Ammann deviendra-t-il aussi le roi des voleurs?

Double champion olympique, vainqueur du général de la Coupe du
monde et invaincu depuis sept concours, Simon Ammann est face à son
ultime défi de la saison: devenir champion du monde de vol à skis.
A Planica, le St-Gallois tentera dès vendredi d'enlever un des
derniers titres qui manque à son palmarès, histoire de boucler une
saison idyllique.



Le titre suprême en vol à skis s'est pour l'heure toujours refusé
à l'oiseau du Toggenburg, cinquième des Mondiaux en 2002 et
huitième de ceux de 2008. Pire encore, parmi ses 17 succès en Coupe
du monde (9 cette saison), Ammann n'en compte aucun dans la
discipline (cinq fois deuxième et deux fois troisième). Un manque
de réussite qui n'inquiète pas son entraîneur Martin Künzle.
"Si Simon parvient à sauter de manière aussi relâchée qu'à
Whistler et que dernièrement, tout est possible pour lui."

Quelques jours à la maison

Je suis fatigué dans
la tête. Ce n'est pas facile de mettre de l'ordre dans tout ce que
j'ai vécu ces dernières semaines

Simon
Ammann

"Tout", au moment de parler d'Ammann,
désigne clairement la victoire, d'autant plus durant cette saison,
celle de tous les superlatifs. Deux sacres aux Jeux, un "Grand
Chelem" dans la tournée nordique (Lahti, Kuopio, Lillehammer et
Oslo) et une première victoire suisse de l'histoire au général de
la Coupe du monde, il n'a jusque-là manqué au St-Gallois qu'un
succès final dans la Tournée des quatre tremplins (qu'il n'a jamais
encore obtenu) pour véritablement réaliser la saison
parfaite.



Une euphorie qui a toutefois laissé des traces. "Je suis
maintenant fatigué dans la tête, parce que ce n'est pas facile de
mettre de l'ordre dans tout ce que j'ai vécu ces dernières
semaines", concède Ammann, rentré après Oslo se reposer chez
lui. "Ca m'a fait du bien de pouvoir rentrer pour deux ou trois
jours à la maison et y retrouver ma routine."



Mais, bien loin de se sentir vidé et de n'avoir entrepris le
voyage en Slovénie que pour faire de la figuration, l'oiseau du
Toggenburg affiche de réelles ambitions dans ces Mondiaux de vol à
skis. Surtout qu'il a de Planica des souvenirs très positifs.
"C'était le saut de ma vie!", s'était-il en effet écrié
l'an dernier, lors de la dernière épreuve Coupe du monde de
l'exercice, où il avait atterri à 233 m, à six mètres seulement du
"record du monde" établi par le Norvégien Björn Einar Romören en
2005, sur ce même tremplin, le plus grand au monde.

Walter Steiner bientôt plus seul?

Et Ammann de revenir sur ce bond inoubliable. "Ce saut est
pour moi à mettre au même niveau que ceux qui m'ont permis de
décrocher mes médailles olympiques." Le St-Gallois espère
alors pouvoir continuer d'afficher ce relâchement qui fait la
différence depuis plusieurs semaines. Car, s'il y parvient, il
pourrait bien devenir le deuxième Helvète après Walter Steiner
(1972 et 1977) à être sacré dans la discipline. "Pour
l'instant, je ne me rends pas encore compte de ce que cela
représenterait si je réussis là aussi."

AMMANN IMPRESSIONNE
LORS DES QUALIFICATIONS



Simon Ammann a fait forte impression lors des qualifications en
améliorant son record personnel avec un saut à 225,5 mètres. C'est
Bjoern Einar Romoeren qui a réalisé le saut le plus long de la
journée avec 230,5 mètres devant le Saint-Gallois. "Simi" est le
seul à avoir pu rivaliser avec l'actuel détenteur du record du
monde. "Je ne suis jamais arrivé ici en aussi grande
forme!", a prévenu le St-Gallois.



"Le record du monde a une plus grande importance à mes yeux
que la médaille d'or à ce championnat du monde", relatait
d'emblée Simon Ammann qui a assouvi sa faim de métal sur les
tremplins olympiques. Pour l'heure, Romoeren est toujours l'homme à
s'être posé le plus loin avec un envol mesuré à 239 mètres lors
d'un concours de folie le 20 mars 2005.



Cette année, Simon Ammann pourrait donc devenir le premier sauteur
à franchir les 240 mètres. Par le passé, Janne Ahonen avait atteint
cette barre, mais avait chuté à la réception, invalidant son essai.
Lors des qualifications, Simon Ammann a donc fait le "minimum
syndical" en battant tout de même le record de Suisse d'Andreas
Kuettel au passage: "Il y avait encore une belle marge pour
atteindre un saut optimal."



si/ggol