RTSsport.ch:
L'équipe de Suisse est-elle encore crainte par les autres nations?
PATRICE MORISOD: Elle n'est en tout cas plus favorite. Comme équipe, ce serait étonnant qu'elle parvienne à classer plusieurs des siens devant. Mais soyons prudents. La Suisse compte des Défago, des Janka (ndlr: 3e du super-combiné vendredi), des Kueng qui ont déjà gagnéou sont déjà montés sur des podiums.
RTSsport.ch: Comment expliquez-vous ce naufrage collectif?
PATRICE MORISOD: Le retrait de Didier Cuche et la blessure de Beat Feuz ont compliqué encore un peu plus les choses. Le principal problème est que la Suisse s'entraîne en petits groupes et du coup les coureurs manquent de repères, de points de comparaisons. Cette saison a de plus coïncidé avec le changement de tout le matériel de géant, super-g et de descente. En s'entraînant en petits groupes, c'est très difficile de savoir si les skis testés sont rapides.
"Un athlète croit toujours au miracle"
RTSsport.ch: Ce matériel (ndlr: skis plus longs et moins taillés pour diminuer les risques de blessures), tout le monde a dû en changer. Est-ce une bonne excuse?
PATRICE MORISOD:
C'est sans conteste une très bonne excuse. Dans mon équipe, je dispose de 10 à 12 skieurs dont plusieurs sont sur la même marque de skis. Nous avons trié environ 200 paires de skis avant de trouver les bons. La Suisse compte, elle, 2 ou 3 coureurs par groupes. Et en plus chaque membre chausse des skis différents. Dans ces conditions c'est très difficile de trouver de bons skis et de savoir où on en est.
RTSsport.ch: Quand les résultats ne viennent pas, les coureurs ont-ils déjà le regard tourné vers la saison suivante?
PATRICE MORISOD: Non, un athlète croit toujours au miracle. On a vu Didier Défago à la rue et le lendemain gagner. Avec Wengen, Kitzbuehel et les Championnats du monde, c'est là qu'il faut être présent. La Suisse a encore beaucoup de choses à sauver mais au niveau de l'équipe, je pense que ce sera très difficile d'arriver à obtenir de très bons résultats.
"C'est un peu tard pour réagir"
RTSsport.ch: Comment l'équipe de Suisse doit-elle procéder pour sortir de la spirale négative?
PATRICE MORISOD: Là c'est un peu tard pour réagir. L'essentiel du travail s'effectue en été, en automne et au début de l'hiver. Il s'agit maintenant de bien réfléchir aux fautes qui ont été commises et puis chercher à les régler après les Championnats du monde.
Là, les coureurs ont besoin d'un peu de calme et doivent essayer de tirer le meilleur de ce qu'ils savent faire. Je ne serais pas étonné de voir un Didier Défago sur le podium à Wengen, Kitzbuehel ou lors des Championnats du monde de Schladming.
"Qui connaît le directeur du sport de compétition de Swiss-Ski?"
RTSsport.ch: On a le sentiment qu'il manque un leader dans les bureaux de Swiss-Ski. Qu'en pensez-vous?
PATRICE MORISOD:
Qui connaît le directeur du sport de compétition (ndlr: Dirk Beisel)? Pratiquement personne. Il manque une grande personnalité dans cette fonction... Il y a de grosses lacunes au niveau de la communication. Je pense qu'il va sûrement se passer quelque chose parce que Swiss-Ski ne peut pas continuer comme ça. Elle doit trouver une personnalité pour que l'équipe reste soudée et qu'elle soit en confiance.
RTSsport.ch: Mais encore?
PATRICE MORISOD: J'ai aussi connu avec Swiss-Ski des moments qui n'ont pas été faciles. Je me souviens des Mondiaux de Bormio en 2005. Nous avions été fortement critiqués car nous n'avions ramené aucune médaille. Le chef alpin de l'époque, Gian Gilli, avait réussi à nous aider, à nous protéger et à nous soutenir!
Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui. Les entraîneurs suisses sont envoyés en pâture. Les entraîneurs sont bons mais la direction de Swiss-ski montre des lacunes.
Wengen, Miguel Bao
Wengen, le programme
Samedi: descente (12h30)
Dimanche: slalom (10h15/13h15)