Rentré bredouille des Mondiaux de Liberec en février, Dario
Cologna mise tout cette saison sur les Jeux de Vancouver et le Tour
de Ski. La défense de son globe de vainqueur du général de la Coupe
du monde n'est pas une priorité pour le Grison, à l'aube de l'année
2009-10 qui s'ouvre samedi à Beitostolen (No).
Cologna (23 ans) devrait se sentir moins seul cet hiver. Dautres
Suisses du groupe de distance entraîné par le Norvégien Fredrik
Aukland ont encore progressé à l'entre-saison, en particulier
Curdin Perl. Souvent freiné par la maladie, ce dernier a démontré,
lors de tests à Macolin, qu'il disposait d'un «moteur» au moins
aussi performant que Cologna. Dans deux des trois tests
physiologiques effectués, il a battu le record du champion du Val
Müstair.
Même si les valeurs obtenues «à sec» en laboratoire n'ont qu'une
valeur indicative, elles ont de quoi fortifier la confiance de
Perl, qui a quitté le camp de base de l'équipe de Suisse à Davos
pour retourner se préparer à Pontresina, en Haute-Engadine. Toni
Livers (14e du 50 km à Liberec) et Remo Fischer (19e) avaient
montré le bout de leurs spatules en fin de saison et sont prêts cet
hiver à renouer avec leurs heures de gloire, qui remontent à
février 2007 pour Livers (victoire à Davos sur 15 km) et mars 2008
pour Fischer (3e à Holmenkollen sur 50 km).
Cologna dans le flou
Mais tous les regards seront bien sûr tournés vers Cologna. Le
Grison prévoit une montée en puissance sur les trois mois précédant
Vancouver. Il sacrifiera certains rendez-vous de Coupe du monde
d'ici là puisque la défense de son titre du général n'est pas une
préoccupation. En revanche, il fera tout pour rééditer son succès
au Tour de Ski pendant les fêtes de fin d'année. "Je ne sais
pas où j'en suis actuellement, je manque de repères", observe
Cologna, victime d'une déchirure à la cuisse droite à
l'entraînement fin septembre. Il s'est cependant remis plus vite
que prévu et prendra part au 15 km libre samedi à Beitostolen, où
il vise modestement une place dans les 15 premiers.
Plus généralement, les mêmes que la saison passée devraient encore
s'illustrer: le Norvégien Petter Northug, triple champion du monde,
qui a remporté un 15 km FIS libre à Beitostolen le week-end dernier
devant l'Italien Giorgio Di Centa et le Russe Alexandre Legkov. Le
Suédois Martin Johnsrud Sundby s'annonce fort aussi, et bien sûr,
pour les JO, l'inusable Estonien Andrus Veerpalu, double médaillé
d'or olympique. En sprint, les Norvégiens devraient être encore
imbattables. Les Jeux ne s'annoncent pas sous les meilleurs
auspices pour les spécialistes suisses (Valerio Leccardi, Martin
Jäger...), avant tout à l'aise en skating, alors que les épreuves
de Vancouver se tiendront en classique.
Les Suissesses mal barrées
Côté féminin, la saison sera "extrêmement difficile",
relève l'entraîneur en chef des Helvètes Markus Cramer. La Vaudoise
Laurence Rochat a été opérée d'un talon au printemps et a dû
renoncer à tout entraînement de course à pied. A skis en revanche,
elle ne ressent pas de douleurs mais ses valeurs d'entraînement
étaient un peu inférieures à celles de 2008. La Grisonne Seraina
Mischol connaît de nouveaux problèmes de santé (aine, talon
d'Achille). Il apparaît donc douteux que la Suisse soit en mesure
d'aligner un relais dames à Vancouver.
Au plan international, la saison pourrait être celle du retour au
premier plan de la Norvégienne Marit Bjoergen, en grande forme cet
automne. La tenante du titre à la Coupe du monde est la Polonaise
Justyna Kowalczyk.
COLOGNA: "JE SAIS QUE JE PEUX ENCORE M'AMELIORER"
- Dario Cologna, vous vous entraînez depuis le 7 novembre en
Norvège. Comment avez-vous fait pour récupérer beaucoup plus vite
que prévu de la déchirure à une cuisse subie fin
septembre?
DARIO COLOGNA: Huit semaines se sont écoulées
maintenant depuis ma blessure et je ne ressens plus de douleurs
depuis assez longtemps. Dans ces conditions, c'est évident que je
souhaite, en tant qu'athlète, renouer d'entrée avec la compétition,
même si logiquement les médecins invitent à la prudence.
- Exprimé en pour-cent, à quel niveau de vos possibilités vous
situez-vous en ce moment?
DARIO COLOGNA: Difficile à dire. Je me sens bien,
mais les comparaisons me manquent. Je me suis beaucoup préparé seul
en Norvège et n'ai pas fait d'entraînement vraiment rapide. J'aurai
sûrement besoin de quelques courses pour trouver le rythme. Mais
cela est normal, même quand on n'a pas été blessé.
- Vous n'avez pas pu prendre part aux tests de performance
effectués à Macolin en octobre. Comment avez-vous réagi en voyant
que Curdin Perl avait battu deux de vos records?
DARIO COLOGNA: Ce n'est pas un problème pour moi.
C'est super que toute l'équipe ait progressé. En ce qui me
concerne, je ne peux donc pas me comparer avec mes tests de 2008,
mais je sais que je peux encore m'améliorer. Du reste lors des
premiers tests en juin, avant ma blessure, j'avais progressé.
- Avec-vous pu vous préparer sereinement malgré la notoriété
acquise après vos succès de l'hiver dernier?
DARIO COLOGNA: Ça s'est quand même bien calmé.
Grâce aussi à mon manager Marc Biver, je gère bien la situation.
Les sollicitations ne m'ont d'ailleurs pas posé de gros problèmes,
bien que ce fût assez nouveau pour moi. L'entraînement a toujours
la priorité.
si/ggol