentiel. Loïc est quelqu'un de très posé et de réfléchi. Techniquement, il a une petite marge d’évolution par rapport à la saison passée. J'espère qu'il a fait ce petit pas. C'est une valeur sûre en géant et en slalom. En slalom, je pense qu'il a une équipe un peu forte devant lui avec Daniel Yule et Ramon Zenhäusern. Il doit en profiter pour essayer d’aller les titiller. Mais en slalom, ça bascule très vite d’un coté comme de l’autre."