Une Malorie Blanc phénoménale et un Marco Odermatt quadruple roi d'Adelboden

Superbe Malorie Blanc! Avec le dossard 46, la Valaisanne a étonné son monde en prenant la 2e place de la descente de Sankt Anton, en Autriche, à seulement 0"07 de Federica Brignone. Pour son deuxième départ en Coupe du monde, le premier en descente, c'est ce qu'on appelle un début tonitruant. Le lendemain lors du super-G, elle a également confirmé tout son potentiel en vitesse en prenant une excellente 9e place.

La performance est d'autant plus remarquable que Malorie Blanc, grand espoir du ski suisse - elle n'a que 21 ans -, avait été freinée dans sa progression par une grave blessure (déchirure des ligaments du genou gauche) en février dernier.

Enfin, cette 2e place a permis de replacer la Romandie sur la carte des courses de vitesse féminines. En effet, elle est la première Romande à accrocher le podium en vitesse depuis... le 3 décembre 2005 et le 2e rang de la Valaisanne Sylviane Berthod à Lake Louise! Le début d'une carrière couronnée de succès?

Marco Odermatt est bien le roi du géant d'Adelboden. Le Nidwaldien y a en effet décroché sa quatrième victoire d'affilée! En première manche, il est pourtant parti très timidement, mais a découpé le mur de la Chuenisbärgli pour ne pas hypothéquer ses chances de victoire finale. Et, sur le second tracé, il s'est montré solide pour signer ce fabuleux quadruplé.

Une quatrième victoire de rang d'ailleurs historique. Marco Odermatt égale en effet la légende suédoise Ingemar Stenmark, vainqueur également à quatre reprises sur la piste bernoise (de 1979 à 1982).

Ce nouveau succès, le troisième d'affilée et de la saison, permet à Marco Odermatt de compter 101 points d'avance sur son plus proche poursuivant au classement de la spécialité, le Norvégien Henrik Kristoffersen, éliminé en deuxième manche. Et dire qu'il avait connu l'élimination lors des deux premiers géants de la saison, à Sölden et Beaver Creek!

Loïc Meillard n'a pas connu une semaine parfaite en slalom. Excellent deuxième du slalom nocturne de Madonna di Campiglio mercredi, le Neuchâtelois a connu la sortie de piste à Adelboden. Pourtant parti pour être très bien placé au terme de la première manche, il a enfourché après 38 secondes de course. Cette erreur coûte au Valaisan, Brillant depuis le début de la saison en slalom - deux fois 2e, deux fois 3e et une fois 5e -, le maillot rouge de leader de la discipline. En tête du classement après l'épreuve de Madonna di Campiglio avec 10 points d'avance sur Henrik Kristoffersen, Loïc Meillard recule au 3e rang avec 50 points de retard sur le Norvégien.

Mais, remis de sa sortie de piste de la veille, le Neuchâtelois a signé deux excellentes manches en géant pour prendre la 2e place derrière l'intouchable Marco Odermatt. En tête après le premier tracé, il ne lui a manqué que 0"20 pour venir contester la suprématie du Nidwaldien, qui a repoussé tous ses concurrents, si ce n'est Meillard, à plus d'une demi-seconde.

Forfait lors du géant d'ouverture à Sölden, 16e à Beaver Creek, 9e à Val d'Isère et 16e à Alta Badia, des résultats bien en deçà des attentes mais expliqués par un dos qui l'empêchait de se lâcher en géant (il s'était blessé à la veille de la reprise de la Coupe du monde), cette 2e place marque-t-elle le début d'une fin de saison de haut vol?

Impossible en début de saison d’imaginer Luca Aerni parmi les 20 meilleurs géantistes de la planète. Pourtant au sortir du weekend d’Adelboden et d’une solide 7^e place sur le mythique Chuenisbärgli, le Valaisan d’origine bernoise s’impose comme le 4^e géantiste du pays, derrière Odermatt, Meillard et Tumler.

Le skieur de 31 ans est récompensé pour sa persévérance… Car tout ne s’est pas passé comme prévu dans la carrière de Luca Aerni. C’est lui qui avait ouvert la voie du succès des slalomeurs de Matteo Joris, en terminant 2e à Madonna di Campiglio en 2017. Yule et Zenhaüsern ont ensuite enchaîné les podiums mais pour Aerni, la suite de l’histoire ne s’est pas écrite comme espérée.

Parfois gêné par des douleurs dorsales, le champion du monde du combiné 2017 a connu des saisons difficiles retombant au 50^e rang mondial en 2020. Depuis quelques hivers, il navigue autour de la 20^e place mondiale en slalom, butant sur un plafond de verre. Un plafond qu’il est en train de briser d’une manière inattendue, grâce au géant. 

