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Urs Lehmann, nouveau président de Swiss-Ski se confie

Nouvelles combinaisons, et nouveau président (au centre).
Nouvelles combinaisons, et nouveau président (au centre).
Unique candidat, Urs Lehmann (39 ans) a été désigné nouveau président de Swiss-Ski, en remplacement du politicien grison Duri Bezzola. Le nouveau patron se confie.

- Votre élection est un coup de maître: un ancien sportif de
haut niveau qui maîtrise également les rouages de l'économie, cela
va générer de grandes attentes.




URS LEHMANN: Les attentes sont élevées,
effectivement, je le ressens d'ailleurs déjà. C'était déjà le cas
il y a deux ans lorsque j'avais été élu au présidium.
Rétrospectivement, je pense avoir répondu favorablement aux
attentes ces deux dernières années. Je considère la pression qui
émane des attentes comme un honneur.

"L'objectif reste le même: des médailles et des victoires"

- Dans quel domaine y a-t-il le plus de travaux à
entreprendre actuellement?




URS LEHMANN: Dans le domaine des finances.
L'objectif principal de la fédération reste toujours le même: des
médailles et des victoires. Les conditions pour atteindre ce but
restent des moyens financiers, obtenus par une optimisation des
dépenses ou par des rentrées d'argent supplémentaires. C'est
pourquoi nous avons besoin, dans les deux ans à venir, de 1,5 à 2
millions de francs de plus. Sinon, nous ne progresserons pas
sportivement.



- Comment comptez-vous ramener plus d'argent, le potentiel de
sponsors semble déjà presque épuisé?




URS LEHMANN: Je ne partage pas tout à fait votre
avis. Avec le directeur Hans-Ruedi Laich, nous n'avons pas
exactement la même optique sur ce sujet. En ce qui concerne le
sponsoring classique, nous nous trouvons à un très bon niveau avec
28 millions de francs. Mais nous devons encore nous améliorer, de
manière créative et avec des nouveaux investissements. Nous avons
d'ailleurs déjà désigné un nouveau responsable marketing en la
personne de Stefan Brütsch qui fait très bien son travail. Avec
"skijumping.ch", qui ramène 150'000 francs par an, ou avec la
fondation Grütter qui nous a donné plusieurs centaines de milliers
de francs, nous possédons des mécènes que nous nous devons de
choyer.

"Cela ne m'empêche pas de travailler en équipe"

- Vous passez pour être un homme d'action. Ce genre de
personnes fait souvent passer son engagement personnel avant le
travail d'équipe.




URS LEHMANN: C'est difficile à dire. Si je suis
persuadé que j'ai raison, et que les autres ont tort, alors je
défends mes opinions avec véhémence. Mais cela ne m'empêche pas de
travailler en équipe.



- Par le passé, le présidium a été actif au niveau
opérationnel, mais pas forcément sur le plan stratégique. Dans
quelle direction mènerez-vous la fédération?




URS LEHMANN: Quel est le travail d'une fédération
de ski finalement? On doit aller de l'avant le plus vite possible!
La différence entre opérationnel et stratégique ne m'intéresse
absolument pas. Aller le plus loin possible, le plus vite possible
reste au centre de mes préoccupations. Nous voulons les meilleurs
au sein du présidium, celui qui est ensuite le mieux qualifié pour
mener une action la mène. Point.



- On attend d'un président des qualités diplomatiques. Vous
êtes plutôt un homme qui ne mâche pas ses mots. Pensez-vous devoir
vous retenir?




URS LEHMANN: Ce sera difficile pour moi, mais je
devrai m'y faire. J'ai déjà prouvé que je pouvais faire la part des
choses en cherchant un deuxième ou un troisième avis auprès de
personnes compétentes afin de questionner mes certitudes.

Pas de carnet d'adresses politique

- Au contraire de vos prédécesseurs Edi Engelberger et Duri
Bezzola, vous ne disposez pas d'un réseau politique, est-ce un
handicap?




URS LEHMANN: Je n'ai pas ce genre de carnet
d'adresses, c'est clair. Toutefois, le présidium et l'assemblée des
délégués ont décidé de mettre l'accent davantage sur l'aspect
sportif et économique que politique. Comme exemple, je vous donne
Pirmin Zurbriggen, qui est entré au présidium. J'ai déjà discuté
avec Duri Bezzola d'une autre façon d'utiliser les réseaux
politiques ainsi que les relations avec l'OFSPO (ndlr: Office
fédéral du sport) et Swiss Olympic.



- Les nouveaux présidents ou directeurs détaillent volontiers
leur vision, pour que le pays de sports d'hiver qu'est la Suisse
redevienne le numéro 1.




URS LEHMANN: Je n'ai jamais dit cela, et je ne le
dirai jamais. Cela signifie quoi numéro 1? En biathlon aussi, ou
seulement en ski alpin? Nous avons huit sports différents pour
lesquels je n'ai qu'UN seul but: devenir meilleur.

"Les temps pourraient se faire plus durs"

Q: Comment imaginez-vous Swiss-Ski après vos quatre
premières années de présidence?




URS LEHMANN: Nous aurons gagné plus de médailles
et remporté plus de victoires que jusqu'alors. Pas seulement en ski
alpin, mais aussi en ski nordique. En fond par exemple, la jeune
génération est prometteuse et possède un immense potentiel. Bien
sûr, en biathlon et en snowboard, les temps pourraient se faire
plus durs ces prochaines années. Nous disposerons de plus d'argent
et nous apporterons encore plus de plaisir à la population
qu'aujourd'hui.



si/dbu

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Des qualités de gestionnaire

Le retrait de Duri Bezzola après huit ans d'activité avait déjà été annoncé à l'assemblée 2007 à Grindelwald. Candidats à la succession, Adrian Amstutz et l'ancienne skieuse Corinne Schmidhauser ont renoncé. Cette dernière a entre temps pris la présidence de la fondation «Antidoping Suisse».

Seul à briguer le poste, Urs Lehmann pourra s'appuyer sur sa solide expérience sur les lattes - il a été champion du monde de descente en 1993 - et sur ses qualités de gestionnaire qu'il a eu loisir de renforcer alors qu'il était engagé comme responsable des finances dans une entreprise de logistique.

Suivre le modèle du Bayern Munich

- Il y a deux ans, en collaboration avec Pirmin Zurbriggen, l'expression "modèle du Bayern" avait été utilisée, un centre de compétence exemplaire qui réunit des anciennes gloires comme Franz Beckenbauer, Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeness. Va-t-on dans cette direction?
URS LEHMANN: Oui, tout à fait. Nous sommes sur le bon chemin. Ce projet a plusieurs facettes et comporte également quelques risques. Le modèle du Bayern reste pour moi une histoire à succès, sur des dizaines d'années.

- Avec vous et Pirmin Zurbriggen, le secteur alpin est très représenté. Comment fixez-vous les priorités?
URS LEHMANN: Ma mission est de me préoccuper de tous les groupes. C'est également une promesse que j'ai faite. Les priorités seront fixées de façon à ce que tous les athlètes puissent connaître le succès.

- Vous avez été manager d'athlètes ainsi que commentateur d'épreuves de ski pour Eurosport. Continuerez-vous à exercer ces activités?
URS LEHMANN: Sûrement pas avec la même assiduité que jusqu'à aujourd'hui. Je définirai dans les prochains mois ce qui sera encore possible de faire, tout en séparant clairement mes mandats.