Myhrer coiffe tout le monde au poteau

Tout le monde s'attendait en effet à un ultime duel entre les deux meilleurs slalomeurs de l'hiver, Ivica Kostelic et Marcel Hirscher. Mais il n'y a même pas eu de match. Dès la première manche, le Croate est parti à la faute sur la quatrième porte, tandis que l'Autrichien a enfourché à la mi-parcours.

"Je devais prendre des risques", s'est justifié Kostelic. "Mon corps n'est pas en très bon état (réd: opération du ménisque mi-février). Pour être compétitif, je dois plus attaquer que d'habitude", a-t-il expliqué.

Quant à Hirscher, il avait encore la tête à son triomphe de samedi, lorsqu'il s'était adjugé le globe du géant et, surtout, celui du général. "Je n'avais plus d'énergie. Mon duel avec Beat Feuz pour le grand globe a usé toutes mes forces", a reconnu le meilleur skieur de l'hiver.

Avec l'élimination de Hirscher, couplée à une cascade d'autres sorties de piste, on peut se demander si Feuz n'aurait pas dû tenter sa chance lors de ce slalom. Le Bernois aurait dû terminer au 10e rang pour dépasser Hirscher. Or seuls 14 coureurs ont marqué des points dimanche...

19 ans après Fogdoe

Les mésaventures de Kostelic et Hirscher ont favorisé les desseins d'un troisième homme, Andre Myhrer. A 66 points de Kostelic avant ce dernier slalom, le Suédois devait terminer au minimum 2e pour rafler le globe. Une mission remplie avec brio par le coureur de Bergsjö, qui s'est imposé pour la deuxième fois de la saison, la quatrième fois de sa carrière.

Aux anges dans l'aire d'arrivée, Myhrer s'est amusé à imiter les deux plus célèbres retraités de l'hiver, Didier Cuche (lancer du ski) et Anja Pärson (plongeon sur le ventre). "J'ai vécu un scénario totalement incroyable. Je n'avais qu'une petite chance de l'emporter et j'ai pu la saisir. Je vais mettre du temps à réaliser", a-t-il commenté.

Certes moins flamboyant que Kostelic et Hirscher, Myhrer mérite ce globe pour sa régularité. Le Suédois gagne peu souvent, mais sa constance est remarquable. Lors de ses 15 derniers slaloms, il n'a jamais quitté le top 10, hormis deux éliminations.

A 29 ans, Myhrer s'est adjugé un globe que les Suédois attendaient depuis 1993 et le sacre de Thomas Fogdoe, déjà en slalom. Si les trophées sont nombreux chez les filles grâce à Anja Pärson, ils sont rares chez les messieurs. Outre Myhrer et Fogdoe, seuls Stig Strand et le légendaire Ingemar Stenmark ont soulevé un globe dans leur carrière.

La Suisse n'est plus que la 3e nation

La Suisse a perdu un rang au classement de la Coupe du monde par nations. Derrière l'indéboulonnable Autriche, les skieurs helvétiques ont été devancés cet hiver par l'Italie.

La Suisse n'avait plus été si mal classée depuis l'hiver 2005/2006, lorsqu'elle avait échoué au 5e rang. Depuis, elle avait toujours terminé à la 2e place.

Ce recul s'explique notamment par les nombreuses blessées dans l'équipe féminine. Des leaders comme Dominique Gisin et Fabienne Suter ont manqué deux mois de compétition. La mauvaise saison d'une Lara Gut ou d'un Carlo Janka ont également plombé l'équipe de Suisse, qui fut aussi longtemps menacée par ses poursuivants américains et français.

Outre une question de prestige, cette régression du 2e au 3e rang a des conséquences financières pour Swiss-Ski. La Fédération va perdre des bonus de la part de ses sponsors, estimés à 250'000 francs.

si/fayet