Loïc Meillard est décidément l'arbre qui cache la forêt des performances de l'équipe de Suisse de slalom. A Madonna di Campiglio, le Neuchâtelois était le seul à avoir réussi à accrocher le top-10 après la première manche. Les autres Suisses? Daniel Yule 18e à 1"64 de la tête, Tanguy Nef 19e à 1"67 et Noel von Grünigen 20e à 1"71. Certes, Yule a réalisé un très beau second tracé - troisième temps -, à la hauteur de ses standards habituels, pour prendre la 7e place, mais le top-5 semble être hors de portée pour les slalomeurs suisses... à l'exception de Loïc Meillard.

Le slalom d'Adelboden a d'ailleurs confirmé cette impression. Loïc Meillard éliminé en première manche, seul Daniel Yule avait accroché le top-10 au terme du premier tracé (10e), à 1"38 du leader. Les autres Suisses étaient déjà bien loin, tous relégués à plus de deux secondes: Tanguy Nef 20e à 2"28, Luca Aerni 22e à 2"39 et Marc Rochat 23e à 2"44. Et le second tracé a certes vu Tanguy Nef reprendre douze places pour se classer à un bon 8e rang et Marc Rochat treize places pour s'offrir un top-10 (10e), mais il semble bien qu'aucun Suisse, si ce n'est Loïc Meillard, ne puisse jouer la gagne en slalom cette saison.

Néanmoins, la bonne deuxième manche à Madonna di Campiglio de Daniel Yule et le bon second tracé de Tanguy Nef et Marc Rochat à Adelboden, pour tous trois signer un top-10, laissent espérer une montée en puissance au fur et à mesure des slaloms. Mention spéciale à Rochat. Le Vaudois, éliminé en première manche lors des quatre premiers slaloms de la saison et non-qualifié pour le second tracé à Madonna di Campiglio (44e à 0"62 de la trentième place), a plus que réagi, avec notamment le deuxième temps de la seconde manche. Un déclic pour les prochains slaloms?

Quid en revanche de Ramon Zenhäusern? Seulement 20e lors du premier slalom de la saison à Levi et 30e lors du slalom suivant à Gurgl, il vit depuis un véritable cauchemar sur le front de la Coupe du monde. Non-qualifié pour la seconde manche à Val d'Isère (37e à 0"59 de la trentième place), à Alta Badia (36e à 0"35 du dernier rang qualificatif) et à Madonna di Campiglio (33e à 0"11 de la qualification), il a connu l'élimination en première manche à Adelboden. Outre cette nouvelle déconvenue, c'est son ski qui pose question. Le Valaisan ne semble pas être en mesure de jouer ne serait-ce, que le top-30. A Adelboden, avant sa sortie de piste, il avait réalisé le 35e temps du premier secteur et le... 63e du deuxième.

Il faudra bien compter sur Lindsey Vonn cette saison dans les disciplines de vitesse. Revenue à la compétition lors du super-G de Saint-Moritz qu'elle a fini au 14e rang, l'Américaine a brillé de mille feux à Sankt Anton. Elle s'est en effet classée 6e de la descente puis 4e du super-G le lendemain. De retour après une retraite qui aura duré plus de 5 ans, Lindsey Vonn, 40 ans, impressionne pour son retour.

L'Américaine, qui compte 82 succès en Coupe du monde, a le ski pour remonter sur un podium ou même jouer la gagne. Réponse dès le week-end prochain à Cortina, où une descente aura lieu le 18 janvier et un super-G le 19 janvier.

Quarante-cinq ans que la Bulgarie attendait un successeur à Peter Popangelov, victorieux du slalom de Lenggries en Allemagne en 1980. Albert Popov a écrit une page de l'histoire de son pays à Madonna di Campiglio ce 8 janvier en enlevant le slalom nocturne italien après une seconde manche parfaite.

Pourtant, après la première manche, personne ne pensait que Popov allait être le deuxième Bulgare vainqueur en Coupe du monde, puisqu'il était "seulement" 8e après le premier tracé et relégué à 1"08 du Norvégien Atle Lie McGrath. Difficile donc d'imaginer le skieur de 164 cm - le plus petit gabarit de la Coupe du monde masculine - aller chercher la victoire. Mais, au terme d'une seconde manche parfaite, dont il a signé le meilleur temps, il est allé chercher l'éternité.

Une surprise? Non, Albert Popov fait partie du top-30 mondial en slalom depuis 2019 et avait déjà décroché un podium en Coupe du monde (3e). C'était à Palisades Tahoe, en mars 2023.