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Lucas Pinheiro Braathen veut faire danser le Cirque Blanc

Après une année d'absence, Lucas Pinheiro Braathen (à droite) portera ses nouvelles couleurs, celles du Brésil, comme il l'indique ici d'un doigt. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Après une année d'absence, Lucas Pinheiro Braathen affiche désormais ses couleurs, celles du Brésil. - [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Un an après avoir quitté le ski alpin, Lucas Pinheiro Braathen fait son grand retour à la compétition ce weekend. Le néo-Brésilien, entouré d’une équipe dévouée à son succès, se fixe des objectifs très ambitieux.

Le scénario est parfait. Le décor est à l’image du skieur excentrique. La conférence de presse se déroule à plus de 3000m dans un cube de verre, sur les sommets de Sölden. La station autrichienne, un lieu symbolique. C’est là où Pinheiro Braathen a remporté la première victoire de sa carrière, là où il y a un an, il annonçait, rempli d’émotions, quitter le ski, usé par les tensions avec la fédération norvégienne et les exigences d’un milieu ultra-normé.

"Toute ma vie, j’ai essayé de faire plaisir aux gens qui m’entourent, et d’entrer dans le moule. J’ai changé mon accent ou mes vêtements. Je me suis perdu en essayant d’être aimé par tout le monde. Il m’a fallu des années pour me rendre compte que ce n’était pas possible", explique-t-il.

Je me suis perdu en essayant d’être aimé par tout le monde. Il m’a fallu des années pour me rendre compte que ce n’était pas possible

Lucas Pinheiro Braathen

Puis de reprendre: "J’ai été guidé par mes idoles d’enfance pour devenir moi-même. Ceux qui ont eu le courage d’être eux-mêmes pour avoir leur propre chemin vers le succès. Le basket ne serait pas le même s’il n’y avait pas eu Denis Rodman. Que dire du football sans Ronaldinho…?" On notera que parmi ses idoles, il ne cite pas Jordan ou Zidane, des athlètes plus policés.

A la veille de la reprise de la saison, celui qui a remporté le globe de slalom en 2023 respire le bonheur. Désormais il représente le Brésil, pays de sa maman. La Fédération brésilienne lui offre la liberté d’être lui-même, d’être libéré des règles et des obligations d’une Fédération nationale comme la Norvège. Lucas Pinheiro Braathen peut gérer sa carrière et ses partenaires comme il le désire. La fédération brésilienne n’a pas d’argent. Ce n’est pas un problème.

Personnalité affirmée et skieur talentueux, Pinheiro Braathen attire de nombreux sponsors. Ces derniers financent entièrement une équipe de trois entraîneurs, un préparateur physique de la renommée de Kurt Kothbauer (ex-préparateur d’Odermatt), une physiothérapeute, un responsable média et un photographe-vidéaste. Voilà le Team Pinheiro! "En tant que père, c’est fantastique de faire partie de cette aventure, parfois folle mais passionnante… ", explique Björn Braathen.

En tant que père, c’est fantastique de faire partie de cette aventure, parfois folle mais passionnante...

Björn Braathen, le papa de Lucas

Le néo-Brésilien est très ambitieux. S’il va s’élancer avec des dossards élevés en début de saison, il ambitionne de revenir rapidement sur le devant de la scène et de lutter avec Marco Odermatt et Loïc Meillard, "mes plus grands rivaux", annonce-t-il. Mais il espère plus. "Je veux transcender le sport", dit-il.

Une phrase que l’on a beaucoup entendue dans la bouche du sprinter Noah Lyles depuis un an. Le Brésilien veut secouer le Cirque Blanc, lui faire danser le rock et la samba. Il espère inspirer de jeunes skieurs à vivre leur passion en étant eux-mêmes, peu importe leur origine. Un discours fort et louable, mais qui n’aura de sens et d’effet que si Pinheiro Braathen joue les premiers rôles sur les skis. "Je ne m’arrêterai que lorsque j’aurai mis le drapeau du Brésil au sommet", clame-t-il.

L’ascension commence dimanche sur le glacier du Rettenbach. "Vamos Dançar!"

John Nicolet, à Sölden

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