Il incombera comme il se doit à Dario Cologna, engagé vendredi
sur le 15 km en style classique, de placer l'équipe de Suisse sur
orbite aux Mondiaux de Liberec. Ce n'est pas l'épreuve préférée du
Grison, mais il a les moyens de bousculer les favoris parmi
lesquels le Tchèque Lukas Bauer.
«Cette course (départ vendredi à 13h00) me permettra
de faire monter les tours de mon moteur», annonce le leader de
la Coupe du monde de fond. Il devrait atteindre son plein rendement
plutôt le jour du Seigneur: avec la poursuite sur 30 km dimanche 22
février et le 50 km départ en ligne le dimanche suivant.
La poursuite, avec le changement de style (du classique au libre)
à mi-parcours, convient particulièrement à l'habileté tactique de
Cologna. «C'est dans cette course que j'ai le plus de chances
de médaille, grâce à ma polyvalence». A défaut, le 50 km en
clôture lui offrira, sur un parcours exigeant parfaitement adapté à
sa robustesse, une deuxième chance en or.
Un mental d'acier
En attendant, le 15 km de vendredi s'annonce plutôt comme un
tour de chauffe, même si «le talent du siècle» comme le qualifient
ses entraîneurs ne fait rien sans ambition. Sur cette distance, il
compte deux «top 10» cette saison (5e à Davos et 8e à Otepää en
Estonie). De quoi titiller les spécialistes, dont le vainqueur de
la dernière Coupe du monde Lukas Bauer, plutôt discret jusqu'à
présent mais qui a tout misé sur ces Mondiaux à domicile.
«Je me suis bien préparé à Davos. La semaine dernière, j'étais
encore un peu fatigué (ndlr: il n'a fini que 18e samedi du 15
km à Valdidentro/It), mais la forme s'améliore de jour en
jour», souffle Cologna, toujours d'un calme olympien. «Ma
principale qualité? (il réfléchit longuement)... C'est ma
force mentale! Je fais ce que j'ai à faire».
Sous-entendu: sans se préoccuper des autres, tout en restant un
équipier apprécié. A l'entraînement, Cologna se montre très
appliqué mais pas trop. Il sait parfaitement, à 22 ans, écouter les
signaux de son corps et adapter ses programmes au besoin. Quand on
lui demande s'il s'attendait à une telle ascension, il répond:
«Peut-être pas aussi rapidement. Ma victoire au Tour de Ski a
été importante, mais il n'y a pas eu un seul élément déclencheur.
C'est un processus constant».
si/alt
Une saine émulation
Dario Cologna profite à plein depuis le printemps dernier de l'engagement par Swiss-Ski du coach norvégien Fredrik Aukland. Les séances d'entraînement ponctuelles effectuées en compagnie de quelques-uns des meilleurs Norvégiens comme Jens Arne Svartedal ont pu le booster. «Mais actuellement, c'est plutôt lui qui a besoin de nous», relève-t-il malicieusement.
Egalement prévu pour le sprint par équipes et le relais 4 x 10 km, soit cinq courses en douze jours, Cologna n'a pas peur du défi. «J'ai déjà prouvé que j'encaissais bien la répétition des efforts», lâche le Grison, qui cite sans sourciller ses principaux rivaux: Bauer mais aussi les Italiens Pietro Piller Cottrer et Giorgio Di Centa, les Français Vincent Vittoz et Jean-Marc Gaillard, le Finlandais Sami Jauhojärvi et le Suédois Martin Johnsrud Sundby, l'Allemand Axel Teichmann et un ou deux Russes. Mais Cologna veillera d'abord sur lui-même.