Ammann, tout pour la Tournée, mais petite forme actuelle

S'il veut briller cette saison en Coupe du monde, Simon Ammann devra faire mentir la tendance voulant qu'il faut être fort l'été pour gagner l'hiver. Décompression post-olympique, mal de dos: le St-Gallois a connu des mois difficiles et aborde la saison avec une pointe d'incertitude.

"Je n'ai pas fait assez de bons sauts durant l'été. D'ailleurs, j'ai moins sauté que les années précédentes", reconnaît le quadruple champion olympique et détenteur de la Coupe du monde, qui a commencé sa préparation avec deux mois de retard.

Alors que la Coupe du monde débute ce week-end à Kuusamo (Fin), il faudrait un petit miracle pour qu'il soit d'emblée très compétitif. D'ailleurs, ces cinq dernières saisons, la Coupe du monde a toujours été remportée par le sauteur qui avait gagné le Grand Prix d'été quelques mois plus tôt: Jakub Janda en 2005/06, Adam Malysz en 2006/07, Thomas Morgenstern en 2007/08, Gregor Schlierenzauer en 2008/09 et Ammann en 2009/10.

Le St-Gallois, cet été, n'a disputé que trois concours sur neuf, avec un 6e rang comme meilleur résultat. "Il lui a manqué la constance", souffle l'entraîneur Martin Künzle.

Une vertèbre "baladeuse" occasionnant des douleurs dans le bas du dos au point de l'empêcher parfois de pouvoir attacher ses chaussures ont plombé sa préparation. Un certain manque de discipline aussi, car l'homme a d'abord dû digérer ses succès.

Tout pour la Tournée

Mais il n'y a pas urgence: pour Ammann, le point fort n'est pas le général de la Coupe du monde mais la Tournée des Quatre-Tremplins dans un mois, le seul trophée manquant à son palmarès. Il visera bien sûr aussi l'excellence aux Mondiaux d'Oslo à fin février, avec une mission supplémentaire: être un vrai capitaine d'équipe. L'objectif affiché de Swiss-Ski est en effet d'aligner un quatuor compétitif pour le concours par équipes, visant le top-6. Pour cela, il faudra qu'Andreas Küttel ait remis de l'ordre dans ses idées et que les jeunes s'affirment.

Küttel, champion du monde en 2009, n'a pas fini une seule fois dans les 10 premiers la saison passée. "Je n'arrivais pas à me libérer. Un blocage dans la tête", dit-il. Le Schwtyzois tente un nouveau départ en travaillant directement avec Bernhard Schödler, le chef de discipline mais aussi son ancien coach, et non pas avec l'entraîneur attitré Martin Künzle.

Le Vaudois Rémi Français (21 ans) a gagné le droit d'accompagner les deux stars à Kuusamo pour l'ouverture. Il essaiera d'y franchir les qualifications, comme l'an dernier. Le quatrième homme en Finlande est le Grison de 19 ans Marco Grigoli. Pascal Egloff et Andrian Schuler font partie des autres jeunes Suisses capable de grimper les échelons, mais le chemin est encore long.

La bataille pour les premières places cet hiver semble plus ouverte que d'habitude. Gregor Schlierenzauer (Aut) et Ammann, les deux derniers lauréats de la Coupe du monde, voient se dresser sur leur route les Finlandais Janne Ahonen et Harri Olli, le Norvégien Tom Hilde, les Polonais avec Adam Malysz et les Japonais avec Daiki Ito, les Allemands et bien sûr l'escouade autrichienne avec encore Wolfgang Loitzl, Andreas Kofler ou Thomas Morgenstern.

Ammann, de la lumière au brouillard

Même s'il a conquis en 2010 deux médailles d'or olympiques, le globe de no1 mondial et un titre planétaire, Simon Ammann ne sait pas trop où il en est avant la nouvelle saison qui s'ouvre samedi à Kuusamo, en Finlande. L'intersaison a été chargée pour "Simi": il s'est marié et est devenu en Suisse l'égal ou presque de Roger Federer. Le quadruple champion olympique est ainsi devenu le visage - souriant bien sûr, comme il est en compétition - d'une compagnie d'assurance, d'une banque et d'un voyagiste.

Comme en 2002 après son doublé à Salt Lake City, comme beaucoup d'autres avant lui, Ammann (29 ans), a aussi eu l'impression d'"être tombé dans un trou" après les JO. La motivation est revenue, mais des pépins physiques (douleurs au dos) ont perturbé sa préparation estivale et les changements dans le règlement (diminution de la longueur des skis) l'incitent à la plus grande prudence. "Il ne faudra pas comparer mes résultats avec ceux de l'an dernier (...) Les premières compétitions doivent me servir à trouver les bons réglages et la constance", a-t-il prévenu dans la presse helvétique.

Ammann sera surtout attendu au tournant de l'année lors de la prestigieuse Tournée des Quatre-Tremplins, le seul titre qui manque encore à son palmarès. "Je ne peux pas cacher que gagner la Tournée aurait une sacrée signification pour moi", a-t-il admis alors qu'il s'était classé 5e en 2010. Un succès pourrait peut-être même l'inciter à prendre sa retraite, d'autant qu'il bouclerait le mois suivant la boucle lors des Mondiaux d'Oslo, là où il avait signé en 2002 son premier succès en Coupe du monde. "Peut-être que j'arrêterais en fin d'année", a-t-il ainsi déclaré au quotidien "Blick".

agences/dbu