"Sölden, c'est le folklore"

Les athlètes sont ravis de se retrouver enfin, certains affichant même, malgré une préparation estivale entamée pourtant depuis belle lurette sur les skis, de teints plutôt bronzés.

C'est notamment le cas de nos deux fers de lance Lara Gut et Dominique Gisin, épanouies et heureuses d'en découdre enfin en Coupe du monde. Même si...

RTSsport.ch:Lara Gut, Sölden marque le coup d'envoi de la saison. Est-ce d'autant plus spécial cette fois-ci, avec votre 1er véritable "hiver olympique".

LARA GUT: En fait, j'ai déjà connu ça en 2009. Mais je me suis alors blessé (réd: luxation de la hanche). Mais non, ça ne change rien. Ce sera différent quand je serai aux Jeux, pas avant.

"Sochi, je ne sais pas encore si je vais y aller"

RTSsport.ch:Mais est-ce qu'on prépare sa saison différemment en pensant aux JO, pour arriver en forme à ce moment-là?

LARA GUT: J'ai participé à 3 Mondiaux et j'ai gagné à chaque fois une médaille. Bon, à Garmisch, je finis 2x 4e. C'est presque comme une médaille! Et ça sans préparation particulière. J'ai eu l'impression de pouvoir livrer le meilleur de moi-même aux Championnats du monde. Ce sera donc la même chose aux Jeux olympiques... si je me qualifie. Car c'est ça, il faut d'abord se qualifier, et donc aller vite avant lors des courses, et donc se préparer normalement. Sochi, je ne sais pas encore si je vais y aller...

RTSsport.ch:Et là, comment vous sentez-vous? Sölden, c'est véritablement le lever de rideau sur la saison? Ou juste l'occasion de faire le point sur soi-même?

LARA GUT: Non, Sölden, c'est surtout le folklore, avec beaucoup de monde qui vient faire la fête. Pour nous, les athlètes, c'est en Amérique du nord que commence vraiment la saison. Là, on a juste une course puis une pause d'un mois. On pourrait aussi la faire en septembre et se revoir 2 mois après... C'est bien de commencer une fois, mais c'est bizarre.

RTSsport.ch:Mais vous pouvez voir où vous en êtes par rapport aux autres, non?

LARA GUT: Non, même pas car il y a des skieurs qui sont déjà en forme, d'autres qui sont juste là parce qu'ils veulent être là malgré une douleur à un genou, etc. Mais voilà, un jour ou l'autre, il faut bien que les courses commencent! L'avantage, c'est qu'après une préparation sur les glaciers, on commence par une course sur un glacier.

RTSsport.ch:

Mais d'une année à l'autre à Sölden, avez-vous des points de repère, par rapport à votre niveau, vos sensations sur les skis, etc.?

"Tu t'améliores mais tes résultats ne seront pas forcément meilleurs"

LARA GUT: C'est toujours difficile. L'entraînement c'est une chose, les courses une autre. On peut s'entraîner tout l'été avec certaines filles et avoir l'impression que tout va bien puis, l'hiver, c'est tout le contraire. Pareil avec des filles d'autres nations. Tu peux avoir l'impression qu'elles ont de la peine, puis elles deviennent championnes du monde!

Chaque hiver est différent. Tu t'améliores, et tu le remarques car tu as plus bossé, mais tes résultats ne seront pas forcément meilleurs.

RTSsport.ch:Vous n'avez que 22 ans, mais c'est la 5e fois que vous participez à cette course d'ouverture de Sölden. Vous l'abordez différemment?

LARA GUT: Au début, c'est toute la pression extérieure qui est difficile à gérer, qui "te bouffe de l'énergie". Tout le monde veut quelque chose de toi. Après il y a encore la cérémonie des dossards. Et c'est seulement à la fin de tout ça que tu te rappelles qu'il y a encore une course à disputer.

Maintenant, je suis beaucoup plus relax par rapport à tout cet environnement, et je sais juste que j'ai 2 manches à skier comme je l'ai fait à l'entraînement jusqu'à mercredi. Je perds ainsi moins d'énergie en route.

RTSsport.ch:On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de l'éviction d'un coach de votre cellule privée (l'Italien Luca Agazzi). Est-ce une pièce du puzzle à remplacer, ou parvenez-vous à fonctionner avec une personne en moins?

LARA GUT: Je ne dirais pas que c'était le meilleur moment pour le faire, mais on a préféré intervenir assez tôt. Un petit problème devient toujours un grand problème. Le remplacer? Non, pas forcément. Vous savez, avant j'avais un entraîneur et Swiss-Ski contre moi. Aujourd'hui, j'ai toujours un coach, mais Swiss-Ski avec moi! Même si j'aime avoir un coach rien que pour moi, je peux aujourd'hui bien bosser avec les autres filles.

RTSsport.ch:Vous avez bouclé la saison passée avec un podium en géant à Lenzerheide (ce qui lui garantit un départ parmi le top-7 de la discipline). Ca donne des ailes pour l'hiver qui s'annonce?

LARA GUT: C'est évidemment bon pour la confiance, mais rien ne dit que vous commencerez l'hiver comme vous avez fini le dernier... Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir encore progressé - en même temps ce serait un réel problème si ce n'était pas le cas, non? (rires) -, mais je ne sais pas où en sont les autres. Ont-elles progressé autant que moi ou davantage? On aura peut-être une réponse samedi...

Sölden, Daniel Burkhalter

@DaniBurkhalter