Un Ted Ligety géant s'offre l'or du super-G

L'exemple de Lara Gut n'a pas suffi. Au lendemain de la médaille d'argent de la Tessinoise, les skieurs suisses ont été largement battus en super-G aux Mondiaux de Schladming. Aucun coureur helvétique n'est parvenu à intégrer le top 15. Silvan Zurbriggen s'était certes classé au 11e rang, mais il a ensuite été disqualifié en raison d'une fixation trop haute. Symptomatique d'une équipe de Suisse masculine où même les préparateurs de skis commettent des bourdes...

Il a donc fallu remonter à la 18e place pour retrouver le premier Suisse, Patrick Küng. "J'ai bien débuté, mais j'ai ensuite perdu le rythme. Ce super-G était très exigeant et je me suis montré beaucoup trop passif", a estimé le Glaronais.

De leur côté, Carlo Janka (25e) et Didier Défago (26e) n'ont pas davantage sauvé l'honneur helvétique. Totalement dépassés, le Grison et le Valaisan s'en sont remis aux conditions de course pour trouver une explication à leur déconvenue. Janka a fait état d'une "mauvaise visibilité" qui l'a empêché d'attaquer, tandis que Défago a mis en avant un dossard peu favorable (le no 29) et "une neige pourrie qui a 'cassé' rapidement".

"C'est irréel de m'imposer en super-G"

Ted Ligety a lui aussi relevé que cette épreuve s'était disputée dans des conditions difficiles. Mais à la grande différence des Suisses, l'Américain a assez confiance en ses capacités pour ne pas s'en formaliser. "Ce sont des Mondiaux et je n'avais pas d'autres choix que de prendre tous les risques", a-t-il relevé.

Lors d'un super-G très tournant, qui a désarmé les purs descendeurs, l'Américain a laissé parler ses qualités de géantiste. "Quand j'ai vu qu'il n'y avait pas de secteur de glisse, je me suis dit que j'avais une chance", a-t-il noté. "Je n'aurais toutefois jamais imaginé que cela suffirait pour gagner. C'est irréel de m'imposer en super-G", a-t-il reconnu après sa première victoire dans la discipline.

Le coureur de Park City s'est imposé avec 20 centièmes d'avance sur la première grosse surprise de ces Mondiaux, le Français Gauthier de Tessières. Lui aussi spécialiste de géant, le skieur de l'Alpe d'Huez a décroché une médaille qui tient du miracle. Il n'a été appelé que lundi pour participer à ce super-G pour pallier le forfait sur blessure de son compatriote Johan Clarey. "Mes entraîneurs et notamment Patrice Morisod (réd: son coach valaisan) m'ont répété pendant trois jours que c'était le destin. Ils m'ont raconté plusieurs histoires de sportifs qualifiés au dernier moment et qui ont cassé la baraque. J'ai fini par les croire et à accumuler une incroyable énergie positive", a expliqué le vétéran de 31 ans.

La 10e médaille de Svindal

Grand favori de cette course, Aksel Lund Svindal a complété le podium. En tête lors des premiers temps intermédiaires, le Norvégien a tout perdu en négociant mal une trajectoire en fin de parcours, échouant à 22 centièmes du titre. Il se consolera toutefois avec sa dixième médaille lors d'un rendez-vous majeur (7 aux Mondiaux, 3 aux JO). Interrogé sur sa recette pour collecter tant de médailles, Svindal a mis en avant ses qualités de skieur polyvalent. "Contrairement aux spécialistes, qui doivent tout miser sur une seule discipline, je sais que je bénéficie de plusieurs opportunités durant les Mondiaux. Cela me permet d'être plus relax et d'attaquer sans arrière-pensées", a-t-il expliqué.

Après ce super-G inaugural, les messieurs vont s'attaquer à la descente des Mondiaux. Deux entraînements sont prévus cette fin de semaine avant le grand rendez-vous de samedi. D'ici là, les Suisses n'ont plus qu'une solution: s'inspirer des Ligety, de Tessières et autres Svindal pour oser (enfin) se lâcher et prendre tous les risques. Reste à savoir s'ils en sont capables.