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L'or pour Andreas Küttel au grand tremplin

Andreas Küttel l'a fait, le Schwytzois est champion du monde.
Andreas Küttel l'a fait, le Schwytzois est champion du monde.
Andreas Küttel a réalisé un véritable exploit à Liberec en remportant le titre mondial sur le grand tremplin! Le concours s'est joué sur une manche en raison des conditions météorologiques exécrables.

La 21e compétition majeure d'Andreas Küttel aura été la bonne.
Au moment où peu de monde l'attendait encore, le Schwytzois a surgi
pour remporter le titre mondial au grand tremplin à Liberec, après
une saison jusque-là bien terne. Le verdict est tombé après une
seule manche.



Küttel, 30 ans, a effectué un premier saut magnifique, le plus
long avec 133,5 m, mais il a aussi bénéficié d'un peu de chance
avec l'annulation de la deuxième manche. Deux tentatives
successives de mener à bien la finale ont échoué après le passage
d'une vingtaine de concurrents, en raison de la violence des
précipitations dans un mélange pluie-neige fort peu propice. Le
jury a finalement pris la décision de stopper les frais et de
décerner les médailles sur la base du seul premier saut.



Ainsi, Küttel l'emporte avec une marge infime de 0,4 point devant
l'Allemand Martin Schmitt, en pleine résurrection sportive cet
hiver, et 1,8 point sur le Norvégien Anders Jacobsen. Les
Autrichiens sont les grands battus, avec pour meilleure place la 4e
de Gregor Schlierenzauer, le leader de la Coupe du monde.



«On aurait pu prévoir dès le début que la météo ne permettrait
pas de disputer deux manches. Il aurait tout fallu remettre à
dimanche»
, a déploré «Schlieri».



Simon Ammann, tenant du titre, n'a pris que la 8e place (129 m).
Mais le Saint-Gallois, médaillé de bronze au petit tremplin samedi
passé, s'est vivement réjoui du titre de son copain et camarade de
chambre Küttel.

Doute et déclic

Les qualités du Schwytzois et son
application n'ont jamais été remises en question, mais Küttel était
rongé par le doute ces derniers mois. Au creux de la vague au
sortir de la Tournée des Quatre-Tremplins achevée au 16e rang, il
est allé ensuite refaire ses gammes à l'entraînement, seul, sur le
tremplin de Hinterzarten (All), pendant que les autres se
trouvaient en Autriche pour les concours de Bad Mitterndorf.



Cette parenthèse a coïncidé avec le retour en forme du Schwytzois.
Deux fois proche du podium juste avant Liberec, il y a débarqué
avec une certaine dose de confiance, renforcée par ses excellents
souvenirs sur ce tremplin où il s'était déjà hissé deux fois sur un
podium en Coupe du monde. L'élasticité de sa musculature représente
un atout majeur sur cet élançoir à la transition très abrupte entre
la pente de la piste d'élan et le bout de la table. Il en a tiré
profit pour déclencher une impulsion remarquable, renforcée par la
vitesse d'élan la plus élevée de tous (93,5 km/h).

Le quatrième Suisse

En 20 concours aux Championnats du monde et aux Jeux, Küttel
avait jusqu'à présent comme meilleurs résultats un 5e rang sur le
petit tremplin des Mondiaux de Sapporo en 2007 et un 6e aux JO de
Turin en 2006. Plus souvent qu'à son tour, il peinait à assurer
deux manches régulières. Le jury, cette fois, lui a épargné la
nécessité de montrer qu'il en était capable.



Ce succès rappelle celui que Küttel avait remporté à
Garmisch-Partenkirchen sur la Tournée des Quatre-Tremplins en 2007,
avec déjà un classement validé après un seul passage. Mais il ne
doit rien à personne. La manche a été parfaitement régulière, et
Küttel fait partie des meilleurs sauteurs du circuit en tout cas
depuis la première de ses cinq victoires en Coupe du monde, à
Lillehammer en 2006.



Küttel est le quatrième Suisse de l'histoire sacré champion du
monde. Le premier avait été Marcel Reymond à Innsbruck en 1933
(grand tremplin), suivi à deux reprises par Walter Steiner en vol à
ski, en 1972 à Planica et 1977 à Vikersund, et enfin Simon Ammann
au grand tremplin de Sapporo en 2007.



«Il se peut bien que le plus chanceux gagne à Liberec»,
avait prophétisé Simon Ammann la semaine passée. S'il a fallu un
brin de chance à Küttel, celui-ci a surtout su renouer avec
lui-même et remettre en place les pièces de son délicat puzzle au
moment opportun. La marque d'un champion du monde.



si/rsch

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La parole à Andreas Küttel

"C'est incroyable pour l'équipe, ce qui arrive. Il m'a fallu d'abord réaliser tout ça. Mais après mon saut, je me suis senti euphorique. Je connais très bien les sensations de mon corps et je savais que j'étais incroyablement bien sorti de la table d'élan".

Félicité par Simon Ammann

"Il m'a dit: tu l'as fait, ça reste chez nous. J'étais relâché et plein d'énergie aujourd'hui. J'ai eu une forte poussée d'adrénaline après mon saut mais je suis resté concentré et j'ai suivi mon rituel habituel jusqu'à l'annonce de l'annulation de la seconde manche, sans trop penser aux médailles ni aux conditions".

Une épreuve équitable

"J'ai gagné avec les mêmes conditions que tous les autres. Quand le départ de la finale a été donné (avant l'annulation), la neige devenait toujours plus collante et lourde. J'ai alors pensé que ce serait très dur".

Küttel ne s'est pas révélé sur le tard

"J'étais au contraire extrêmement précoce. J'ai beaucoup gagné en Suisse vers l'âge de 16 ans. Mais après en Coupe du monde, nous les Suisses avons longtemps connu de gros problèmes de matériel. Nous étions systématiquement 2 à 3 km/h plus lents que les autres et n'avions simplement aucune chance. Mais l'été dernier, nous avons très bien travaillé".

Saut au grand tremplin (27.02)

1. Küttel SUI 141,3 133m5
2. Schmitt GER 140,9 133m0
3. Jacobsen NOR 139,5 132m5
4. Schlierenzauer AUT 138,6 132m0
5. Bardal NOR 135,8 131m0
6. Loitzl AUT 132,3 128m5
7. Vassiliev RUS 132,1 129m5
8. Ammann SUI 131,7 129m0
9. Koudelka CZE 131,4 128m0
10. Morgenstern AUT 130,4 128m0

Le concours s'est déroulé sur un saut.