Modifié

Le CNP de Brigue, un vivier de jeunes talents

Romain Leuenberger et Valentin Crettaz oeuvrent aux côtés de la relève. [Floriane Galaud]
Romain Leuenberger et Valentin Crettaz oeuvrent aux côtés de la relève. - [Floriane Galaud]
Au Centre National de Performance de Brigue, il flotte comme une légère ambiance de colonie de vacances. Mais ne vous y méprenez pas. Les jeunes athlètes qui vivent la semaine dans l’internat du lycée-collège Spiritus Sanctus ne sont pas là que pour s’amuser. Ils représentent les plus sûrs espoirs du ski suisse. Pour un jour, comme leurs aînés Loïc Meillard ou Ramon Zenhäusern qui sont passés par là avant eux, atteindre les sommets de leur sport.
Le CNP de Brigue ouvre ses portes
Le CNP de Brigue ouvre ses portes / RTS Sport / 4 min. / le 24 novembre 2020

Pendant longtemps, la Suisse était à la traîne quand il s'agissait de former des champions. Mais ça, c'était avant. Depuis la rentrée 2006, les meilleurs espoirs romands ont la possibilité de concilier sport et études à Brigue, dans le Haut Valais, au sein du Centre National de Performance.

"Notre objectif principal est de pouvoir amener les jeunes skieurs dans les cadres de Swiss-ski afin qu'ils atteignent leur premier gros objectif c'est-à-dire des participations en Coupe d’Europe, aux JOJ et Mondiaux juniors par des résultats dans les courses FIS et dans les différentes courses internationales", explique Valentin Crettaz, chef entraîneur du groupe des garçons.

A ses côtés, Romain Leuenberger ne peut qu'acquiescer aux propos de son collègue. Préparateur physique à Brigue depuis 4 ans, le Vaudois encadre une dizaine de jeunes champions."D'une manière générale, je les prépare à être le plus complet possible. Un athlète qui fait du ski alpin doit être endurant, explosif et avoir un gainage incroyable."

Le travail réalisé en amont ces dernières années paieRomain Leuenberger

Actuellement, ils sont 36 jeunes à porter les espoirs suisses, 18 filles et 18 garçons. La parité parfaite pour une nation qui a hissé haut ses couleurs la saison dernière en terminant sur la 1ère marche du podium en Coupe du monde. Une première depuis 1989. Alors forcément, une telle réussite donne des idées. "C'est vrai que le ski suisse ne connaît pas la crise grâce aux résultats du haut niveau",sourit Valentin Crettaz. "Le travail réalisé en amont ces dernières années paie. C'est génial pour nos jeunes car ils ont encore plus envie de faire de bons résultats".

Romain Leuenberger abonde. "Ces nouveaux centres structurés en Suisse portent leurs fruits. De nombreux champions qui sont maintenant en Coupe du monde sont passés par Engelberg, Davos ou Brigue. C'est bénéfique pour nous, je suis très heureux de travailler dans un tel centre dont on peut voir les résultats directement au plus haut niveau".

Car la force du Centre de Brigue est de permettre aux meilleurs jeunes romands de concilier école et ski. "Tout est fait pour eux ici", confirme Valentin Crettaz. "C'est plus l'école qui se calque sur le ski que le contraire".

A Brigue, une année coûte entre 25'000 et 35'000 francsValentin Crettaz

Nicolas Macheret confirme. Ce jeune Fribourgeois fréquente le centre depuis 3 ans. "Je peux concilier au mieux mes études et mon sport et l'école me permet de m'accorder du temps libre pour m'entraîner. Ramon (ndlr : Zenhäusern) et Loïc (Meillard) nous ont montré que c'était possible de concilier sport et études. Cela nous motive encore plus, on essaie de faire aussi bien qu'eux."

Même son de cloche pour son copain Maxime Glassey. "Je sais que le chemin est difficile mais avec cettte structure, on met tout en œuvre pour y arriver. Il faut aussi beaucoup de chance mais on s'entraîne pour arriver au meilleur niveau".

Faire partie des tous meilleurs a cependant un prix. "A Brigue, une année coûte entre 25'000 et 35'000 francs",souffle Valentin Crettaz. "On compte 15'000 francs pour l'école et l'internat, 10'000 pour les camps de ski et environ 5'000 francs pour le matériel".Un investissement conséquent bien souvent à la charge des parents, comme le confirme Nicolas Macheret. "Beaucoup de frais sont à la charge de mes parents et je les remercie pour ça, sinon j'ai quelques sponsors de ma région qui me soutiennent".

Quant à savoir si l'un de ces jeunes trustera les podiums de Coupe du monde dans quelques années, difficile à dire selon les 2 hommes. "Il faut prendre en compte le développement corporel. Des jeunes sont parfois très développés et d'autres sont encore de petits enfants. On peut observer le toucher de neige, les qualités intrinsèques. Mais c'est toujours compliqué de dire 'celui là va arriver tout en haut'. Je pense qu'il y en a 2-3 dans chaque catégorie d’âge qui ont le potentiel pour y arriver mais il y a aussi le facteur chance à prendre en compte et notamment le risque de blessures", avance Valentin.

Déceler les plus talentueux, c'est toujours compliquéRomain Leuenberger

"Déceler les plus talentueux, c'est toujours compliqué car il y a tellement de facteurs. Des talents, il y en a. Peu, mais il y en a",analyse Romain Leuenberger. "Dans la vie d'un sportif, surtout à cet âge marqué par le passage de l'adolescence à la vie adulte, il y a énormément de difficultés qu'ils vont rencontrer. Mais on va repérer des caractères, des gars qui ne vont rien lâcher. C’est surtout le potentiel au niveau mental que tu peux repérer."

Reste que les carrières d'un Ramon Zenhäusern ou d'un Loïc Meillard, tous 2 passés par le Centre font des émules. Lors des derniers JOJ, les athlètes suisses ont raflé pas moins de 8 médailles dont 3 pour la skieuse de La Neuveville Amélie Klopfenstein. Alexis Monney a, quant à, lui décroché en février l’or en descente. Des résultats qui rendent fier Romain Leuenberger. "Alexis et Amélie représentent bien le centre et c'est l’exemple type de jeunes qui savent pourquoi ils sont là, qui ont mis toutes les chances de leur côté et on est très fier de ce genre de performances qui prouvent qu’on est sur le bon chemin".

Et si tous ne feront pas carrière, une chose est sûre. Le ski suisse a encore de très belles années devant lui.

Brigue, Floriane Galaud - @FlorianeGalaud

Publié Modifié