Le départ de Cuche - garant de 1000 points par hiver (982 en 2011/12) - était prévu. Le forfait de Feuz (1330) l'était beaucoup moins. A eux deux, le Neuchâtelois et le Bernois avaient comptabilisé 2312 unités la saison passée, sur un total de... 4412 pour les Helvètes!
Difficile donc d'imaginer Swiss-Ski, où Didier Défago apparaît désormais bien seul, finir encore dans le top-3 par nations. A moins, bien sûr, que Carlo Janka...
Pas un seul podium pour Janka l'hiver dernier!
Car les hivers se suivent et pourraient se ressembler du côté de Janka. Gêné par des soucis physiques la saison dernière, le Grison de 26 ans n'a pas signé un seul podium. Pis, le vainqueur de la Coupe du monde 2009/10 a terminé seulement 24e du classement général!
Quelques mois plus tard, les soucis ne sont plus tout à fait les mêmes pour le coureur d'Obersaxen, apparemment enfin débarrassé de ses maudits maux de dos. "La nouvelle thérapie, manuelle, entamée après les finales de Lenzerheide, a fait effet. Pourvu que ça continue", dit-il.
Non, aujourd'hui, Carlo Janka se bat un peu - comme en fin d'hiver passé - avec des soucis de matériel. Ou plus précisément de chaussures. Le "problème" a vu le jour cet été, lors du camp d'entraînement sur les neiges d'Argentine. "Nous avions prévu de skier à Ushuaïa avec la nouvelle chaussure, et n'avions d'ailleurs pris que celle-là", nous a raconté "Janks" avant les épreuves de Sölden. "Or, cela n'a pas fonctionné du tout".
"Un ski moins stable sur la neige, moins tranquille"
"Le ski était moins tranquille, moins stable sur la neige", a détaillé un Janka dont la confiance a peu à peu dévalé la pente. Sans s'arrêter. "Comme nous n'avions pas d'autres chaussures - les marques ne sont pas tellement d'accord qu'on utilise des vieilles -, nous avons pris énormément de retard à essayer de trouver une solution". En vain, en l'état actuel.
Et, quelques semaines plus tard, on y est. La Coupe du monde va prendre son envol ce week-end à Lake Louise, là même où Janka avait signé trois podiums ces quatre dernières années. Or, il aborde désormais la tournée américaine avec un déficit de jours d'entraînement sur neige, de confiance et un problème de matériel visiblement pas encore réglé!
"Ce n'est évidemment pas la meilleure des situations", confie le médaillé d'or du géant olympique 2010. "Mais il ne sert à rien de trop ruminer et de perdre trop d'énergie là-dessus".
Le Grison, que le talent promettait à une razzia sur le Cirque blanc après sa brillante saison 2009/10, en est donc réduit aujourd'hui à ne pas se fixer d'objectif pour cet hiver... "Lançons déjà véritablement la saison, et on verra bien comment ça va se passer", disait-il à Sölden, où, insulte à son talent et son potentiel, il n'est même pas parvenu à se qualifier pour la deuxième manche.
"Il faudra que je me contente de peu en géant", disait-il en Autriche
Janka a des vagues à l'âme. "C'est comme ça, il faudra que je me contente de peu en géant...". Mais, selon ses dires, "cela devrait être mieux en super-G et en descente", disciplines justement au menu de Lake Louise. "Mais j'ai tellement de retard à combler depuis Ushuaïa...".
Janka sait que les Mondiaux de Schladming pointent à l'horizon, qu'ils seront le "highlight de l'hiver". Il préfère ne pas y penser. "Les buts, ils viendront d'eux-mêmes, je pense...".
Carlo Janka aura-t-il pu profiter de la "pause" après Sölden pour combler une partie de ce retard, et trouver enfin cette recette miracle? On l'espère. Mais force est de constater qu'il souffre de "l'absence" de Daniel Albrecht, qui lui servait de parfait "metteur au point" au sein de la même marque. Le Haut-Valaisan, qui peine à retrouver les devants de la scène depuis son terrible accident à Kitzbühel en janvier 2009, avait changé de marque à son retour sur le Circuit.
Orpheline de Cuche, l'équipe de Suisse aurait bien besoin d'un nouveau leader. La voie était, en son temps, toute tracée pour Carlo Janka. Elle restera vide un certain temps. "Il y a des candidats au poste de team leader, j'en suis persuadé", se défile "Janks". Il faudra vraiment que ceux-ci sortent du bois, dans une saison qui s'annonce extrêmement compliquée, du côté des messieurs en tout cas...
Par Daniel Burkhalter