Dario Cologna a annoncé la couleur. Pour ses premiers
Championnats du monde élite, le Grison a pris la 6e place du 15 km
en style classique à Liberec, un résultat prometteur pour les
prochaines courses censées mieux lui convenir. Le vieux renard
estonien de 38 ans Andrus Veerpalu s'est encore couvert d'or.
Cologna avait prévu de partir vite pour revenir rapidement sur
Axel Teichmann, formidable locomative en temps normal, et profiter
du sillage de l'Allemand. Mais la tactique n'a pas marché, car
l'Allemand n'avait pas le bon ski et a vite été lâché.
Le jeune Grison avait préféré pour sa part ne pas farter dans la
partie du ski située sous la chaussure. «C'était le bon choix,
mais ça devient très difficile pour nos servicemen avec cette neige
qui n'arrête pas de tomber», a-t-il observé. Cologna s'est dit
«très content» de sa course. «La forme est bonne, et je peux
faire quelque chose dans la poursuite (30 km) de
dimanche.»
Veerpalu chercheur d'or
Faire quelque chose signifie pour lui «un podium», ce qu'aucun
Suisse n'a réussi à ce jour dans des Mondiaux. Cette prouesse, il
l'a manquée pour 16''9 sur le 15 km. Soit l'écart qui le sépare de
la médaille de bronze qui échoit au Finlandais Matti Heikkinen. Les
deux premiers étaient intouchables et se sont livré une bataille
épique, rehaussée par les encouragements des fans tchèques
(14 500 spectateurs) venus soutenir leur idole Lukas
Bauer.
Encore en tête à 3 km de l'arrivée, Bauer s'est fait souffler le
titre sur le fil par Andrus Veerpalu, pour 6''. Grand spécialiste
du classique, Veerpalu conquiert son 2e titre mondial après celui
de 2001 à Lahti. L'athlète d'Ötepaeae, la Mecque du ski nordique
dans les pays baltes, est aussi double champion olympique du 15 km.
A Turin en 2006, il avait déjà devancé Bauer. L'Estonien n'a pas
son pareil pour arriver au top pour les grands rendez-vous.
Pour Cologna, ce résultat constitue le deuxième meilleur de sa
carrière au plus haut niveau dans ce type d'épreuve après sa 5e
place à Ötepaeae en janvier en Coupe du monde. Il n'avait jamais
disputé de Mondiaux élite auparavant ni de Jeux olympiques. Le
classique n'est pas son style préféré, et le Grison a toujours dit
que la poursuite de dimanche (2 x 15 km dans les deux styles) est
la course qui devrait le mieux lui convenir.
Son moteur est chaud désormais. Il ne regrette pas son choix
tactique sur le 15 km, même s'il reconnaît que s'il n'avait pas
cherché à calquer sa course sur celle de Teichmann, il serait parti
plus prudemment. Et que le résultat aurait pu être meilleur.
L'hommage de Livers
«Cette performance montre que nous avons préparé les bons
skis. Cela nous rend confiants pour la suite», a commenté le
chef du fond suisse Adriano Iseppi. Vingt-sixième à 1'42 du
vainqueur et à 1'09 de Cologna, Toni Livers tirait son chapeau à
son copain grison: «En classique, c'est vraiment très
fort.»
Pour Livers, seulement deux fois dans les points cet hiver en
Coupe du monde, ce résultat doit l'encourager dans sa longue route
vers la confirmation de sa victoire surprise en Coupe du monde à
Davos sur 15 km il y a deux ans. Reto Burgermeister a terminé
50e.
si/bao
Fond: 15km classique
1. Andrus Veerpalu EST 38'54"4
2. Lukas Bauer CZE + 6"3
3. Matti Heikinen FIN 16"4
4. Kris Freeman USA 17"7
5. Jaak Mae EST 30"7
6. Dario Cologna SUI 33"3
7. Eldar Roenning NOR 41"2
8. Johan Olsson SWE 42"1
9. Tobias Angerer GER 50"5
10. Martin Bajcicak SVK 57"5
26. Toni Livers SUI 1'42"9
50. Reto Burgermeister SUI 3'46"3
Veerpalu le plus vieux, Cologna le meilleur depuis longtemps
Avec son titre sur le 15 km classique à Liberec, l'Estonien Andrus Veerpalu est devenu le plus vieux champion du monde de fond de l'histoire. Et Dario Cologna, avec sa 6e place, a obtenu le meilleur résultat suisse depuis des décennies dans la discipline. Avant Veerpalu, le plus âgé était l'Italien Maurilio De Zolt, qui avait 36 ans lors de ses derniers grands succès.
Cologna, lui, a fait mieux que Giachem Guidon, 8e aux Mondiaux de Lahti sur 15 km en 1989, et que Reto Burgermeister, 9e aux JO de Salt Lake City en 2002. Parmi les légendes, Andy Grünenfelder, dans les années 80, Edi Hauser et Albert Giger, dans les années 70, n'avaient pas fait mieux que Guidon et Burgermeister en compétition majeure sur cette distance classique.