La Streif, bourreau de plusieurs carrières, s'est pourtant longtemps refusée à Beat Feuz. En 2017, une année après avoir terminé une première fois 2e, il avait vu la victoire lui passer sous le nez. Il comptait pourtant une avance de 72 centièmes à la Hausbergkante sur le futur vainqueur Dominik Paris. Mais l'improbable se passa quand Feuz manqua complètement le passage de la Traverse et dut abandonner ses rêves de victoire.
Les trois hivers qui suivirent, Feuz fut à nouveau proche du Graal, mais a terminé trois fois 2e.
Le double apprivoisement
Les vainqueurs se succédaient, Feuz demeurait la constance incarnée. Ces "défaites" ne l'ont pas abattu. Au contraire, elles l'ont renforcé dans sa confiance de pouvoir un jour réaliser son grand rêve.
Ce jour est arrivé il y a deux ans. L'apprivoisement de la rebelle était réussi. Au 11e essai, il a enfin dompté la Streif. Feuz s'est imposé une première fois - et 48 heures après, il a même fêté un doublé. Et la saison dernière, il a ajouté une troisième victoire à Kitzbühel. Trois succès - un triple bonheur pour quelqu'un comme Feuz, qui place des victoires sur la Streif ou au Lauberhorn au-dessus de tout (sportivement).
13 ans après sa première fois sur la Streif, à l'époque son 6e départ dans une descente de la Coupe du monde, le Bernois de 35 ans aura coeur à conquérir une dernière fois cette piste mythique, et ainsi terminer sa carrière en apothéose.
ats/jfk
Faire parler l'expérience
Feuz décrit ses souvenirs de sa "première fois": "J'étais nerveux. On se retrouve au départ et on pense que c'est vraiment raide et difficile. Puis vient la sensation qu'on peut descendre cette piste. Mais quand on voit les premiers coureurs au départ, on n'est plus sûr de rien. On devient peut-être un peu plus pâle du visage." Feuz avait terminé cette première expérience 31e à 2''41 du vainqueur, Didier Cuche, lauréat à 5 reprises dans la Mecque du ski.
Avec environ 35 descentes sur le parcours de la Streif tout au long de sa carrière, Feuz fait partie des plus expérimentés à Kitzbühel. Il lui reste deux opportunités de grossir son palmarès.
Passer plus de temps en famille
Sa décision de mettre fin à sa carrière ces jours est l'expression de sa haute estime qu'il porte à Kitzbühel. Pour Feuz, c'est également un choix dicté par la raison. Il veut en finir avec "la vie à la limite", il n'est plus prêt à vivre le risque comme une passion. L'athlète de Schengnau a le sentiment qu'il a atteint les limites de son corps. Il veut désormais passer plus de temps avec sa famille, sa compagne Katrin Triendl et ses filles Clea et Luisa.