Simon Ammann a mis plusieurs mois à émerger du nirvana dans lequel son doublé olympique de Vancouver en février l'avait plongé, avant qu'un déclic se produise soudain il y a dix jours. Aujourd'hui, la St-Gallois a retrouvé toute sa motivation et se voit bien continuer encore plusieurs saisons... ou arrêter après l'hiver prochain.
"Tout est ouvert concernant la suite de ma carrière, et j'ai besoin qu'il en soit ainsi", a relevé le quadruple champion olympique lors d'un point de presse au pied du tremplin d'Einsiedeln (SZ), où se tiendra dimanche la 3e étape du Grand Prix d'été.
"Il se peut que j'aie une saison fantastique l'hiver prochain, et que je me dise ensuite 'ok, c'est fini'. Ou à l'inverse, que je sois motivé à continuer encore un, deux, trois ou quatre ans. C'est vraiment du 50-50. Tout peut aller très vite dans ce sport."
Un tourbillon difficile à gérer
Ammann, 29 ans, semble avoir retrouvé toute sa concentration et son appétit, mais l'après-Vancouver n'a pas été facile à "gérer". Les sollicitions, les émotions nées de son double sacre et d'un hiver quasi parfait (victoire aussi au général de la Coupe du monde) l'ont placé dans une sorte de tourbillon dont il n'émerge que progressivement.
"La phase de 'digestion' devrait durer jusqu'à l'automne, mais un tournant s'est produit le 1er août. J'ai pu me libérer de certaines choses", souligne le champion. Pourquoi le 1er août? Il n'en a aucune idée, mais quelque chose s'est passé ce jour-là.
Entre-temps, Ammann a renoué avec la compétition par une 6e place à l'étape d'ouverture du GP d'été dimanche à Hinterzarten (All), et il aborde le concours d'Einsiedeln avec envie, sachant bien que celui qui gagne la Tournée d'été est souvent aussi celui qui remporte le général de la Coupe du monde l'hiver suivant (à l'instar d'Ammann la saison passée).
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La science au service des sauteurs
La science s'immisce de plus en plus dans le monde du saut. En engageant cet été Fabian Ammann, ingénieur en biomécanique diplômé de l'EPFZ, chercheur reconnu mais néophyte en matière de ski nordique, Swiss-Ski participe à l'escalade technologique, inévitable selon ses responsables.
"Les sauteurs sont toujours plus proches les uns des autres. Il faut donc investir pour faire la différence là où c'est possible, sous peine d'être largué", a expliqué le chef du saut à Swiss-Ski Bernhard Schödler en marge d'un point de presse à Einsiedeln. Autrement dit, engager plus de moyens dans le suivi scientifique et technique, le matériel.
Fabian Ammann remplace l'Autrichien Gerhard Hofer, débauché par les Finlandais. Hofer était un responsable du matériel au sens classique, chargé du fartage, des skis. Les tâches de Fabian Ammann (31 ans) iront bien au-delà. "Nous recevons des tonnes de données techniques, notamment sur les résultats des tests en soufflerie, que nous sommes souvent incapables d'interpréter. Fabian Ammann doit nous permettre de les déchiffrer. Le fartage, ça peut s'apprendre sur le terrain, mais pas le savoir-faire scientifique."
L'hiver dernier, les Suisses avaient suscité la curiosité, et parfois la polémique, avec leurs fixations à tige courbe. Quelle est la prochaine évolution? "Il y a sans cesse de nouveaux développements, la course à l'armement s'accélère", confirme Schödler.