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Didier Plaschy: "La Suisse doit tout faire pour rester au sommet"

Exactement 21 ans après Didier Plaschy (à gauche), Ramon Zenhäusern a également reçu le dossard rouge. [Armando Trovati/Andrea Solero]
Exactement 21 ans après Didier Plaschy (à gauche), Ramon Zenhäusern a également reçu le dossard rouge. - [Armando Trovati/Andrea Solero]
Le ski suisse rayonne et cela fait un bien fou dans l’actualité morose du moment. Avec 15 podiums en 19 courses, les Helvètes sont sur une pente ascendante. Comment faire perdurer ce conte de fées? Réponse avec Didier Plaschy que nous avons pu joindre par téléphone. Fort de son expérience d’athlète et d’entraîneur, le codirecteur de Ski Valais a l’œil critique et le regard tourné au-delà de l’euphorie actuelle.

La domination des skieuses et skieurs suisses ne doit rien au hasard. Elle est le résultat d’un travail effectué depuis une décennie. Didier Plaschy n’y va pas par quatre chemins. "Le succès d'aujourd'hui est très bien, mais il faut toujours voir plus loin. La Suisse doit tout faire pour rester au sommet", lâche celui qui a triomphé à deux reprises en Coupe du monde.

"Jusqu’à présent, il n’y a aucune nation qui a réussi à éviter les creux qui se créent après la fin d'une période faste. On a un grand rôle à jouer dans les régions pour favoriser l’éclosion de nouveaux skieurs et faire en sorte que la belle histoire continue", ajoute Didier Plaschy. En dehors de son mandat au sein de Ski Valais, le Haut-Valaisan (47 ans) officie comme consultant pour les disciplines techniques à la télévision alémanique SRF et fait partie de le garde rapprochée de Ramon Zenhäusern en tant que préparateur physique.

À Alta Badia, Ramon Zenhäusern est monté pour la 4e fois sur la plus haute marche d'un podium de Coupe de monde. [REUTERS - Alessandro Garofalo - Reuters]
À Alta Badia, Ramon Zenhäusern est monté pour la 4e fois sur la plus haute marche d'un podium de Coupe de monde. [REUTERS - Alessandro Garofalo - Reuters]

RTSsport: Comment expliquer que la Suisse soit à nouveau aussi forte?

DIDIER PLASCHY: Un élément important est que l’on prolonge désormais les carrières chez les jeunes garçons. A mon époque, on décidait rapidement si un avenir dans le ski professionnel était envisageable ou non. On accordait peu d’importance aux variations du développement corporel qui existent d'une personne à une autre. Les centres de sport-études et une meilleure formation des coaches dans les niveaux inférieurs ont aussi contribué à l’émergence des skieurs qui sont au top actuellement. Mais il y a encore des choses à améliorer....

Chez les hommes, il faut du temps au niveau de l'âge. Chez les femmes, il faut du temps sur le plan de la récupération

Didier Plaschy

RTSsport: Quels sont les points sur lesquels il faut progresser?

DIDIER PLASCHY: Les structures restent trop larges dans le ski suisse. Il faut développer des approches plus fines. Par exemple, on ne peut pas travailler de la même manière avec les femmes et les hommes. Cette année, on a eu beaucoup de blessures avec les skieuses et pratiquement aucune auprès des skieurs. Chez les messieurs, il faut du temps au niveau de l’âge. Chez les dames, il faut du temps sur le plan de la récupération. Pour les garçons, on semble avoir trouvé une bonne voie. Il y a encore du travail à faire avec les filles. Elles doivent être mieux protégées des impacts et des entraînements intenses lorsqu'elles ont leurs menstruations. Le risque d'une rupture ligamentaire peut augmenter à ce moment-là.

RTSsport: La Suisse est connue pour son conservatisme. Quid des méthodes d’entraînement?

DIDIER PLASCHY: Aujourd’hui, on cherche encore trop à appliquer le fameux proverbe: "C’est en forgeant que l’on devient forgeron". Je suis persuadé qu'un skieur peut devenir un champion sans passer tout son temps à aligner des séries de piquets sur la neige. Au lieu d’envoyer les jeunes sur les glaciers l’été, il est possible de les former différemment en utilisant des rollers ou le tapis roulant. On essaie de mettre en place cette dynamique avec Ski Valais.

Avec deux victoires en slalom, Ramon peut maintenant me regarder les yeux dans les yeux

Didier Plaschy

RTSsport: Un mot sur la magnifique victoire de votre "protégé" au slalom d'Alta Badia....

DIDIER PLASCHY: La victoire de Ramon Zenhäusern est belle, même s’il faut avouer qu’il a été bien payé. Il a bénéficié de la dégradation de la piste. Les derniers skieurs n’arrivaient plus à avancer avec les trous formés sur le bas du parcours. Cela dit, on ne doit pas oublier qu'il a eu de la malchance la saison dernière à Val d’Isère et Madonna di Campiglio. Cette fois, les piquets sont passés du bon côté pour lui. Avec deux victoires en slalom, Ramon peut maintenant me regarder les yeux dans les yeux (rires).

RTSsport: Comme vous, il va aussi avoir l'honneur de porter le fameux dossard rouge....

DIDIER PLASCHY: Il a toujours dit qu’il rêvait d’avoir une fois le dossard rouge de leader de la discipline. Cela reste assez exceptionnel de porter ce type de dossard. On a tous envie de le ramener à la maison.

Sébastien Schorderet

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Didier Plaschy en bref

21 décembre 1999: la 2e victoire de Didier Plaschy
21 décembre 1999: la 2e victoire de Didier Plaschy / RTS Sport / 1 min. / le 22 décembre 2020

Nom: Plaschy

Prénom: Didier

Naissance: 2 mai 1973

Carrière: 3 podiums en Coupe du monde (slalom) dont 2 victoires (Beaver Creek et Kranjska Gora en 1999).

Un 4e succès valaisan à Madonna?

Le slalom de Madonna di Campiglio accueille ce mardi la Coupe du monde (17h45, RTS 2). Le Valais compte pour l’instant 3 victoires dans la discipline du virage court sur les pentes de la station italienne. Daniel Yule s’est imposé lors des deux derniers rendez-vous (2018, 8 janvier 2020). Martial Donnet a quant à lui gagné en 1978. Une victoire qui a permis au skieur de Morgins d’être le 1er slalomeur valaisan à triompher sur le Circuit.