Les slalomeurs suisses privés de ski à Zermatt
"Ca fait vraiment mal au cœur de voir les glaciers comme ça. C'est vraiment un choc". Daniel Yule ne pouvait cacher son émotion en découvrant l'étendue des dégats. "J'ai souvent dit que du temps de ma carrière, le ski sur glacier existerait toujours mais manifestement c'est arrivé plus vite que prévu".
Le ski d'été en sursis
Il faut dire que le plus haut domaine d'Europe fait grise mine. "A côté de la piste, c'est un peu noir, c'est ça qui fait peur et il y a des crevasses", décrit Matteo Joris. Si l'entraîneur des slalomeurs suisses a toutefois été surpris par les bonnes conditions d'entraînement, il n'en n'a pas été de même avec la fermeture du domaine.
"On savait que c’était limite donc on s’est dit qu’il fallait prendre ce que l’on pouvait prendre et après on verra. C’est pour tout le monde la même chose. J'ai quand même été surpris par les bonnes conditions d'entraînement. Maintenant, c'est important de rester calme, d'avoir un plan B en ski ou en condition physique et de voir comment cela évolue. Peut-être qu’en septembre, il y aura du froid, le glacier va reprendre de la structure et on aura de superbes journées".
Mais tout de même: avec le réchauffement climatique, le ski d'été est-il voué à disparaître ? "C'est clair qu'il y a des réflexions à mener concernant le ski d'été", estime Daniel Yule. "On peut peut-être prolonger un petit peu plus longtemps le ski au printemps et remonter sur les skis un peu plus tard, peut-être au mois de septembre plutôt que fin juillet".
Matteo Joris abonde: "Ce sera de plus en plus difficile de skier en été sur les glaciers. Et pour les années futures, à nous de nous adapter. On peut changer les périodes d'entraînement. Par exemple, skier un peu plus au printemps et décider qu'on ne skie plus sur les glaciers l'été pour les préserver. Il existe également d'autres possibilités comme le ski indoor sur tapis ou dans des dômes".
Ushuaïa en ligne de mire
Une alternative qui ne remplace cependant pas le "vrai" ski. "Le tapis indoor tient bien la route après ce n'est pas la même chose. Ce n'est pas comme ça qu'on va devenir champion du monde", lance Tanguy Nef. Les halles, c'est encore pire par rapport à l'impact écologique. On peut aussi accepter que la nature veuille nous dire quelque chose et ma foi, on skiera un petit peu moins et ce n'est pas plus mal".
Quoi qu'il en soit, les athlètes suisses pourront se rattraper dès la mi-août à Ushuaïa où ils retrouveront des conditions hivernales. "On a de la chance, on avait déjà prévu d'aller dans l'hémisphère sud pour s'entraîner à la fin du mois d'août donc on va peut-être perdre une ou deux journées ici ou là mais dans l'ensemble, l'impact ne sera pas énormissime", relativise Yule.
"Cela fait trois ans que l'on ne pouvait plus y retourner à cause du Covid. Pour nous, c'est très important d'aller à Ushuaïa pour le matériel et faire les réglages. Quand on arrive aux premières courses, on a plus d'infos, on est plus prêts que si on restait à s'entraîner sur les glaciers", conclut Matteo Joris.
Zermatt, Floriane Galaud